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Après cela, il n'est plus question d'évasion entre Rose et moi. Elle me préfère aux autres épouses, qui ne lui ont jamais ne serais ce adressé la parole. Jenna parle le moins possible; quant à Cecily, elle m'a demandé plus d'une fois pourquoi je ''enquiquine à fréquenter l'époque mourante d'Harry.
"Quand elle mourra, il s'occupera plus de nous", répète-t-elle, et on jurerait qu'elle n'attend que ça. Cela me dégoûte de voir à quel point la vie de Rose lui importe si peu, mais en ça, elle n'est pas si différente de mon frère, et des propos qu'il a tenus lorsque nous avons découvert une orpheline morte de froid sous le porche, l'hiver dernier.

Quand je l'ai vu, j'ai pleuré comme une madeleine, amis mon frère c'est contenté de dire qu'il n'y avait pas urgence à déplacer le corps, qu'il dissuaderait les autres de venir nous calbriolé. "On a tellement bien bossé sur les serrures qu'ils crèvent sans pouvoir entrer", avait-il ironisé. Nécessité. Survie. Eux ou nous. Quelques jours plus tard,q au d j'ai suggéré qu'on enterre le corps - celui d'une fillette en manteau râpé - j'ai dû l'aider à le jeter dans une benne. "Tu es trop sentimentale.Ça fait de toi une cible facile."

Et bien, peut-être pas cette fois, Zayn. Le fait d'être sentimentale peut au contraire jouer en ma faveur: nous passons de longues heures à bavarder, Rose et moi, et j'apprécie grandement nos conversation, certaine qu'il y a là l'occasion d'en apprendre le plus possible sur Harry afin de gagner ses faveurs.

Mais alors que les jours se transforment en semaines, je sens une authentique amitié naître entre Rose et moi, chose que je devrais fuir, puisqu'elle est mourante. Mais qu'y puisse je? J'apprécie sa compagnie. Elle me parle de ses parents, qui étaient de la première génération et ont péri dans un genre d'incidents quand elle était petite; c'étaient des mais proches du père d'Harry, et c'est ainsi qu'elle a déménager dans ce manoir et qu'elle est devenue sa femme.

Elle me parle également de la mère de Harry, jeune seconde épouse de Maitre Des, morte en le mettant au monde.
Des, trop absorbé par ses recherches, obsédé par la survie de son fils, ne s'est jamais donné la peine de reprendre une autre femme.
On aurait critiquer pour cela, selon Rose, s'il n'était qu'un patricien si compétent, si dévoué à son travail; il possède une clinique très en vue, en centre-ville, et figure partie les meilleurs généticiens de la région. Elle m'apprend que le fils aîné de Des a vécu vingt-cinq ans, et qu'il était déjà mort et enterré quand Harry est né.

Cela me fait au moins un point commun avec mon mari de fraîche date. Avant que nous naissions, mon frère et moi, mes parents avaient eu deux autres enfants, des jumeaux eux aussi, nés aveugles et muets. Dotés de membres atrophiés, ils n'ont pas vécu plus de cinq ans. Les anomalies géniques de ce type sont rarissimes chez les enfants issus de la première génération, mais il s'en produit parfois. Visiblement, mes parents se sont révélés incapables d'avoir une progéniture sans bizarrerie génétiques, même si je leur sais gré de mon hétérochromie; elle m'a peut-être épargné une balle dans. La tête, à l'arrière de cette camionnette de cauchemar.

Rose et moi parlons aussi de choses plus gaies, comme la floraison des cerisiers. J'en suis même venue à lui faire assez confiance pour lui parler de l'atlas de mon père, et ma déception de ne pas avoir connu un monde "intact".
Tout en me tressant les cheveux, elle me confie que si elle avait pu choisir où vivre sur cette planète, elle aurait opté pour l'Inde. Elle aurait alors porté des saris et se serait littéralement couverte de tatouage au henné, paradant peut-être d as les rues sur le dos d'un éléphant serti de mille joyaux.

Je peins ses ongles de rose, et elle colle sur mon front des bijoux fantaisie.

Puis, un après-midi, alors que nous sommes allongées côte à côte et nous gavons de bonbons colorés, n'en pouvant plus, je lâche:

-Rose, comment peux-tu supporter cela?

Elle tourne la tête pour me regarder; sa langue est pourpre, et elle répond:

-Quoi donc?

-Ça ne te dérange pas qu'il soit remarié, alors que tu vis encore?

Elle sourit, contemple le plafond et joue avec un papier de bonbon.

-C'est moi qui lui est demandé. Je l'ai persuadé que ce serait plus facile, avec des nouvelles épouses déjà à demeure. D'ailleurs, on commençait à l'embêter avec ça, en société. La plupart des gouverneurs domaniaux ont aux moins trois épouses, parfois sept - une pour chaque jours de la semaine.

C'est tellement absurde qu'elle se met à rire, étouffant un début de toux.

-Mais pas mon Harry. Maitre Des lui rebat les oreilles avec ça depuis des années et il a toujours refusé. Il s'y est finalement résigné, à condition de choisir lui même. Car avec moi, il n'avait pas eu son mot à dire.

Sa voix est calme, posée; Rose affiche une sérénité déconcertante. Je m'inquiète à l'idée de devenir la nouvelle favorite de Harry à cause de ma vague ressemblance avec elle. C'est une jeune femme si brillante, si bien élevée; je me demande si elle n'a pas deviné que je n'aimerais jamais son Harry, pas à sa façon à elle, en tout cas, tout comme il n'aimera jamais personne comme il l'aime. Je me demande enfin si elle assimile le fait qu'en dépit des efforts qu'elle déploie pour me former, je ne pourrai jamais la remplacer.

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Chapitre court, je sais mais je découpe en générale les chapitre du livre en fonction du suspense donc ne m'en voulez pas trop :)

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Réécriture ©MorganeBie

Éphémère (H.S)Où les histoires vivent. Découvrez maintenant