Chapitre 6

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    Cela devait bien faire trente bonnes minutes que Susan tournait en rond dans la salle d'attente. Elle se tordait les mains à n'en plus finir et venait de se mordre la lèvre à sang. Elle était en état de stress.

Pas un petit stress quand vous vous rendez compte que, oui, le papier toilette est dans le meuble à l'autre bout de la salle de bain et que, oui, vous êtes bien coincés sur vos W-C, avec une ridicule petite feuille dans la main et vos yeux pour pleurer. Non non non, ce n'était pas trop ce genre de stress. Plutôt quelque chose comme : vous avez passé une audition qui pourrait vous ouvrir grand nombre de portes en tant que danseuse et mannequin, évidemment, vous n'êtes pas d'ici ce qui est encore plus dur parce que réussir dans un pays qui n'est pas le sien et où l'on n'est pas la beauté type c'est assez hard comme chose à faire mais bon, vous avez tenté votre chance et vous êtes donc en train d'attendre ces putains de résultats qui vont vous faire mourir quels qu'ils soient !

C'était exactement la situation dans laquelle se trouvait Susan en ce moment et elle n'avait envie que d'une seule chose : mourir. Loin. Très loin de cet endroit. Mais avec les résultats de préférence, on ne savait jamais, une réponse positive et elle pourrait ressusciter.

Bref, ses ongles étaient rongés jusqu'au n'être que des moignons et elle n'allait pas tarder à attaquer ses phalanges quand une porte s'ouvrit sur un groupe de personnes. Elle reconnut le PDG Monsieur Bang, son chorégraphe Sungdeuk et certains membres du groupe qu'elle ne voulait plus jamais voir à cause de l'incident qu'elle ne prononcerait pas ici. Le reste, elle ne savait pas, sans aucun doute des managers et des gens influents.

- Susan Delanay ?

La jeune fille n'oublia pas de tourner sa langue sept fois - même plus - dans sa bouche avant qu'une petite réplique du genre « Non je suis le Pape ! Et j'attends ma sœur ! » ne passe ses lèvres et sourit au groupe.

- C'est bien moi. les salua-t-elle.

- Nous n'allons pas y aller par quatre chemins : vous n'êtes pas prise.

Pardon ? Il avait dit quoi le Monsieur ? Il pouvait répéter le Monsieur.

- Excusez-moi ?

- Vous n'êtes pas prise Mademoiselle. Vous n'avez pas le potentiel pour et puis, disons-le franchement, vous n'êtes pas du tout le genre de fille que pourraient apprécier les jeunes coréens ! Retournez-donc derrière le rideau, les projecteurs ne sont pas faits pour vous, lâcha-t-il, acerbe, maintenant, si vous voulez bien m'excuser je vais partir en premier. Messieurs, Mademoiselle.

Il s'inclina légèrement et bouscula la jeune fille en sortant de la pièce, un rictus sadique sur le visage. Celle-ci ne réagit même pas et resta figée.

- Je suis désolé Susan. Monsieur Hwang a un poste influent dans les médias et nous ne pouvions pas nous permettre d'ignorer son avis. Cet homme pourrait te briser rien qu'avec des mots, et il ne restera pas sur sa faim et s'attaquera ensuite à l'agence elle-même. Je ne voulais pas prendre ce risque. Je suis sincèrement désolé, ma petite.

Monsieur Bang posa une main réconfortante sur l'épaule de Susan.

- Vous ne pouvez pas l'être autant que moi, murmura la jeune fille, la tête basse, je vais maintenant vous laisser. Si vous voulez bien m'excuser.

Sur ces mots, elle partit d'un pas rapide de la pièce en serrant les poings. Elle profita d'une porte ouverte au détour d'un couloir pour entrer dans une salle de danse déserte. Elle n'oublia pas de claquer le battant dans sa déception et sa fureur.

Pour qui se prenait-il celui-là ? Elle n'avait pas les capacités pour ? Elle était certainement meilleure danseuse que lui en tout cas ! Ce n'était pas avec son embonpoint qu'il allait réussir à se mouvoir en rythme !

Laisse-moi partirOù les histoires vivent. Découvrez maintenant