14 "Hannah" ( Suite )

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Je me suis souvenue que Matt m'avait demandé si j'avais des projets pour la fête nationale. Cette idée le préoccupait déjà la veille ?
- Tiens, c'est juste une idée mais comme tu n'as rien de prévu... tu veux venir chez moi ? Ça ne dérangera pas du tout ma famille, et je te promets qu'ils ne sont pas tous aussi timbrés que ma s...
- Oui, super, a répondu Matt en fixant le mur.
Sans m'y attendre, j'ai éprouvé une nouvelle vague de pitié à son égard. Il espérait que je l'invite, ai-je alors compris, mais il ne se serait jamaisimposé. Il avait admis ne pas avoir d'amis, ça me revenait à présent. Si je ne l'avais pas invité, qu'aurait-il fait ? Je l'ai imaginé seul sur son balcon.
- Matt, ai-je dit en l'enlaçant. (Il m'a soulevée et, les pieds dans le vide, j'ai poussé un cri perçant.) Tu pouvais demander. Je n'ai pas envie de passer la journée sans toi, moi non plus.
- Hannah... il y a tellement de choses que j'aimerais te dire.
Il m'a pressée contre son torse et a déposé un baiser sur ma tempe. J'aurais donné n'importe quoi pour voir son visage - peut-être y lire l'origine de son désœuvrement ? - mais j'étais dans le vide, la tête engloutie dans son cou.
Nous avons déjeuné en ville. Ensuite, Matt s'est arrêté chez le fleu-riste pour acheter deux bouquets de lis. Il m'en a fourré un dans la main.
- Des fleurs, a-t-il marmonné.
- Je vois ça, ai-je dit en lui faisant un petit baiser sur la joue. C'est vraiment adorable. Tu es gentil, et un peu bizarre. Merci, Matt.
- Mouais. Tu crois que je devrais apporter quelque chose ? Un truc à manger ? Une salade de pommes de terre ? Des beignets ?
J'ai reconnu son air agité, le même qui animait son regard quand il m'avait emmenée dîner à Boulder, le même qu'il affichait pendant que j'inspectais son appartement. Matt en mode anxieux.
Je commençais à découvrir quelques facettes de sa personnalité, même si je ne les comprenais pas.
Tout d'abord, il était particulièrement à l'aise dans sa voiture. Dans n'importe quel cadre un tant soit peu social, son attitude assurée se transformait comme par magie et il devenait mal à l'aise au point d'éviter tout contact visuel, de fixer son téléphone et de faire tinter ses clés dans sa poche.
Je suis revenue à l'instant présent.
- Pas la peine d'acheter à manger, détends-toi. Ce n'est pas une réunion formelle, Matt. On va juste passer un bon moment.
- Un bon moment, a-t-il répété.
- Oui, tranquille. Si tu n'es pas à ton aise, nous irons nous cacher dans ma chambre.
Un petit sourire a flotté sur ses lèvres.
- Nous cacher, ai-je répété avec insistance. Tu ne me sauteras pas dessus au risque de m'embarrasser devant ma famille.
- Je sais me tenir.
Je me suis efforcée de ne pas penser à la litanie de grossièretés qui franchissait ses lèvres dès que nous nous touchions.
Tu es ma salope, Hannah.
J'adore la couleur de ta chatte.
Plus fort, Hannah.
Je bande pour toi.
Hors de question que je débarque chez moi le string trempé.
- J'ai des doutes, ai-je dit.
- Alors je vais considérer cette journée comme une occasion de te le prouver.
Réfugié dans sa voiture fortifiée, Matt avait la raillerie facile.
- Enfin bref, je suis capable d'échanger des plaisanteries. Je ne vais pas aller me planquer dans ta chambre. Je suis décontracté. Je suis comme ça quand je me détends.
Détendu, mon œil. Matt était de plus en plus agité à mesure que nous approchions de la destination. Il ricanait et réglait le rétroviseur toutes les deux minutes. Ses doigts tapotaient le volant.
Et il a accéléré devant ma maison.
- C'est là, chez moi, ai-je dit en le regardant.
- Mmm...
Matt a conduit comme s'il avait le feu aux trousses jusqu'à l'épicerie la plus proche, où il a entrepris d'acheter une quantité démesurée de salade de pommes de terre et de chips.
- Arrête de prendre des trucs ! ai-je grondé tandis qu'il m'entraînait dans les allées.
- Ça m'aide, a-t-il rétorqué.
Tout compte fait, je n'avais plus qu'à rire devant Matt qui comparait les différentes marques de chips en marmonnant dans sa barbe, la pile grossissant entre ses bras.
