10 - Visage

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Je me réveillais une fois de plus en sueur, paniquée.
Sans réfléchir, je prit des habits, et filait vers les douches. L'eau froide me faisait du bien, et je me mit a réfléchir. Newt m'avait très clairement dit qu'au moindre rêve étrange, je me devais de lui en parler. Mais, après notre dispute d'hier, je n'en avais plus du tout envie.
Je coupais l'eau et regardait mes pieds. Une flaque d'eau me renvoya un pâle reflet de mon visage. Je me rendait compte avec horreur que je n'avais aucune idée de ce à quoi je pouvais ressembler. Je n'avais même pas cherché a savoir. Mes cheveux étaient assez long, m'arrivaient en dessous des épaules, et étaient d'un châtain clair avec des reflets plus clairs ou foncés selon les endroits.
Je sortais de la douche, résignée à trouver quelque chose - n'importe quoi - qui puisse me montrer mon visage. C'était devenu un véritable besoin en quelques minutes, mais j'avais horriblement besoin de repère. Je tombais sur Newt, qui, à mon grand désarroi, semblait bien moins chaleureux que les jours précédents.

« Je te cherche partout. Aujourd'hui, tu vas faire un tour chez les trancheurs, - je grimaçais - désolé, tout le monde doit y passer. Ensuite, tu pourras aller avec les Clint et Jeff, les medjacks.

Je hochais la tête, et ouvrait la bouche, mais il reprit.

- Apparemment, ni les bâtisseurs, ni Poêle-à-frire ne veulent de toi... Oh, je ne dit pas qu'ils ne t'aiment pas, mais tu n'es pas faite pour ça. Tu peux toujours aller avec les scarleurs...
- Newt...
- Quoi ?

Je me mordais la lèvre inférieure, il n'allait pas apprécier.

- Euh... Je peux voir à quoi je ressemble ?

Il ouvrit les yeux en grand, puis haussa les épaules.

- ... S'il te plait ?

Il sourit, et me fit signe de le suivre. Je soupirais de soulagement, il ne devait pas trop m'en vouloir. Il se dirigeait vers un bâtiment fait de planches - comme tout ce qu'il y avait ici -, complètement délabré, je n'avais aucun idée de la façon dont il tenait debout. Newt ouvrit une porte, et, dans une courbette exagérée, me lança un "Après vous." qui me fit lever les yeux au ciel. Il ricana et s'engouffra derrière moi.

« La salle du conseil. Espère ne jamais t'y retrouver.

La salle était circulaire, avec une dizaine de rondins de bois, qui devaient faire office de siège, disposés en arc de cercle. A l'opposé se trouvait un unique siège, j'en concluait qu'il devait s'agir de la place du jugé. La pièce était sombre, mais il y avait assez de lumière pour y voir clair.

- Charmant.

Il rigola, et, me prenant le bras, m'emmena vers la gauche de là où nous venions d'entrer. Il y avait un miroir.

- On l'a mit ici pour que les blocards ne viennent pas se reluquer sans cesse. C'est inutile, et ça aurait finit par attirer des ennuis, d'après Alby. On le laisse ici parce qu'on n'y vient pas souvent, et au moins, on laisse les nouveaux se regarder au moins une fois. Je vois pas en quoi c'est si important, mais voilà. »

Il me laissa la place devant la petite vitre, et, hâtive d'assouvir ma curiosité, je me jetait devant, sous le rire du blond.
J'avais donc les cheveux mi-long, châtains, avec des reflets plus clairs et foncés, ondulés qui me tombaient sur les épaules, et partaient dans tout les sens. Mon visage était fin, j'étais assez pâle, mais avec tout de même quelques couleurs sur les joues et le nez. Celui ci était fin également, et remontait en trompette. J'avais quelques tâches de rousseur semblables à celles du garçon qui se tenait à côté de moi. Mes yeux étaient d'un vert foncé qui touchait sur le marron.

- Contente ?

Je sursautais.

- Ouais. Tu me trouves comment ? Rigolai-je.

- Elle est moche comme tout. En fait, Newt, je trouve qu'elle te ressemble un peu. Grosse comme un spaghetti.

Je me retournais en même temps que Newt, pour voir Minho, les poings sur les hanches, qui nous faisait face.

- Je prend ça comme un compliment. Qu'est ce que tu fiches ici, tocard ? Fatigué de courir ? Dit Newt.
- Rêve, mon pote. Je viens chercher ta copine. Alby veut la voir tout de suite.
- Pourquoi ? Demandai-je.
- Va savoir, tocarde. Dit-il en haussant les épaules. Mais à ta place je me bougerai, notre chef adoré m'a l'air sur les nerfs. »

Newt grimaça, marmonna un "Suis-moi" et partit en trottinant hors de la salle. Je le suivais, sans me retenir de jeter un dernier regard à l'asiatique. Je m'étais promis de m'excuser, mais, devant son sourire sarcastique, l'envie d'étrangler son joli petit cou me prit, et je partit en courant derrière Newt.

Nous arrivons au centre du bloc, Thomas nous attendais également, l'air grognon.

« Dit moi Tommy, t'en fais une tête ! Qu'est ce qu'il veut, Alby ? Demanda Newt.
- J'en sais rien, répondit le brun. Il te cherche partout.
- Il est où ?
- Dans la ferme, et faut qu'on vienne avec toi, dit-il en me désignant. »

Nous rejoignons donc Alby, sans trop savoir à quoi nous attendre. Le garçon a la peau sombre nous attendait, debout, les bras croisés.

« Qu'est ce qu'il se passe, Alby ? Demanda le blond.
- Où ils en sont, les deux bleus ? Il va falloir les caser quelque part.
- Attend mec, ça fait deux jours qu'ils sont là ! Et la plupart des boulots leur conviennent pas, je peux pas les envoyer n'importe où.
- C'est pas mon problème, Newt ! Bouge toi donc un peu, on a pas le temps de trainer. Il faut s'attendre à tout, maintenant.

Newt serra les dents. Je ne comprenais pas Alby quand il disait qu'il fallait s'attendre à tout.

- Comment ça ? Demanda Thomas.

Alby le regarda, les yeux mauvais.

- Tu veux savoir ce qu'il y a ? Votre arrivée n'a rien de normal, mais c'est pas pour autant qu'il faut que le Bloc s'arrête de tourner. Plus vite vous ferez votre boulot, mieux ce sera. Dégagez, maintenant. Newt, faut qu'on parle. »

Thomas m'entraina hors de la ferme, il paraissait troublé.

« Qu'est ce qu'on fait ?
- Pour l'instant, je propose qu'on aille travailler, j'ai pas envie de donner une raison de plus à Alby de me détester. Grogna Thomas. Mais rejoint moi vers la porte est quand tu auras finit. »

Je hochais la tête. Et me dirigeait vers l'abattoir sans me presser.

Le Labyrinthe - [Emma]Où les histoires vivent. Découvrez maintenant