Le lendemain matin, je suis debout avant l'aube. J'ai rêvé que Niall venait dans ma chambre avec un atlas sur le plateau du petit déjeuner. Cela n'avait rien d'un cauchemar, mais la solitude qui m'étreint au réveil a quelque chose de terrifiant.
Je m'aventure dans le couloir à peine éclairé. Les bâtonnets d'encens ont cessé de se consumer, et il flotte un parfum de charbon diffus. Je sais que Jenna et Cecily doivent dormir à cette heure, surtout Cecily, qui se repose souvent jusqu'à midi depuis qu'elle est dans son dernier trimestre de grossesse, mais je suis sûre que l'une d'elles me laissera grimper dans son lit. C'est peut-être mieux que de dormir seule.
Quand je frappe à la porte de Jenna, j'entends qu'on glousse dans sa chambre. Puis un frottement, et l'on demande :
— Qui est là ?
— C'est moi.
Un autre gloussement.
— Entre, lance Jenna.
J'ouvre la porte et découvre la chambre baignée par une douce lueur de chandelles. Jenna est assise dans son lit et passe la main dans ses cheveux emmêlés, cependant que Harry noue la ceinture de son bas de pyjama. La pâleur de son torse forme un contraste avec ses joues empourprées. Il enfile sa chemise en vitesse et ne prend pas la peine de la boutonner avant de filer vers la porte.
— Bonjour, mon cœur, dit-il sans vraiment me regarder en face.
Il n'y a aucun problème. Tout est parfaitement normal. Jenna est son épouse, il est notre mari. Je devrais m'être faite à l'idée. Il fallait bien qu'un jour, j'aie un aperçu de ce qui se passe derrière les portes de mes sœurs. Mais je ne peux rien contre la rougeur cuisante qui me monte aux joues, et je vois bien que Harry est tout aussi mal à l'aise .
— Bonjour, réponds-je, surprise de ne pas bafouiller.
— Il est tôt ; tu devrais essayer de retourner dormir, me conseille-t-il en posant un baiser furtif sur mes lèvres avant de filer dans le couloir.
Quand je reporte mon attention sur Jenna, elle est en train d'arpenter la chambre et éteint les bougies. Son corps est couvert d'une pellicule de sueur luisante ; des mèches de cheveux trempés sont collées à son visage ; sa chemise de nuit est mal reboutonnée. Je ne l'ai jamais vue sous ce jour-là, sauvage, belle : d'ordinaire, Harry doit être le seul à jouir de ce spectacle.
Je repousse une onde de jalousie, que je juge évidemment absurde. Je n'ai aucune raison de me montrer jalouse. Bien au contraire, elle me rend un fier service en accaparant ainsi l'affection de Harry.— Ça pue, tu ne trouves pas ? fait-elle. On dirait l'intérieur d'un sac en cuir. Harry trouve que ça crée une ambiance.
— Il est resté longtemps ? demandé-je d'un ton mesuré.
— Oh ! toute la nuit, répond-elle en se vautrant sur son lit. J'ai bien cru qu'il ne partirait jamais. Selon lui, plus on essaie dans un tas de positions différentes, plus j'ai de chances de tomber enceinte.
Je m'efforce de ne pas rougir. Le Kamasutra, un des livres préférés de Cecily, est ouvert sur le sol.
— C'est ce que tu souhaites ?
Elle émet un reniflement méprisant.
— Enfler comme une baudruche, comme cette pauvre Cecily ? Sans façon. Mais qu'y puis-je ? Et de toute manière, j'ignore pourquoi il n'arrive pas à me mettre en cloque. Ça doit être ma bonne étoile. (Elle tapote le matelas à côté d'elle, m'invitant à la rejoindre.) Et toi, ça va ?
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Éphémère (H.S)
FanfictionL'humanité croyait son avenir assuré. La science avait créé des enfants parfaits, immunisés contre toutes les maladies. Mais qui pouvait imaginer l'en prix à payer? Car désormais, personne ne survit au delà de 25 ans. Le monde a changé. Pour les jeu...