8 - Fermes-la

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Cette nouvelle journée ressembla beaucoup à la celle de la veille : Newt m'envoya dans le jardin, où Zart me donna de quoi m'occuper pour plusieurs heures. Le midi, épuisée, j'avais à nouveau mangé seule, avant de passer l'après midi avec les bâtisseurs.
Contrairement à ce que j'avais pensé après le récit de Thomas sur le maton, Gally avait été très agréable avec moi, et bien que ce métier je soit définitivement pas fait pour mes petits bras et moi, je revenais de cette journée plus apaisée que la veille.
Je retrouvais Thomas en fin de journée, ce dernier était assis contre un des grands murs séparant le bloc du labyrinthe, vers la porte est, encore ouverte.

« Alors, cette journée ? Me demanda-t-il, Pas trop dur avec Gally ?
- Épuisant, mais ça va, il n'est pas si terrible tu sais.
- C'est ça, il est carrément con.

Je levais les yeux au ciel.

- Et toi, ça c'est passé comment ?
- Bof, je suis pas fait pour la cuisine, et tuer les petits cochons, c'est pas mon truc.

Je hochais la tête en silence. Je n'étais pas pressée d'y faire un tour.
Soudain, nous vîmes un coureur rentrer au Bloc. C'était Minho. Il nous jeta un coup d'œil, et, en me voyant, me fit un signe de la main en arborant un sourire stupide. Je croisais les bras et détournait la tête. L'asiatique rigola et décampa vers la ferme. Thomas haussa les sourcils.

« Il a quoi, celui là ?
- Un vrai crétin, si tu veux mon avis. Lui répondit-je.
- Je croyais que les coureurs étaient les meilleurs, dit-il en rigolant.
- Ce doit être une exception.

On restait sans rien dire pendant un moment, puis, le brun se leva.

- C'est pas tout, mais j'ai carrément faim ! Ammènes-toi. »

Je sourit, et le suivit jusqu'aux cuisines. Nous vîmes Newt, en pleine conversation avec deux coureurs : un blond - qui s'appelait Ben -, et Minho. Newt leva la tête en nous voyant, sourit, et nous fit signe de venir. Je m'assit entre Newt et Thomas, prenant soin de ne pas lever la tête vers le coureur.

« Et bah Emma, déjà déprimée après deux jours ? Elle va pas faire long feu, la bleue. Dit Newt.

Je grognais.

- Sérieux, reprit-il, Gally t'as fait quoi ? Il adore maltraiter les nouveaux, mais si il va trop loin...
- T'inquiètes pas pour ça, dit Thomas, elle a adoré, apparemment, il a été cool, elle a bien de la chance.
- Ce crétin fait les yeux doux tient, ça m'étonne. Dit Minho.
- Il peut pas être gentil, tout simplement ? Demandai-je, énervée.
- Gally sera gentil quand on sera tous sortis d'ici, tous mariés et trois gosses chacun.
- On a comprit Minho, merci, intervint Newt.
- Gally est un foutu gentlemen a côté de toi, sifflai-je sans prêter attention a Newt qui m'intimais au silence.
- Autant pour moi, si tu veux être traitée comme une princesse, je peux pas t'aider, répondit l'asiatique.
- J'ai jamais dit que je voulais qu'on me traite comme tel, et j'ai absolument pas besoin d'un type comme toi pour m'aider à quoi que ce soit.
- Fais gaffe à ce que tu dit, la bleue, tu connais rien. »

Ses yeux me transperçaient littéralement. Il se leva avant que je n'ai eu le temps de répondre, et partit en silence sous de nombreux regard.
Newt me grogna quelques mots.

« Tu sais pas la fermer, hein ? T'aurais pas du lui parler comme ça.
- Et pourquoi ? Parce que c'est le chef des coureurs c'est ça, ça le rend si important ?

Il m'attrapa le bras et m'emmena de force loin du regard et des oreilles trop curieuses. J'entendis Poêle-a-frire rire "Si les créateurs l'ont envoyé pour remettre Minho en place, on va rire un peu les gars !", et tous l'accompagnèrent.
Newt me tira jusqu'au grand mur gris le plus proche. Il mît une main si chacune de mes épaules et me cloua au mur, de sorte que je ne puisse que le regarder dans les yeux.

« Pour répondre à ta question, ouais, c'est le fait qu'il soit le maton des coureurs qui fait de lui ce qu'il est. C'est un putain de tocard têtu comme t'en trouvera jamais ailleurs, mais de nous tous, c'est notre meilleur espoir, va falloir rentrer ça dans ta tête, tocarde, parce que l'ouvrir comme tu viens de le faire, ça t'attirera que des ennuis ici. Et le fait que tu sois une fille te sauvera pas la mise. Minho a raison, on a pas a te traiter comme une foutue princesse, et c'est visiblement ce que Gally a décidé de faire.

Il s'arrêta un instant, avant de reprendre :

- Maintenant, tu vas ouvrir tes écoutilles en grand, et tu vas faire ce que je te dit : à partir de maintenant, tu la fermes. Qu'il s'agissent de Minho, ou je ne sais quel autre blocard. Et tu fais ce qu'on te dit. Comment tu crois qu'on arrive à s'organiser si bien ? Chacun fait ce qu'il a à faire. Si tout le monde faisait comme ce que tu viens de faire, on serait déjà tous morts. J'ai pas envie qu'une foutue tocarde dans ton genre vienne tout saboter, t'as déjà foutu assez le bordel comme ça, par le simple fait que tu sois là.

Ses yeux avaient perdus toute chaleur, et cela me serrait le cœur. Malgré tout je comprenais son point de vue, et hochait difficilement la tête. Il me relâcha brusquement mais ne cessa pas de me fixer.

- Tu peux toujours aller t'excuser, il est vers la porte ouest. Ce tocard est quelqu'un de bien, crois-moi. Il est sacrément borné, mais c'est quelqu'un de bien.

Un sourire malicieux se dessina sur son visage.

- En fait, Poêle-à-frire n'a pas tord, ça lui ferait pas de mal que quelqu'un le redescende sur terre de temps en temps. On va bien rire. »

Sur ce, il me planta là et trottina jusqu'à la ferme. Je remarquais alors un léger boitement dans sa démarche, et me promis de lui demander ce qu'il lui était arrivé.
J'hésitais à aller m'excuser auprès du coureur. J'étais en effet peut être allée un peu loin, mais ce gars là était un parfait imbécile, et je n'avais pas envie de lui donner raison. "Peut être plus tard" pensais-je en retournant me coucher.

Je rêvais à nouveau.

Le Labyrinthe - [Emma]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant