Il était exactement treize heures à l'agence BigHit Entertainment. Tout le personnel était en ébullition et courait dans tous les sens. Susan était assise sur une chaise, dans le hall d'entrée, complètement paralysée et muette depuis qu'elle s'était réveillée. Elle s'appelait comme déjà ? Et d'abord elle faisait quoi ici ? On était quel jour ? Le 2 Décembre ? Bweuh. Connaît pas cette date.
Les deux françaises étaient arrivées tôt dans la matinée, mais pas avec le même entrain... Lucie était énervée comme pas possible et tressautait comme une puce, alors que Susan était au bord du gouffre et aurait bien voulu aller se recoucher, sous sa couette, bien au chaud.
Dès qu'elles avaient passé les portes du bâtiment, la blonde avait laissé Susan et s'était précipitée dans son atelier pour « prendre les choses en main parce qu'avec cette bande de bras cassés, c'était pas gagné ! » comme elle le disait si bien.
Et même dans sa bulle, la brune pouvait entendre les éclats de voix de son amie qui aboyait des ordres à son équipe :
- Le sous-pull rose, je le veux sur le portant de Jin, en dessous du blazer blanc ! Non, j'ai dit Jin pas Jimin ! Vous imaginez s'ils échangeaient de vêtements ? Jimin flotterait carrément dedans ! La honte ! Vous voulez ma mort ou quoi ?
On lui répondait souvent par des hochements de tête apeurés et personne n'osait rechigner ou traîner de la patte ! C'était une vraie tornade !
- Toi ! La préparation de leur couleur est prête ? Quoi ! Pas encore ! Mais qu'est-ce que vous foutez, bordel ! C'est votre boulot, merde ! Dans exactement sept heures, ils doivent tous être impeccables, dans une limousine noire, et sourire sur le tapis rouge ! Je veux qu'on les acclame ! Je veux qu'on les compare à des demi-dieux !
Le pauvre coiffeur-visagiste sur lequel Lucie venait de se défouler s'empressa de retourner voir son équipe pour leur transmettre exactement les ordres, mots pour mots, avec le ton s'il vous plaît !
Tout était une question de hiérarchie... Lucie hurlait sur ses chefs de sections – coiffure, vêtements, maquillage – et eux hurlaient sur les autres membres du staff. Telle était la dure loi du monde du travail.
Par contre, en ce jour béni – tout le monde l'espérait – par les cieux, même Monsieur Bang, illustre PDG de la BigHit Entertainment, n'aurait osé adresser le moindre reproche à la styliste en chef, au risque de se prendre une avalanche d'insultes colorées dans un certain nombre de langues. Elle faisait vraiment peur quand elle était dans cet état...
- Et bordel de beurre de cacahuètes ! Où est passée Susan ? Où est-elle passée ? J'ai encore des finitions à faire sur elle ! Toi ! cria-t-elle en pointant un jeune homme tremblant du bout de son doigt.
- Mais... vous m'avez dit d'aller préparer les colorations...
La blonde leva les yeux au ciel après avoir préalablement incendié le pauvre homme avec. Rhaaa ! Jamais quelqu'un de libre dans ce staff ! Elle allait devoir s'en charger.
Elle sortit en trombe de l'atelier, décidée à ramener sa meilleure amie par la peau des fesses s'il le fallait ! Non mais ! On n'avait pas idée de ne pas être à porter de main le jour de la remise des prix des MAMA 2015 ! Ils croyaient tous qu'elle se tordait les pouces ? Tout devait être impeccable, nickel, parfait ! Elle avait préparé, à la seconde près, leurs plannings : coiffure, maquillage, tenue, retour coiffure et maquillage, dernières retouches et enfin, tapis rouge. Tout était minuté, chronométré. Si quelque chose devait mal se passer... Ah ! Elle n'osait même pas y penser !
Après avoir parcourue les couloirs de l'agence de long en large, Lucie trouva enfin Susan, prostrée sur une chaise, en train de paniquer intérieurement. Parce que oui, à l'extérieur, Susan ressemblait plus à une plante verte mélangée avec une statue statique – ouh le beau pléonasme – et à un fantôme ! Alors qu'à l'intérieur c'était un tsunami d'intensité 6 sur l'échelle de Sieberg qui dévastait tout ce qu'il lui restait de ses neurones encore en forme, ou en cours de rétablissement.
VOUS LISEZ
Laisse-moi partir
FanfictionHey ! Vous avez une idée de ce que peut être la vie d'une jeune française en Corée du Sud ? Non ? Même pas une petite ? Susan, elle, en sait pas mal de chose puisque, actuellement, c'est ce qu'elle vit. Les chaebols, les études, une audition, les B...