7 - Premier jour

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« Emma.

J'émergeais brutalement. Gardant les yeux clos, je sentais que j'étais en sueur. Mon rêve était encore trop présent, et, sans trop savoir pourquoi, me paraissait trop réel. J'eu à nouveau l'impression qu'on m'appelait, mais je ne relevais pas, essayant de me calmer.

- Emma !

On l'avait presque crié. J'ouvris alors les yeux et me relevait sans crier gare, me prenant la tête dans une masse dure. Masse qui poussa un juron.
Il s'agissait de Newt, qui se tenait la tête en me regardant d'un œil noir. C'est vrai que ça faisait mal. Encore étourdie, je me relevais prudemment, une main sur mon front, dans l'espoir que sa fraîcheur calme la douleur.

- Maintenant que tu es réveillée, dit le garçon l'air mécontent, tu peux peut être me suivre, j'ai pleins de trucs à te montrer. »

Gênée, je le suivis sans faire d'histoires.
Il passa la matinée à nous expliquer le fonctionnement du bloc - Thomas nous avait rejoint -, nous expliquant à nouveau en quoi consistait les différents métiers, et qu'il nous faudrait tous les essayer. Je grimaçais en pensant aux trancheurs.

* * *


« Je veux devenir coureur.

Nous étions assis dans l'herbe, a côté de la cuisine, où Poêle-a-frire nous avait donné des sandwichs.
Quand Thomas eu prononcé ces mots, Newt recracha tout ce qu'il avait dans la bouche, s'étranglant au passage a moitié. Je lui tapotais le dos, puis, quand il eu reprit son souffle :

- T'es complètement malade mec ! On t'as pas expliqué ce qu'il y avait, là dedans ?
- Bah... Des murs non ?

Newt pâlit.

- Il y a des griffeurs. Ne me demande pas a quoi ils ressemblent, personne n'a survécu assez longtemps pour en parler. Pourquoi tu crois que les portes se referment, chaque nuit ? Ils lâchent les griffeurs dans le Labyrinthe. C'est pour ça que les coureurs doivent rentrer avant la fermeture. Si ils restent coincés, ils sont morts.

Personne ne dit rien pendant quelques secondes, puis Newt reprit.

- Croyez-moi, c'est hyper dangereux dans le Labyrinthe. »

Je vit dans les yeux de Thomas qu'il n'était pas convaincu. Il scrutait le labyrinthe d'un regard avide et curieux. A vrai dire, ces grands murs m'attiraient également. Même après ce qu'avait dit Newt à propos des griffeurs, et des murs qui bougeaient sans cesse, je mourrais d'envie de m'aventurer dans les couloirs.

« Bon, allez les bleus, comme la visite est terminée, vous allez pouvoir commencer à essayer les différents métiers. En principe, vous auriez du commencer demain, mais puisqu'on à le temps...

Il regarda le soleil.

- Emma, je t'envoie dans les cuisines, avec Poêle-à-frire. Et toi, Thomas, tu vas aller faire un tour chez les bâtisseurs.

Thomas grimaça - c'était Gally, le maton des bâtisseurs -. Newt ricana.

- Et oui ! Evite de t'en prendre à lui, pas besoin de passer sa journée et gnouf. »

Thomas soupira et me jeta un regard désespéré, puis, soupirant de nouveau, se leva et partit dans la direction qui Newt lui avait indiqué. Je me levais à mon tour, m'étirais et m'apprêtais à retourner dans les cuisines quand je vis que le blond m'observait, un sourire aux lèvres.

« Quoi ? Demandais-je.
- Rien laisse tomber.
- Dit moi !
- C'est juste... Non. C'est idiot.

Je le regardais, sceptique. Il me cachait quelque chose. A ma grande surprise, cependant, il continua :

- C'est juste que j'ai l'impression de t'avoir déjà vu... Déjà connu. Et c'est carrément étrange, parce que personne ne se souvient de rien. D'ailleurs, c'est même pas des souvenirs, ce serait trop beau, dit-il avec un sourire ironique, mais c'est plutôt... Un sentiment de familiarité. J'en sais trop rien. Et je ne suis pas fou.

Je le regardais, sans trop savoir quoi dire.

- J'en sais rien Newt...
- Normal, tu as débarqué hier complètement amnésique, tu as à peine eu le temps de t'habituer à tout ça... Avec succès d'ailleurs ! Ce que je veux dire, c'est que je suis là depuis un moment, donc j'ai appris à faire la part des choses quand il s'agit de ce qu'il se passe là haut (il se tapota le crâne). Mais si jamais tu te souviens de quelque chose, que tu rêves, ou je ne sais quoi, vient m'en parler. »

Je hochais la tête, et il me sourit. Ce type était décidément adorable. Je me dirigeais vers la cuisine où m'attendais Poêle-à-frire.
L'après midi se passa relativement bien, mais j'avais tout de même hâte que ça se termine, je ne me voyais pas passer mes journées ici. Comme l'avais dit le cuisinier, "Ici, y'a ceux qui aiment la cuisine et ceux qui aiment ma cuisine.", je décidais de faire partie du deuxième groupe.

C'est dans un soupir de soulagement que Poêle-a-frire m'informa que je pouvais partir. C'est presque en courant que je me dirigeais vers les douches, avant de me rendre compte que je n'avais pas d'habits de rechange. J'entrepris de chercher Chuck, espérant qu'il pourrait m'indiquer où en trouver.
Ce dernier était vers son hamac, et sourit en me voyant arriver.

« Salut, la bleue !
- Salut Chuck. Dit, tu saurais pas où je peux trouver des habits propres ?
- Tu tombes bien, Newt vient de passer me déposer ça. Il indiqua un sac a dos noir, simple. Il était dans la Boîte avec toi apparemment. Les créateurs ont du se dire que t'avais besoin d'affaires de filles, dit-il en ricanant. »

Je souris au gamin, porit le sac et retournais vers les douches.
Pantalon, t-shirt, pull, veste, chaussures. Tout était très simple, et c'était très bien comme ça. Une fois propre, je sortis et retournais vers mon sac de couchage, sur lequel je m'allongeais, perdue.

Mon rêve de la veille me revint en tête. Ainsi que ma conversation avec Newt. Peut être que nous nous étions véritablement connu avant d'arriver ici. Après tout, je lui avait fait rapidement confiance, ce qui m'avait moi même étonnée, mais il ne me disait rien de plus.

Mon ventre gargouillait tandis que le soleil se couchait. Dans un grognement, je me levais et me dirigeais à nouveau vers la cuisine, où la plupart des blocards se trouvaient.
Je m'assis seule dans un coin, et mangeais mon sandwich en silence, tout en observant les garçons présents dans la salle. Tous semblaient détendus et souriants, comme la veille. Malgré leurs airs de brute, ils n'étaient que des gamins unis dans la même galère. Mon sentiment de solitude s'accentua, la plupart se connaissaient depuis deux ans, et je n'étais là que depuis un jour, et j'avais de plus en plus le sentiment d'être une intruse.

Je finis de manger et retournais me coucher. Épuisée, je m'endormis rapidement.

Le Labyrinthe - [Emma]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant