Le personnel afflue en nombre. Il y a tellement de gens qui entrent dans la chambre de Cecily et qui en sortent qu'on dirait une fourmilière. Maître Des est là, et Harry fait les cent pas sur le palier. Jenna et moi sommes reconduites à nos chambres, et je reste assise devant ma coiffeuse, trop sonnée et inquiète pour songer à dormir.
Aurais-je dû indiquer à Harry combien elle avait l'air mal en point, le lendemain de la fête ? Il m'aurait écoutée. J'aurais dû lui rappeler qu'elle est encore une enfant. Ce genre d'évidence lui échappe totalement, et j'aurais dû intervenir.
Est-ce qu'elle saigne ? Est-ce quelle se meurt ? Elle avait l'air en pleine forme tout à l'heure.
Je presse mon oreille contre la porte, tâchant de saisir quelque chose dans le brouhaha confus qui règne dans le couloir. Quand le battant s'ouvre, je manque de m'écrouler. Niall est sur le palier.
- Désolé. Je ne voulais pas vous faire peur, s'excuse-t-il à voix basse.
Je m'écarte pour le laisser entrer, et il referme la porte derrière lui. Cela fait bizarre de le voir ici, dans ma chambre, sans plateau à la main.
- Je voulais m'assurer que vous alliez bien, dit-il.
Il n'y a pas trace d'amertume dans sa voix. Ses yeux bleus ont leur lueur familière, paisible, sans la touche de ressentiment que j'y ai vue tout à l'heure. Peut-être a-t-il oublié sa rancœur pour un instant seulement, mais je suis si soulagée de le voir ainsi que je le prends dans mes bras.
Il commence par se raidir sous le choc, puis il se détend et m'étreint à son tour, son menton appuyé sur le sommet de mon crâne.
- C'est affreux, dis-je.
- Je sais, répond-il, et je sens ses bras se détendre.
Je n'ai jamais été si proche de lui. Il est plus petit et plus menu que Harry, si frêle qu'il semble toujours sur le point de s'envoler. Je reconnais sur lui l'odeur des cuisines, qui me rappelle le bruit et l'énergie de tout ce qui s'y mitonne.
- Non, vous ne savez pas, affirmé-je, prenant un peu de recul pour le regarder. Une brume diffuse brouille ses traits ; il est visiblement sous le coup de l'émotion.
-Il n'y a pas que Cecily. Ce mariage nous fait toutes souffrir. Jenna le déteste, vous savez. Et je sais bien qu'Harry me voit comme si j'étais Rose. C'est la seule défense dont je dispose, mais c'est aussi épuisant, la nuit, de l'avoir à mon côté, en train de marmonner son prénom dans son sommeil. On dirait qu'il m'efface un peu plus chaque jour.
- Il ne pourra jamais vous effacer, me rassure Niall.
- Et vous, ne m'appelez plus jamais Lady Rhine. J'ai entendu l'effet que ça produit pour la première fois aujourd'hui, et je déteste ça. C'est épouvantable.
- Entendu. Je suis désolé. Ce qui se passe entre vous et le gouverneur domanial ne me regarde en rien.
- Ce n'est pas ça ! crié-je, le tenant fermement par les épaules.
Je baisse d'un ton, au cas où quelqu'un serait à portée de voix dans le couloir.
-Il gèlera en enfer avant qu'Harry Styles dispose de moi comme il l'entend, d'accord ?
Je suis sur le point de continuer sur ma lancée. De lui parler de mon plan d'évasion, mais je décide de n'en rien faire. Pour l'heure, cela doit rester mon secret.
- Vous me croyez ? dis-je.
- Je n'ai jamais cru le contraire. Mais le voir ainsi dans votre lit, je... je ne sais pas. Ça m'a déconcerté.
- Pas autant que moi, vous pouvez en être sûr.
Je ris un peu, et il m'imite. M'éloignant, je vais m'asseoir au bord du matelas.
-Alors, qu'est-ce qu'elle a, Cecily ?
Il secoue la tête.
- Je n'en sais rien. Maître Des est avec elle, ainsi que plusieurs docteurs de la maison.
II voit mes traits s'affaisser.
Mais écoutez-moi. Je suis convaincu qu'elle va bien. Si c'était sérieux, ils l'auraient transférée dans un hôpital, en ville.
Je regarde mes mains posées sur mes genoux et laisse échapper un soupir.
- Je peux vous apporter quelque chose ? demande Niall Du thé, peut-être ? ou des fraises ? Vous n'avez pratiquement rien mangé au dîner.
Je ne veux ni thé ni fraises. Je ne veux pas que Niall soit mon domestique. Là tout de suite, je veux qu'il s'asseye à côté de moi, qu'il soit mon ami. Je veux savoir que cela ne lui vaudra aucune punition. Je veux que nous soyons libres, lui et moi.
Si jamais j'arrive à échafauder un plan d'évasion, il pourrait venir avec moi. Je suis sûre qu'il aimerait le port de Manhattan.
Mais comme je ne sais pas par quoi commencer sans apparaître faible, tout ce qui me vient à l'esprit, c'est :
- Parlez-moi de vous.
- De moi ?
Il a l'air troublé.
- Oui, dis-je en tapotant le matelas.
- Vous savez tout ce qu'il y a à savoir, répond-il en s'asseyant près de moi.
- Ce n'est pas vrai. Où êtes-vous né ? Quelle est votre saison préférée ? Dites-moi tout.
- Ici. En Floride. Je me rappelle une femme en robe rouge, aux cheveux bruns bouclés. C'était peut-être ma mère, mais je ne suis pas sûr. Et l'été. Et vous ?
Il prononce ces dernières paroles en souriant. Cela arrive si rarement que je considère chacun de ses sourires comme un trophée.
- L'automne est ma saison préférée.
Je lui ai déjà parlé de Manhattan, et de la mort de mes parents quand j'avais douze ans.
Je réfléchis à une autre série de questions lorsqu'on frappe à la porte. Niall se lève et efface les plis du couvre-lit, là où il se tenait assis. J'attrape un verre vide sur ma table de nuit, au cas où il faudrait prétexter que je lui demandais de le remplir pour moi.- Entrez, dis-je.
C'est Ellie, la domestique de Cecily. Ses yeux lancent des éclairs d'excitation.
- Devinez ce que je viens vous apprendre. Non, vous ne trouverez jamais. Cecily attend un enfant !
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Surprise !!! Votre réaction?
Et vous, vous êtes nés où? Quel est votre saison préférée? :)
Je pars pour la Désirade (une île des Caraïbes à côté de chez moi 😚) et reviens dans 4 jours avec un nouveau chapitre :) BONNE VACANCES !!!!Avis? Vote? Suite à 5 votes?
Réécriture ©MorganeBie
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Éphémère (H.S)
FanfictionL'humanité croyait son avenir assuré. La science avait créé des enfants parfaits, immunisés contre toutes les maladies. Mais qui pouvait imaginer l'en prix à payer? Car désormais, personne ne survit au delà de 25 ans. Le monde a changé. Pour les jeu...