7"Matt"

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Viens chez moi. Je passe te prendre. J'ai besoin de toi.

J'ai regardé le message que je venais de composer. Je l'ai effacé. Je l'ai réécrit, et encore effacé. Je n'arrivais pas à réfléchir.

J'ai traversé fiévreusement mon appartement en ôtant mes vêtements, baissant mon jean et mon caleçon pour dégager mon érection.

- Hannah, mon Dieu, Hannah, ai-je murmuré

emplissais les pièces de mon appartement de mes plaintes tourmentées. Je me suis tiré les cheveux, juste pour sentir la douleur, debout dans la cuisine plongée dans l'obscurité. J'ai tendu les bras de part et d'autre de l'encadrement de la porte de ma chambre.

Je savais déjà que j'allais la voir. Que je la verrais ce soir.

Et tandis que j'arpentais l'espace, rongé par le tourment, une partie de moi était restée paralysée sur la pelouse en face du Lot 49. Qui sait ce que je faisais là, en pleine nuit, avec mon lapin ? Je croyais avoir plusieurs heures à tuer avant qu'Hannah ne m'appelle.

J'avais installé le petit harnais et la laisse sur Laurence, et je l'avais porté jusqu'à l'espace vert le plus proche, où je l'avais laissé faire un peu d'exercice - et c'est là que je l'avais vue. Elle dansait. À travers la devanture vitrée du Lot 49, elle apparaissait et disparaissait dans la foule de la piste de danse. Les mains en l'air. Ses longues boucles brunes reconnaissables entre toutes fouettaient son dos et sa jupette tournoyait autour de ses hanches. Son beau visage était tourné vers le ciel, ses yeux fermés. Avait-elle le même visage quand elle jouissait avec moi ?

Hannah.

J'étais incapable de m'en aller. Incapable de détourner le regard. Je me laissais absorber par l'image de ses cuisses puissantes, de sa taille toute fine et de ses fesses rondes.

Quelles étaient les chances qu'elle se rende dans ce bar, à quelques pas de chez moi ? Je l'ai perdue de vue dans l'endroit mal éclairé. Hannah dans son string soyeux, à quelques pas de moi. J'étais pris du désir de tenir ce sous-vêtement entre mes doigts. J'avais besoin d'un contact intime. Cette idée suffisait me faire frémir malgré la chaleur de cette nuit d'été. J'ai sombré dans le fantasme et, tout à coup, la voix d'Hannah, douce et familière, s'est adressée à moi. Je n'osais pas parler, de crainte qu'elle reconnaisse ma voix. J'osais à peine la regarder. Mes yeux auraient clairement révélé mon identité. Et cette proximité. Nos genoux se cognant. Je sentais son pouls à son poignet. Je voyais sa poitrine se soulever sous son débardeur ample à perles. Rien d'autre n'existait plus. Le monde se résumait à moi et à Hannah et à l'électricité qui passait entre nous. Je voyais qu'elle le sentait à ses sourcils froncés. Ce n'est qu'en faisant appel à toute ma volonté que j'avais réussi à ne pas dire son nom - et à ne pas la prendre dans mes bras quand elle s'est penchée vers moi. Que m'arrivait-il, à la fin ?

Mon membre était déjà suffisamment tendu pour percer un trou dans la cloison. Au lieu de ça, j'ai fumé une cigarette en me concentrant sur la photo de Bethany et moi à Miami Beach. Je me suis obligé à la regarder longuement. Sans me chercher d'excuses. Après tout, je pouvais me dire tout ce que je voulais à pro- pos de Bethany - qu'elle était étouffante, qu'elle était comme une deuxième mère, qu'elle me harcelait sur mon travail d'écriture plus que dix Pam réunies - rien ne justifierait ce que je m'apprêtais à faire. À une époque, j'avais voulu Bethany. Assez pour l'inviter à venir vivre chez moi, et pour partager sa vie pendant deux ans. Mais je voulais Hannah plus fort, et il n'y avait rien à ajouter.

J'ai pris une longue douche, mes valseuses congestionnées me faisaient souffrir le martyre. Je ne me suis pas parfumé. Je me suis brossé les dents, séché les cheveux à la serviette et j'ai pris tout mon temps pour m'habiller, jetant finalement mon dévolu sur un jean foncé et un tee-shirt noir à encolure en V. Je croisais mon regard dans le miroir à la moindre occasion.

Tu es en train de le faire. Tu la désires. Tu la prends.

J'ai fait les cent pas dans le but de recouvrer mon calme. Plus que tout, je tenais à être l'homme tranquille et assuré qu'Hannah avait rencontré par téléphone, à l'époque où tout cela n'était encore qu'un petit jeu anodin. À l'époque ? Un jour en arrière. Merde. Comment les choses s'étaient-elles emballées aussi vite ?

Le temps que je quitte le parking au volant de ma voiture, il s'était écoulé une heure et demie. Hannah avait appelé deux fois et envoyé un message.

Tu me manques, Matt.

Je n'arrivais pas à trouver une seule chanson que j'aie envie d'écouter. J'ai conduit sans musique et tué une autre demi-heure à rouler dans les rues familières de Denver. Me donnais-je le temps de changer d'avis ? Si je devais le faire, autant être certain de ne pas commettre une erreur. Je refusais de faire d'Hannah une erreur.

À minuit et demi, j'ai entré l'adresse d'Hannah dans mon GPS et quitté la ville avec une pointe de regrets. L'atmosphère froide de Denver était peut-être tout ce qui avait empêché le tourbillon de mes émotions de prendre le dessus. Le désir. La colère. La confusion. La peur.

J'ai facilement localisé son domicile. La rue était sombre.

D'après ce que je voyais, la maison était ancienne et vaste, bâtie dans le fond d'un grand jardin et entourée d'arbres. J'ai coupé le contact. Voilà que je me trouvais super flippant, garé devant la maison d'Hannah sans y avoir été invité. Mais elle souhaitait me rencontrer. Et je lui manquais. Et elle avait parlé de leur politique de la porte ouverte qui, je l'espérais, n'expirait pas à minuit. Ce n'est qu'alors que j'ai craint qu'Hannah dorme déjà. Les lumières de la maison étaient éteintes. Comme celles de la plupart des autres résidences de la rue. En plus, elle avait eu une longue journée. Je pensais à Hannah dans son lit. Hannah couchée sur le dos, endormie dans sa nuisette et son string, ses magnifiques seins se soulevant lentement, ses jambes repliées et écartées. Ou Hannah sur le ventre, avec son derrière en l'air, en forme de cœur.

Je pourrais grimper sur elle, la réveiller d'un baiser. Frotter mon corps contre le sien. J'ai senti un élancement entre mes jambes. J'ai baissé les yeux vers mon sexe.

- T'emballe pas, ai-je grommelé.

Putain... c'était ça, ma vie ? J'en étais à traquer une fille rencontrée sur Internet, garé devant chez elle à minuit, tout en parlant à ma queue ? J'ai baissé le rétroviseur pour me regarder dans le miroir. Mon reflet m'a fait rire. Même si je flippais, j'avais la même tête que d'habitude : l'air las, troublé, furieusement impatient. Et cent pour cent salopard. J'ai adressé un petit sourire à mon image.

- Très bien, ai-je dit. Message reçu.

J'ai pris mon téléphone et envoyé un message à Hannah

A suivre....

Première épisode fini. Je vous mettrait le deuxième épisode se soir ✔

Long NightOù les histoires vivent. Découvrez maintenant