Le Labyrinthe - [Emma]

19 - Retour au Bloc

Je tombait par terre, écrasée par une masse lourde.
Je gardais les yeux clos, tétanisée. Mais je sentit que ce qui me tenait les poignets n'était autre que des mains, et que la masse qui me clouait au sol n'était autre que Minho.

« Tu m'explique ton délire ? Me murmura-t-il à l'oreille, en colère.
- Je... J'arrivais pas à bouger.
- J'ai vu ça.

Je pouvais sentir son souffle rauque dans mon oreille.

- Maintenant. on est quittes, ajouta-t-il dans un murmure. »

Je ne dit rien. Je venais - nous venions - d'échapper à la morte. Les larmes me montèrent aux yeux et je ne réussi pas à la retenir. Je sanglotais sur Minho, qui m'écrasait toujours. J'avais peur qu'il se moque de moi, qu'il me traite à nouveau de "flipette", mais il n'en fit rien.

Il roula sur le côté, et je respirais enfin normalement - aussi normalement que mes sanglots le permettait -, et je vit le coureur, dos au sol, se prendre la tête entre les mains et ne plus bouger.

Lui aussi avait eu peur.

Je m'assit, et vit Thomas, un peu plus loin, le regard dans le vide, les jours inondées de larmes.

Personne ne bougea pendant longtemps. Puis, Thomas prit la parole.

« Et maintenant ?
- On rentre au bercail, mon pote, murmura Minho.
- Ils ont pas des copains qui peuvent nous tomber dessus ?
- Ils l'auraient fait depuis longtemps, dit Minho en se relevant. Et puis les portes vont bientôt s'ouvrir, ils sont tous retournés dans leur trou.

Il se mît debout, et je l'imitait.

- Aller les bleus, on rentre au Bloc.
- Et Alby ? Demande Thomas.
- Qu'est ce qu'il a ?
- Il faut aller le chercher.
- On demandera aux blocards d'y aller, c'est pas loin de l'entrée.
- Mais...
- Si tu te sens d'attaques pour redescendre son petit cul et le ramener, vas y. Mais il sera plus vite rentré si les autres s'en chargent.
- Ok...
- Parfait, on bouge. »

Je n'avais aucune idée de comment j'étais encore capable de courir après la nuit que je venais de passer. Mais Minho nous menait entre les couloirs en trottinant, comme s'il s'était reposé pendant des heures. Sa démarche montrait cependant qu'il n'était plus tout frais, et qu'il avait bien besoin de sommeil. Comme nous tous.

On finit par arriver non loin des portes. Je reconnaissais vaguement l'endroit, pour y avoir traîné Alby avec Thomas.
Un grondement sourd retentit, me glaçant le sang. Qu'est ce que c'est que ça encore ? A ma grande surprise, Minho sourit.

« Nous sommes officiellement tirés d'affaire, les portes viennent de s'ouvrir, nous dit-il.

Je vit enfin la grande ouverture qui donnait accès au Bloc. Des garçons se tenaient devant, certains encore endormis, d'autres, assis, le regard dans le vide.

- Votre coureur adoré est de retour ! Chantonna Minho.

Je vit Newt lever la tête, et quelques autres blocards.

- C'est pas vrai...
- Ils ont réussi !

Chuck nous attendait en sautillant, tout excité, visiblement soulagé de nous voir sains et sauf.

- Minho, commença Newt, où est Alby ?
- Comment vous avez tenu la nuit ?
- Il y avait des griffeurs ?
- Minho, raconte nous !

Je me tenais près du coureur. Il était aussi épuisé que moi, et n'avait visiblement aucun envie de répondre aux questions.

- Newt, on est crevés. Alby était vivant quand on l'a laissé.
- Quand vous l'avez laissé ? Demanda Newt.
- Stop les questions. Il est accroché à un mur, avec le lierre. C'est pas loin d'ici, part sur la droite, tourne deux fois à gauche, puis trois à droite, vous le trouverez. Mais bougez vous, il s'est fait piquer.
- Ok. Et vous deux, dit-il en nous montrant du doigt, Thomas et moi. Je vous jure que quand je reviens, j'aurai deux mots à vous dire.
- Laisse les pioncer pour l'instant mec, relax.

Je remerciais Minho du regard. J'étais épuisée. Je sentit des bras me pousser, et je me laissais faire. On m'emmena jusqu'au bâtiment qui servait d'infirmerie, et je m'allongeais sur un lit.

Sans prendre le temps de remercier qui que ce soit, je m'endormis.