Ma mère est restée sans voix en nous voyant arriver. Comment le lui reprocher ? Daisy aboyait et bavait d'excitation, j'avais quatre bols de salade de pommes de terre dans les bras, et j'étais accompagnée par un étranger grand et beau portant trois sacs de chips, deux bocaux de sauce épicée et un bouquet de lis, qu'il a eula délicatesse de ne pas ficher entre les mains de ma mère. C'était la première fois que j'amenais à la maison un garçon qui offrait des fleurs à ma mère.
Matt se l'est rapidement mise dans la poche. Tout en le remerciant avec effusion pour les fleurs et la nourriture, elle me lançait des regards lourdement significatifs. Je savais bien ce qu'elle avait en tête. Ma mère nous tannait régulièrement, ma sœur et moi, pour qu'on « ne commette pas les mêmes erreurs qu'elle » et qu'on « épouse un homme riche ». Matt sentait l'argent à plein nez, même dans sa tenue décontractée. Son short ? Hugo Boss. J'avais cherchél'étiquette au cours de l'une de nos tentatives infructueuses de nous habiller.
Chrissy a surgi dans la cuisine. Matt caressait Daisy, qui avait posé la tête sur ses genoux et geignait en agitant la queue à la vitesse de l'éclair. C'était surréaliste de voir l'effet que produisait le magnétisme de Matt sur ma famille, même sur le clébard. Au moins, je n'étais pas la seule à le ressentir.
- Salut les gosses ! s'est écrié Chrissy avec un grand sourire.
- Salut, ai-je dit avec un regard égal. Merci d'avoir vérifié si j'allais bien. - Je... n'ai pas essayé de te joindre. - C'est ce que je veux dire.
- Oh, allez, a-t-elle fait en me donnant un coup de hanche. Je ne voulais pas interrompre vos galipettes diurnes.
J'ai cru que Matt allait s'étrangler, mais peut-être a-t-il étouffé un rire. Les yeux de ma mère se sont illuminés. Les joues en feu, j'ai tiré Chrissy vers le jardin.
- Et si on interdisait les sous-entendus sexuels devant maman ? (J'ai levé les yeux au ciel.) Et pour que tout soit clair, ça inclut les galipettes du soir, du matin et de l'après-midi.
Chrissy est restée bouche bée. Elle ne l'avait pas volé.
Pendant la journée, observer Matt chez moi a été un pur plaisir, sans que je sache vraiment pourquoi. Dès qu'il a serré la main de mon père, ilsse sont lancés dans une conversation sur les cours de la Bourse. Même moi, je n'arrivais pas à attirer l'attention de Matt. Mon père lui a proposé une bière, qu'il a poliment refusée, mais plus tard, Matt m'a apporté une bouteille.
- J'aurais dû apporter un pack de bières, a-t-il murmuré.
Le nez froncé, il m'a tendu ma bière. Quand nos doigts se sont frôlés, un frisson m'a traversée. Nos regards se sont croisés. Avait-il ressenti la même décharge électrique.
- Désolée que la bière de ma famille ne te convienne pas.
- C'est sans espoir. Au moins, je n'en bois pas.
- Le snob est de retour.
- Ça aussi, c'est sans espoir.
J'ai ri en lui donnant un coup de coude. Je sentais que ma mère, mon père et Chrissy nous observaient. Lorsque j'ai levé les yeux, ils ont aussitôt vaqué à leurs occupations, ma mère mettant la table, mon père s'occupant du barbecue et Chrissy essayant de tendre une rallonge pour installer le lecteur CD dans le jardin.
Ma mère s'est donné du mal pour faire sortir mon frère du sous-sol. Jay est arrivé en boudant, un frisbee à la main. Matt a fait un grand sourire en le voyant.
- Oh, un frisbee ! s'est-il exclamé en allant à la rencontre de mon frère.
Je voyais bien qu'il s'efforçait d'avoir l'air nonchalant. Trop mignon. Matt a pris le frisbee des mains de mon frère, a enlevé ses tongs et traversé lapelouse au petit trot. Jay semblait reconnaissant d'échapper à des présentations en bonne et due forme.
La table était prête, mon père faisait griller la viande et Chrissy dansait outrageusement dans l'herbe. Ma mère est sortie de la maison pour allumer des bougies à la citronnelle. Accoudée à la balustrade, je regardais Matt jouer au frisbee avec mon frère. J'avais du mal à y croire, et encore plus quand Matt a imité mon frère et s'est mis torse nu. Adonis en action. Il se déplaçait avec une grâce naturelle, ses longs membres s'étirant en souplesse pour rattraper le frisbee, et chaque fois qu'il bondissait dans les airs, son short descendait plus bas sur ses hanches. Le faisait-il exprès ? Je n'arrivais pas à détacher mon regard de lui - malgré tous mes efforts. J'ai rejeté mes cheveux en arrière en me déhanchant. Je me suis penchée en avant pour faire ressortir mon décolleté. J'ai même essayé de faire onduler mes seins. Rien.
Il était aussi terrible que Daisy dans sa façon de bondir vers le frisbee comme si rien d'autre n'existait. Tiens, et si je m'amusais moi aussi ? Je suis allée me changer, choisissant un short en jean déchiré et un soutien-gorge de maillot de bain bleu. De retour à l'extérieur, je me suis replacée derrière la rambarde en faisant comme si je prenais un bain de soleil.
Rien.
Matt a ri quand Jay et Daisy sont entrés en collision. Mais c'était quoice bordel ? Il suffisait d'un frisbee pour que je n'existe plus ? Chrissy m'a tirée par le bras.
- C'est l'heure de ton cours de danse, a-t-elle annoncé. Ne résiste pas, Hannah, je t'avais prévenue. Et là, le moment est bien choisi.
J'ai d'abord refusé. Je n'étais pas du tout d'humeur à me ridiculiser devant Matt. Mais après tout, pourquoi serais-je ridicule ?
- Ouais, ai-je dit avec un sourire hésitant. D'accord, apprends-moi à twerker.
Ravie, Chrissy m'a emmenée sur la pelouse, près du lecteur de CD. Le hip hop a fait vibrer les hauts parleurs. Elle a commencé par me faire une démonstration, les mains sur les genoux, son derrière rebondissant enrythme, puis après avoir correctement placé mes bras et mes jambes, elle m'a appris les mouvements. C'était étonnamment facile. Une fois les bases acquises, elle m'a montré comment faire onduler mon corps pour remuer mes fesses comme de la gelée. Je sentais mon short remonter.
- C'est génial ! ai-je crié bien plus fort que nécessaire.
Au moment où j'ai jeté un œil derrière mon épaule, j'ai vu Matt me regarder bouche bée. Le disque a volé au-dessus de sa tête, le manquant de peu. Gagné.
Par chance, mes parents sont des gens discrets, si bien que pendant le repas, personne n'a questionné Matt sur sa vie professionnelle, ou sur sa vie en général. De plus, mon coursde twerk a eu plus d'effet que je ne l'avais escompté. Dès que je levais la tête, je surprenais le regard de Matt sur moi. Il a glissé ses pieds nus sur les miens. Voilà, je l'avais bien cherché.
Lorsque ma mère et Chrissy ont commencé à débarrasser la table, Jay a disparu à l'intérieur. Mon père est parti triturer le barbecue, évitant ainsi de participer au nettoyage.
Oh, cette façon qu'avait Matt de contempler mon petit haut de maillot de bain bleu...
- Tu ne voudrais pas me faire visiter ? a-t-il proposé d'une voix calme.
Nouvel élément sur Matt : ce regard noir et circonspect ne signifiait qu'une chose. Il n'allait pas tarder à me baiser.
Je l'ai emmené faire le tour de la maison. Je me suis attardée à l'étage où se trouvait ma famille, tandis que Matt me suivait patiemment. Chose étonnante, tout paraissait l'intéresser. Il a souri devant la photo de moi à cinq ans, avec mes couettes bouclées.
- Le tout petit oiseau, a-t-il dit en effleurant le cadre.
Nous nous trouvions au salon, seuls. J'ai fiché les mains dans les poches arrière de mon jean.
- Eh oui. Voilà, tu as fait le tour de notre maison douillette.
Matt avait un petit sourire en coin.
- Montre-moi ta chambre, a-t-il dit en se rapprochant de moi. (Quand il a saisi mes seins, j'ai retenu monsouffle. J'ai plaqué la main sur ma bouche. Dans la pièce voisine, j'entendais ma mère chantonner en chargeant le lave-vaisselle.) Sauf si tu préfères le faire ici.
Matt ne bluffait pas. Il a fait coulisser le triangle de tissu sur le côté de mon sein, et a frotté son pouce sur la pointe. J'ai reculé en titubant.
- D'accord, c'est bon ! ai-je chuchoté en remettant mon soutien-gorge en place.
- En bas, tout de suite!
Comme Matt a éclaté de rire, je l'ai faussement regardé de travers. Me donner des ordres sous mon propre toit ! Il n'avait aucune limite, et j'aurais dû le savoir à ce stade. J'aurais également dû me douter que j'allaispayer pour l'avoir aguiché en dansant, mais peut-être que je le savais au fond de moi. Peut-être que c'était précisément la raison pour laquelle je m'étais trémoussée dans le jardin.
Je le voulais chez moi.
Je le voulais dans ma chambre, débordant de désir.
Je le voulais partout, encore et encore.

Voilà voilà je suis vraiment navré pour l'attente je mes les chapitre au fur et à mesure sa sera mieux ✔

Long NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant