07. Et maintenant ?

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20:46 - The Gherkin, Londres

En quittant le jardin et en retournant dans la salle de réception après notre dispute, j'étais tiraillé entre la colère, la tristesse et la frustration que notre discussion ait été interrompu.

Putain c'est qui celui-là.

Je sais que je n'aurais pas dû me laisser emporter comme ça, mais c'était comme si une porte s'ouvrait enfin, me donnant la chance de laisser échapper ma peine et mon chagrin.

Ses yeux brillaient de larmes mais c'était comme si toutes les émotions que j'avais réprimées pendant des mois explosaient enfin à la surface.

Et pourtant, en avançant dans la foule, je réalisais que me libérer de ce poids ne m'apportait pas un soulagement, mais que cela avait seulement creusé une nouvelle blessure, plus douloureuse que jamais.

Sa tristesse ne faisait qu'intensifier ma colère.

Les visages joyeux autour de moi semblaient étranges, leur bonheur contrastant brutalement avec ma douleur et ma tristesse.

J'avais juste envie de prendre l'air, fuir loin de tout ça.

Lorsque je suis sorti à l'extérieur pour me rendre à ma voiture, j'ai été surpris d'apercevoir la voiture d'Amiah stationné. Soudainement, une vague d'hésitation me submergeait.

Était-ce vraiment une bonne idée de l'attendre ?

Chaque voix dans ma tête m'avertissait de faire demi-tour, mais j'ai combattu mes doutes. La vérité, c'est que je savais au fond de moi qu'il y avait quelque chose d'inachevé, même si cela signifiait me replonger dans cette douleur.

(...)

« Chaque fois que je ferme les yeux, je ressens ce vide immense, ce manque de toi. »

« Aujourd'hui, je dois vivre avec la douleur de t'avoir perdu et de t'avoir causé autant de mal. »

Ses mots me touchent plus que je ne l'aurais imaginé. Sa peine résonne en moi, et je réalise que nous partageons tous les deux ce poids lourd sur nos épaules.

Moi de l'abandon et elle de la culpabilité.

Une partie de moi voulait continuer à la blâmer pour tout ce que j'avais traversé, lui faire comprendre à quel point elle m'avait brisé.

L'autre partie, plus silencieuse, résonnait avec sa douleur, une douleur que j'avais ignorée jusque-là, ou refusé de voir.

Je ne savais pas qu'Amiah souffrait de cette rupture. Du moins, pas autant, et la vérité c'est qu'on souffrait tous les deux de l'absence de l'autre.

Et là, elle était devant moi, en larmes, et je me sentais... épuisé.

Je me suis approché lentement, presque malgré moi. Ce qui s'est passé après, c'était comme un automatisme, une mémoire corporelle que mon corps connaissait par cœur.

Mes bras se sont enroulés autour d'elle, et c'était comme si rien n'avait changé, comme si on pouvait se réancrer dans cette proximité physique et ignorer tout le reste.

J'ai senti ses épaules trembler légèrement avant qu'elle ne place ses mains sur mon dos, et un étrange mélange de nostalgie et de tristesse m'a envahi.

J'aurais dû partir, je le savais. Mais au lieu de ça, je me suis retrouvé à la réconforter, à la tenir, même si je savais qu'on ne reviendrait jamais en arrière.

OAKLEY - le dossierOù les histoires vivent. Découvrez maintenant