Le Labyrinthe - [Emma]

12 - Hermano

Minho et Thomas se levèrent d'un bond.

- Qui t'es toi ? Cria l'asiatique.

L'inconnu, alors perché sur des poutres au dessus de nous, sauta et atterrit par terre après trois pirouettes.

- Je m'appelle Jorge, amigo, et c'est moi le fondu qui commande, ici.

Un fondu ? Tous les blocards étaient à présent levés, et regardaient le nouveau venu d'un air à la fois curieux et effrayé.
Ce Jorge était relativement jeune, sans doute dix sept ans, et d'une origine espagnole, d'où sa peau mate, ses cheveux ébènes et son fort accent.
Je me levais à mon tour, et me plaçais à côté de Minho, les bras croisés.

- Salut, dit Thomas en s'avançant. On aurait besoin de trouver de quoi manger et de quoi boire... On est restés plusieurs jours dans le désert, et on a besoin de traverser la ville.
- Ce n'est pas si simple, mon pote, répondit Jorge, un sourire aux lèvres. La ville, c'est l'enfer. Tu trouves que j'ai l'air complètement malade ? Si c'est le cas laisse moi te dire que ce n'est rien par rapport à là bas... Ils sont tous au bout du rouleau. Pour ce qui est de la nourriture, je ne partage pas si facilement, j'aurais besoin de savoir qui vous êtes, et d'où vous venez.

Minho s'esclaffa.

- Sérieusement ? Tu crois qu'on va tout te déballer ?
- Minho, dit Thomas. Ferme la...

L'espagnol arqua un sourcil.

- Et bien, c'est celui qui est en position de force qui pose les questions, ça me parait logique.

L'asiatique ricana de plus belle.

- En position de force ? Il va falloir réapprendre à compter... Nous sommes douze, tu es tout seul, alors déballe.

Je serrais la mâchoire, consciente que Minho venait de faire une belle connerie. Si ce Jorge prétendait être en position de force, il ne le disait sans doute pas par hasard. Je lançais un coup d'œil à Thomas, dont les yeux faisaient des aller-retour entre Jorge et le plafond.

- Minho, c'est ça ? Est ce que... Est ce que je rêve, ou tu viens de me parler comme un chien ? Demanda-t-il en s'approchant de lui, les lèvres retroussées comme un animal prêt à attaquer.

Le coureur lui offrit son plus beau sourire sarcastique, et l'autre le regarda d'un air glacial.

- Excuse toi, ordonna Jorge.

Demander à Minho de s'excuser ? Déjà qu'il ne le faisait pratiquement jamais de lui même, alors là, il n'allait pas être déçu, et en effet, l'asiatique resta silencieux.
Jorge pencha légèrement la tête sur le côté, haussa les épaules, et lança son pied dans la jambe de Minho, à l'endroit exact où il avait été en grande partie brûlé. Le pauvre Minho gémit de douleur et tomba à genoux, le souffle coupé. Je m'avançais en jetant un regard furieux à l'espagnol, avant que Thomas ne m'ordonne de m'arrêter d'un regard.

- Excuse toi, répéta Jorge. Je vais compter jusqu'à dix... Un.

Minho s'était redressé, et regardait à présent Jorge d'un air assassin.

- Deux.
- Excuse toi, dit Thomas, mais Minho resta silencieux.
- Trois.

Thomas continuait de regarder Minho d'un air insistant.

- Quatre, continuait Jorge. Cinq. Tu devrais écouter ton copain, tu sais. Six.
- Minho !
- Sept. Huit.

Minho ne lâchait pas Thomas du regard, voyant bien que le brun s'efforçait de lui faire passer un message.

- Excuse toi !
- Neuf.
- Ok, ça va, je m'excuse, dit Minho sans conviction.
- Je n'ai l'impression que tu sois sincère, dit Jorge.
- Ah ouais ? Tu le veux en quelle langue ?