8 - Départ

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Quatre heure du matin.
Dans deux heures, le transplat s'ouvrirait pour nous emmener loin d'ici, vers une nouvelle épreuve.
Étrangement, cette pensée apocalyptique me paraissait moins menaçante qu'il y a quelques heures. Serait-ce dû au fait que je m'étais enfin réconciliée avec ce crétin de coureur asiatique, qui me paraissait plus beau que jamais, d'un charme et d'une modestie sans pareille ? Non, sûrement pas.
Bon, pour la modestie, j'allais peut être un peu loin. Il n'empêche, je n'avais pas été si apaisée depuis la bataille avec les griffeurs.
En nous voyant réconciliés, certains blocards, principalement Poêle-à-frire, s'étaient montrés désespérés lorsque je leur avait fait comprendre que Minho était simplement mon ami, et rien de plus. Parce que cette fois, les choses étaient claires. On oubliait tout depuis notre départ du Labyrinthe, et on reprenait comme si de rien n'était. Comme des amis.
Apparemment, le contraire crevait les yeux, et même un aveugle réussirait à le deviner. Nous avions principalement mit de côté la dernière nuit que nous avions passé ensemble. Celle où il m'avait embrassée.
En fait, je me fichais bien de ce que je pouvais bien ressentir, tant qu'il était avec moi. Et actuellement, nichée contre son torse, ses bras m'encerclant, j'étais parfaitement bien, et n'aurais échangé ma place pour rien au monde.

Mais outre le petit nuage de bonheur sur lequel je reposais, c'était la perspective des heures suivantes qui me tenait éveillée.
Autrefois, la peur m'avait paralysé, et ce plus d'une fois. Sans Minho, je ne serais plus là pour y penser. La dernière fois, cependant, je m'étais défendue pour ne pas le voir mourir. Mais les prochaines fois ? Si je recommençais, et qu'il devait de nouveau mettre sa vie en péril pour me sauver ?
Je savais pertinemment que dans ce cas, il me ferait comprendre qu'il s'en fichait parfaitement. Et même si c'était égoïste de ma part, ça me convenait entièrement.

Je sentis l'asiatique bouger contre moi, et je levais la tête vers son visage tandis qu'il ouvrait les yeux.

« Salut, murmura-t-il en baillant. Bien dormis ?

Pour toute réponse, je passais un bras par dessus son ventre pour le serrer contre moi. Sa bouche frémit, et il murmura :

- Pareil pour moi.

Arrête de sourire comme une idiote, tocarde.

- Prêt pour tout à l'heure ? Demandais-je pour changer de sujet.
- Plus que jamais, j'ai hâte de sortir d'ici.
- Moi aussi... Enfin je suppose. J'ai surtout hâte que toutes ces imbécilités soient derrière nous, et qu'on puisse tous vivre une vraie vie.
- C'est ça, ricana-t-il. Et je pourrais peut être aussi tomber enceinte, on réussira à faire sourire Thomas, et Poêle-à-frire deviendra le plus grand cuisinier du monde. Tu veux quoi d'autre ?
- Un peu d'espoir, murmurais-je.
- C'est moche, l'espoir. J'ai vécu plus de deux ans en ayant chaque jour l'espoir de trouver une sortie dans le Labyrinthe, tu sais. Je sais comment ça fonctionne.
- Je sais.

Comme il n'ajoutait rien, je reprit.

- Je pense, si ce qui nous attends est si terrible, et si le monde est si moche, dehors... Je pense que notre seul espoir pour la journée sera de rester en vie.
- Je ne cesserais d'espérer que tu restes avec moi, murmura-t-il tristement.

Il resserra un peu son emprise autour de moi, et sa main caressa mon dos, m'arrachant des frissons.

- Minho... Murmurais-je.
- Ne dit rien, soupira-t-il.

Ses lèvres se déposèrent sur mon front, et descendirent doucement sur mes tempes, puis le long de ma mâchoire. Un sourire s'étira doucement sur mon visage, mais il s'éloigna de quelques centimètres pour pouvoir me regarder, l'air interrogateur. Finalement, je mourrais d'envie d'en avoir plus. Mes yeux se posèrent sur ses lèvres, et mon cerveau réfléchit à toute vitesse aux souvenirs de la sensation de bonheur qu'avait été de les sentir sur les miennes. La plupart des blocards dormaient, et les quelques autres restant de faisaient sans doute pas attention à nous, et ne pouvaient sûrement pas nous voir. C'était tentant. Vraiment tentant.

Le Labyrinthe - [Emma]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant