Nate m'a retenue alors que je descendais au sous-sol.
- Hannah, je ne sais pas si nous aurons une autre occasion de discuter. Sans Matt dans les parages.
Il a agité la main en riant. Il avait l'air contrit. Depuis cinq jours, j'avais l'impression que Nate me faisait passer le test du frère - pour vérifier si j'étais assez bien pour Matt, ou assez dérangée. Chaque conversation sur mon travail et mes centres d'intérêt ressemblait à un interrogatoire, il était distant et taciturne.
Et quand nous avons nettoyé le chalet, Nate s'arrêtait de temps à autre devant le fatras pour déclarer « Matt est comme ça ». Il employaittoujours le même ton - intransigeant, presque fier - et je comprenais très bien où il voulait en venir.
Matt est comme ça, c'est à prendre ou à laisser.
Nate n'avait pas compris que les dés étaient jetés.
Ensuite, quand Matt a refusé de me voir à l'hôpital et que je suis restée pour ranger le chalet et les affaires de Matt, l'attitude de Nate a changé. Il a commencé à évoquer plus ouvertement les abus de Matt. J'ai appris qu'il s'était déjà désintoxiqué six fois. Il retournait régulièrement à l'hôpital ou en cure de désintoxication. Il avait également été convoqué plusieurs fois au tribunal pour possession de substances illicites, ivresse sur la voie publique et conduite en état d'ivresse. À chaque fois, l'avocat de la famille l'avait habilement soustrait aux accusations. Nate m'a raconté des tas d'anecdotes sur Matt. Des histoires amusantes. Des histoires terrifiantes. J'ai bu ses paroles. Je comprenais que Nate aimait excessivement son frère, et que nous avions cela en commun.
Je me suis arrêtée, la main sur la poignée de la porte.
- D'accord, qu'y a-t-il ? ai-je répondu.
Je venais de passer une demi-heure en grande conversation avec la nièce de Matt, puis avec la femme de Nate, pour finir par admirer la collection de Lego d'Owen. J'avais hâte de retrouver Matt.
- Rien de spécial.
Nate a déboutonné son col. Ses réserves d'énergie semblaient inépuisables. Après une semaine passée à prendre l'avion, à conduire, à faire le ménage et les bagages, il n'avait même pas l'air fatigué.
- Ce n'est pas la première fois que je le vois dans cet état. C'est important qu'il prenne ses médicaments.
- Je sais. J'y veillerai.
- Ça ne va pas être facile pendant un certain temps, Hannah. En général, il lui faut du temps pour vraiment décrocher.
- De l'alcool ? ai-je demandé, intriguée.
Je manquais d'expérience pour accompagner Matt dans sa période de sevrage, mais j'étais motivée.
- Oh, non, ça m'étonnerait qu'il boive. C'était juste une réaction.
Juste une réaction. À mon erreur. C'est de ma faute.
- Je veux dire par là qu'il risque de ne pas être comme avant, pendant un moment, mais vous l'avez sûrement remarqué.
J'ai acquiescé.
- Il n'est pas à votre charge, a poursuivi Nate.
Je vais réserver vos billets d'avion pour demain, si je peux, mais si c'est trop tôt... (Il a froncé les sourcils. C'était rare qu'il cherche ses mots.) Je veux dire, vous avez agi comme je l'espérais, Hannah. Même mieux. N'ayez pas l'impression... enfin, vous savez qu'il peut rester ici un moment. Je serais heureux qu'il reste ici, je ferais n'importe quoi pour lui.
Son regard était fixé sur la grande baie cintrée au-dessus de la porte d'entrée. Le soleil de l'après-midi réchauffait son visage. En cet instant, devant sa patience et son air grave, j'ai été convaincue de sa sincérité. Il était prêt à tout pour Matt. Et pourtant, j'étais certaine de savoir où Matt serait le plus heureux. Personne ne pouvait l'aimer comme moi. Sa place était à mes côtés.
- Demain, c'est parfait, ai-je dit avec l'intention de lui rembourser les billets au tarif dernière minute, dès que je pourrais. Plus vite nous retournons à nos vies, mieux c'est.
- Je suis d'accord, Hannah. Alors je vais m'occuper des billets d'avion. Vous pouvez en parler à Matt, si vous voulez bien. Et merci encore. Il a de la chance de vous avoir.
Nate m'a embrassée sur la joue. Bien que son baiser ait été formel et chaste, je ne pouvais pas m'empêcher de penser au regard jaloux de Matt. S'il nous voyait, il sortirait de ses gonds.
J'ai refermé la porte du sous-sol derrière moi. Je m'attendais à trouver Matt endormi, mais en entrant, j'ai entendu la douche. Nos valises étaient dans la chambre. J'ai enlevé mes bottes et j'ai tourné en rond sur la moquette épaisse. Valerie avait l'air plutôt sympa, maiselle était une piètre décoratrice. Elle avait transformé la demeure de Nate en maison de poupée.
L'eau coulait sous la douche... et coulait pendant que j'arpentais la pièce.
J'ai fouillé la petite cuisine. Elle était remplie de sodas, de fruits et de tout ce qu'il fallait pour préparer des sandwichs. Si jamais Matt avait faim, on était équipés. Devais-je le pousser à manger ? C'était terrible de ne pas savoir quoi faire.
Je me suis dévêtue et j'ai posé mon jean et mon pull sur ma valise. J'ai ôté mon soutien-gorge et mon string. Je n'avais pas besoin de me laver - je m'étais douchée dans la matinée - mais j'avais besoin d'être avec Matt.
Je suis entrée dans la salle de bains. La vapeur emplissait toute la pièce. Comme n'importe quelle fille à ma place, j'ai jubilé. Les goûts de princesse de Valerie rendaient mal dans la maison, mais dans cette pièce, c'était magique. Des tapis moelleux, d'immenses serviettes épaisses et un lavabo entouré de tout un tas de bougies, de produits de beauté et deparfums. J'ai claqué la porte pour annoncer ma présence. Quand j'ai tiré le rideau, j'ai trouvé Matt sous le jet, le regard fixé, inerte, sur l'écoulement. Nos regards se sont croisés ; il a tourné la tête, l'air aussi méfiant qu'un chien.
Il risque de ne pas être comme avant pendant un moment.
Je me suis faufilée sous le jet de la douche.
- On aime tous les deux les douches bien chaudes, ai-je dit à son oreille.
Il a grimacé en évitant mon regard. Je n'avais besoin de personne pour comprendre que Matt était pétri de honte. Je l'avais vu au plus mal, une facette qu'il ne m'aurait pas montrée de son plein gré. Mais aussi, je n'avais besoin de personne pour savoir qu'il était heureux de me voir.
Malgré sa grimace, j'ai senti son membre durcir contre ma jambe. Quand je me suis frottée contre lui, il a cligné des paupières. Coincé entre la culpabilité et le désir, il était immobile. J'ai posé sa main sur ma poitrine. Il a pressé doucement ma chair, et j'ai gémi
Mon Dieu... ses mains, savait-il l'effet qu'elles me faisaient ?
Mes mains ont exploré son corps avec fièvre. J'ai eu un pincement au cœur en sentant ses os.
Par pur plaisir, j'ai promené le savon sur sa peau. De mes doigts glissants, j'ai étalé du savon dans son dos, du shampooing dans ses cheveux.Peu à peu, Matt s'est mis à me toucher. Au début, ses gestes étaient prudents, caressant mes épaules, mes bras et mon buste. Il regardait ses mains, jamais mes yeux. Entre nous, son sexe durcissait. Lorsque je l'ai touché, il a pris mes seins dans ses mains. Il les a portés à sa bouche pour en lécher la pointe. Il me touchait comme jamais.
Le bout de ses doigts dansait sur mon sexe. Gémissant, j'ai voulu me frotter contre sa main, mais il prenait son temps. Il me touchait comme s'il me découvrait avec émerveillement : il a écarté mes lèvres et insinué un doigt dans mon intimité tandis que je haletais. Mon Dieu, sa lenteur était un vraisupplice. Finalement, nous avons titubé hors de la douche. Agrippée au rebord du lavabo, j'ai regardé Matt par-dessus mon épaule. Ses boucles mouillées étaient plaquées dans mon cou.
J'espérais être aussi attirante que lui, qui ressemblait à un dieu marin échoué sur le rivage. L'eau ruisselait sur son corps ferme. Sa merveilleuse bande de poils dorés luisait. Étais-je sous l'influence du décor ?
Me tenant par les hanches, il a placé son sexe à l'entrée de ma fente. Il s'est mis à trembler.
- Tout va bien, ai-je murmuré. S'il te plaît, j'en ai tellement envie....
Il m'a pénétrée lentement. Je me suis mordu la lèvre pour ravaler un râle. Si je ne me retenais pas, la maison entière m'entendrait. D'un geste frénétique, j'ai essuyé la buée sur une partie du miroir. Tout en fixant notre reflet, Matt m'a pilonnée. Son corps exprimait clairement son besoin. Ses coups de boutoir étaient brutaux, son regard brûlant.
- Oh... Matt, ai-je dit dans un souffle en m'arc-boutant contre le lavabo. Ne te retiens pas.
Matt était inhabituellement silencieux. Aucun mot cochon ne s'échappait de ses lèvres - même pas un gémissement. Il était hypnotisé par notre reflet. Il observait mes seins, leurs formes pleines rebondissant à chaque coup de reins. J'avais le feu aux joues. Je me suis souvenue de notre première fois, quand il a remonté mon haut et m'a tripotée juste devant chez moi. Qu'était devenu cet homme ? Il considérait nos corps.
- Dis-moi, ai-je pantelé. Tu vois quoi ?Matt a ouvert la bouche, mais aucun mot n'en est sorti. La déception m'a écrasée.
En général, il lui faut du temps pour vraiment décrocher.
J'étais consciente d'en vouloir trop, trop vite, mais j'étais accro à ses obscénités. J'étais accro à ses humiliations sexuelles.
Éperonnée par mon crescendo de cris de plaisir, je répondais à ses coups de reins. Ma langue s'est déliée.
- Ta queue, ai-je bredouillé, je la sens, Matt... tout au fond, entre mes cuisses.
- Hannah... a-t-il murmuré.
- Parle-moi, s'il te plaît, parle-moi...
- Ma... ma queue, a-t-il dit dans un souffle. (J'ai gémi de plaisir mais aussi pour l'encourager.) Putain, prends-la. Je la regarde s'enfoncer en toi. Ah, putain, je la vois dans ta petite chatte serrée...
J'ai oublié toute dignité : un élan passionné l'a réduite en lambeaux.
- Donne-la-moi, Matt, baise-moi, jouis en moi...
- Putain, Hannah !
Les mains de Matt se sont affolées, ses doigts forts ont trouvé mon clitoris, l'ont massé, excité, faisant exploser mon corps.
Nous avons joui ensemble, puis nous nous sommes effondrés contre le lavabo.
Ensuite, Matt est retombé dans l'inertie. Je l'ai enveloppé dans une serviette et j'ai séché ses cheveux avec une autre. J'avais espéré que le sexe lui éclaircisse les idées d'un coup, mais c'était ridicule de ma part. Nate avait raison : Matt avait besoin de temps. Je n'étais pas pressée. Je l'ai embrassé sur les lèvres. Il m'a mollement rendu mon baiser.
- Fatigué, a-t-il murmuré en sortant d'un pas traînant.
Je l'ai suivi du regard avec désarroi. Il avait vraiment l'air fatigué, et c'était compréhensible. Il venait de traverser un calvaire. D'ailleurs, j'aurais peut-être dû éviter de l'inciter à coucher avec moi. Où avais-je la tête ? J'ai appuyé les paumes de mes mains sur mes yeux. Hannah, sers-toi de ta tête !
J'ai pris une orange et une bouteille d'eau dans le réfrigérateur et je suis allée rapidement le rejoindre dans la chambre. Il était couché sur le ventre à même le duvet. Seulement vêtu d'un boxer-short noir, il tenait le lamantin contre lui.
J'avais une boule dans la gorge.
- Je t'ai apporté une orange.
Silence.
J'ai posé le fruit sur la table de chevet, à côté de ses flacons de pilules.
- Tu en as pris ? Je crois... (j'ai agité le flacon) je crois que tu es censé en prendre deux fois par jour.
Matt a tendu la main.
- Ouais, et alors...
Alors, on ne fait pas n'importe quoi avec les médocs. Lequel était lequel ? Dose progressive ? Dose maximale ? Après un moment d'hésitation, j'ai déposé une gélule de 25 mg dans sa main. Il l'a avalée avec de l'eau de la bouteille.
- Désolé, a-t-il dit au bout d'un moment.
Je me suis séchée avant de m'asseoir nue sur le lit. Je me suis allongée à côté de lui, et je l'ai serré en imbriquant nos corps.
- Pas la peine de t'excuser.
- Ça me fait dormir. On peut parler ?
- Oui, bien sûr.
- J'ai merdé. Avec toi.
- Pas d'excuses, ai-je répété. Je ne regrette pas de t'avoir rencontré.
- J'ai essayé de garder mes distances. Au début, j'ai essayé
- C'était impossible. (Instinctivement, ma poitrine s'est serrée à l'idée d'une vie sans Matt. J'ai pris une inspiration. Le moment était venu de me ridiculiser.) Je peux dire un truc ?
- Mm.
- Matt, je... je crois que je n'aurais pas pu continuer sans toi. Pas dans cette vie. (Mes doigts se sont promenés dans son dos.) Je t'aime. Tu sais que je t'aime.
- Pourquoi ?
Comme ses yeux étaient fixés sur le mur, c'était plus facile. Ses yeux verts si pénétrants... je n'aurais pas pu leur dire ces choses.
- Je crois que je t'aime depuis le début, ai-je murmuré. J'ai senti un truc quand on s'est rencontrés, depuis qu'on a commencé à écrire ensemble. Comme si je t'aimais avant de te connaître, que l'amour était en moi et qu'il attendait le bon moment. Alors tu n'as pas de raison de t'excuser, Matt. C'est toi que j'aime. Les pourquoi sont inutiles.
Matt a roulé vers moi. Il a croisé mon regard - enfin - en faisant un effort évident. Nous nous sommes observés.
- Toi et Nate...
- C'est un parfait gentleman, ai-je dit.
- Ouais ? a fait Matt en me dévisageant, l'air endormi.Son inquiétude était-elle réelle ? J'ai soupiré en posant la main sur sa joue.
- Matt... je ne veux pas d'un parfait gentleman.
- Que veux-tu ?
- Toi.
Pour la première fois depuis plusieurs mois, j'ai vu le visage de Matt s'éclairer sous l'effet d'un vrai rire. Un rire faible et las, mais tout de même un rire. J'ai eu les larmes aux yeux.
- Pas un gentleman, a-t-il gloussé tandis que ses paupières se fermaient.
- Surtout pas un gentleman, ai-je susurréVoilà 🤔