Chapitre 36 : Mise à l'épreuve

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Musique conseillée :  Prisoner - Raphael Lake - Indie Soul 2 

En ouvrant les yeux, je fus immédiatement éblouie par une lumière blanche, froide et des reflets holographiques dansants. Ma tête bourdonnait, mais aucun son n'atteignait mes oreilles. Je me redressai doucement, scrutant prudemment l'endroit où je me trouvais.

J'étais dans une vaste salle, entièrement composée de miroirs. Des murs au plafond, tout n'était que reflets. Des centaines de fragments de verre, de tailles diverses, s'imbriquaient pour créer un dédale étourdissant. Chaque mouvement faisait écho, chaque geste semblait se répercuter à l'infini. Du bout des doigts, je touchais une surface lisse et froide. Un frisson parcourut ma colonne vertébrale.

« Un labyrinthe de miroirs... » murmurais-je.

J'avançais à tâtons, essayant d'éviter de me heurter à ces reflets trompeurs. Au sol, un éclat argenté attira mon attention. Un petit coffre gris métallique. Je me mis à genoux, mes mains légèrement tremblantes, et l'ouvris. À l'intérieur, cinq couteaux brillants, mon arme de prédilection. Mais pourquoi aurais-je besoin de couteaux dans un tel lieu ?

Sans réfléchir, j'en saisis plusieurs et les attachai à ma ceinture. Si le labyrinthe me tendait un piège, je serais prête.

Pour ne pas tourner en rond, je décidai de marquer mon passage, telle une version moderne du Petit Poucet. D'un geste précis, j'entaillai les miroirs avec mes couteaux, traçant une longue rayure horizontale sur chaque mur à chaque virage. Je devais garder la tête froide, rester stratégique. Il devait bien y avoir une sortie.

Les minutes s'étiraient, et bientôt, le doute s'immisça. Lorsque je reconnus les traces de mon passage précédent, l'angoisse monta en flèche. Je tournais en rond. Mon souffle devint plus court. Mes mains, que j'avais si longtemps maîtrisées, tremblaient sous l'effet de la panique.

Comment allais-je sortir de ce labyrinthe ?

Je levai les yeux et croisai mon propre reflet. Cette femme aux cheveux longs et bruns, au visage fatigué, marqué par des cernes violacés, c'était moi. Ses yeux en amande, autrefois pleins de vie, étaient maintenant voilés de stress. Mon corps, musclé en apparence, n'était plus qu'une coquille fragile. Je touchai du bout des doigts mon propre reflet, une étrange tristesse m'envahissant.

Où était passée la protectrice en moi ? Où était ce feu, cet esprit combattif qui ne fléchissait jamais ? À quel moment avais-je basculé dans ces ténèbres intérieures ?

Soudain, un bruit résonna, cassant le silence. Un son familier, inquiétant. Le ruissellement de l'eau.

Je baissai les yeux et vis l'eau s'infiltrer, s'étendant autour de moi. En quelques secondes, elle avait atteint mes chevilles. Elle montait à une vitesse folle.

Le labyrinthe allait se remplir d'eau.

Sans réfléchir, je me mis à courir. Si je pouvais trouver la source de cette inondation, je trouverais peut-être une issue. L'eau ne pouvait entrer sans un point d'arrivée, alors il devait exister une ouverture. Plus j'avançais, plus le niveau d'eau augmentait, ralentissant mes pas. Désormais, elle atteignait mes genoux, glaçant mon corps et collant mes vêtements à ma peau. Des frissons incontrôlables me parcouraient.

Alors que j'avançais péniblement, des voix surgirent, éthérées, comme venues d'un autre monde. Des voix d'enfants, pleines de vie.

C'était nous... les Protecteurs. Enfants.

Comment était-ce possible ? Ces souvenirs, ces paroles, c'étaient les miens. Des fragments de ma vie intime, projetés dans cette prison de miroirs.

Les Protecteurs - Tome 2 : VolkiOù les histoires vivent. Découvrez maintenant