Le Labyrinthe - [Emma]

4 - Laisse moi te dire...

« T'es sûr que tu veux rien manger ?
- Hrmf...
- Ouah ! J'ai presque eu le droit à une réponse perceptible, il y a du progrès !

Ça faisait maintenant plusieurs heures que je me retenais d'étrangler Poêle-à-frire. Sa tentative de répandre la bonne humeur était visiblement vaine, mais il ne lâchait pas prise.

Une semaine. Une semaine qu'elle avait disparut, une semaine que je m'impatientais de plus en plus. Même mon sarcasme habituel en avait assez, je n'avais plus envie de rétorquer quoi que ce soit à qui que ce soit. Même Newt souriait, le traitre. C'était sa sœur, non ? Il aurait pu montrer un peu plus d'inquiétude, au moins pour me prouver que je ne m'inquiétais pas pour rien. Mais il y a trois jours, Thomas avait aperçu Teresa accompagnée de plusieurs médecins qui lui avaient dit qu'elle avait besoin de quelques tests, et plus de soins, et qu'il en était de même pour Emma. Je n'y croirais pas avant de l'avoir vue en vie.

- Tu vas la retrouver, ta copine.
- C'est pas ma copine, répliquais-je aussitôt.

Elle ne le voudrait jamais, de toute façon.

- Tant que tu ne lui auras rien demandé, c'est sûr, rigola le cuisinier.

Si tu savais, crétin. Je m'emportais pour de bon, énervé par les remarques de l'ancien cuisinier, et me levais du ma chaise en brandissant mon poing au dessus du blocard.

- Tu veux que je lui dise quelque chose ? Et bah va me la chercher, je t'attends ! Parce que si t'avais pas encore remarqué, elle n'est pas là ! Maintenant ferme la et fous moi la paix, tu veux ?
- Ne cherche plus, dit-il avec un grand sourire.
- Quoi ?

Il m'indique l'entrée du réfectoire d'un coup de menton. Je me retournais en découvrant tous les visages tournés vers moi.

- Vous voulez ma photo ? Criais-je à l'assemblée.

Les têtes se détournèrent, et je vit ce que Poêle-à-frire m'avait indiqué.

- Tu peux lui dire, maintenant.

Un regain d'énergie me prit en voyant Emma, devant la porte, qui regardait notre table en souriant.

- Continue de sourire comme un crétin et je vomit dans tes chaussettes.

Je levais mon majeur devant lui, avant de me diriger vers Emma, qui n'avait toujours pas bougé.

- Emma !
- Salut, dit-elle en souriant timidement.

Sans même réfléchir, je la prit dans mes bras, ce qui nous valu un concert de sifflements.

- Tu peux pas savoir comme tu m'as manqué, murmurais-je malgré moi, ce qui sembla l'étonner. C'était des conneries, ton histoire de regrets, je te jure que j'ai deux mots à te dire à propos de ça.
- Ah oui ?
- Mais pas ici, pas maintenant. Qu'est ce qu'ils t'ont fait ? Demandais-je en m'éloignant d'elle pour la regarder dans les yeux. Et est ce que tu as réfléchi à... Tu sais...

Elle semblait fatiguée, mais en pleine forme.

- Je ne sais pas trop... J'ai l'impression qu'ils ont rétablis une connexion ou je je sais trop quoi... Peut importe, je vais bien.

Ses yeux quittèrent les miens.

- Et pour ce qui est de l'autre soir, on en parlera plus tard, si tu veux bien.

Nous revenions vers la table en même temps, et au moment de nous assoir, elle me demanda :

- Et toi, ça va ?
- Ça va, je...
- C'est la première fois qu'on l'entend placer une phrase depuis que t'es partie, dit Clint. Il avait même arrêté de nous envoyer chier pour rien, de vraies vacances !
- Je repartirais de temps en temps, alors.
- Je préférais le voir sarcastique comme à son habitude. C'était déprimant de le voir comme ça, tu lui manquais trop.