II.

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La marche pour retrouver le campement de Reven n'avait pas durée beaucoup moins que l'heure. En temps normal, le jeune chasseur n'avait pas besoin de plus d'une dizaine de minute pour s'y rendre. Mais dans cette situation, le terrain escarpé les avait poussés à devoir faire quelques détours. Il n'avait rien dit –et elle non plus- mais intérieurement Reven se réjouissait qu'elle ne se soit pas prise dans le plus éloigné de ses pièges.

Le campement, n'avait rien de très luxueux. Rien n'y était superflu. Une solide toile reliée aux arbres recouvrait ce qui formait un abri contre l'ardeur du soleil, la vigueur du vent et la violence de la pluie. A l'extérieur de cette zone, de quoi faire un feu de camp avait été monté, tandis qu'autour, un tronc devait servir de petit banc. Le sol de l'abri était partiellement recouvert de couvertures imbibées de poussières qui offraient néanmoins un peu de confort moelleux que Victorine ne refusa pas lorsque Reven lui avait proposé d'y prendre place.

Lorsqu'il revenait à son camp, le jeune chasseur constatait, sans surprise, que sa prise, sa victime, ou son invité –il ne savait plus trop- n'avait pas bougé. Bien décidé à ne pas jeûner aujourd'hui, Reven c'était empressé de retourner dans les bois desquels, il revenait maintenant avec un lièvre loin d'être aussi gros que ce qu'il espérait.

Sans attendre, il l'embrocha au-dessus du feu qu'il avait pensé à allumer avant de partir en chasse. De façon ingénieuse, Reven c'était mis en sécurité une réserve de baie, de fruits secs et de racines dans une calle qu'il avait dissimulée dans le sol sous un épais tapis de feuilles mortes.

Silencieusement, Victorine pensait pour elle-même que ce jeune chasseur était plein de ressource. Les Piques d'Argents ne semblaient pas avoir de secret pour lui et elle ne comprenait pas comment des centaines de citoyens de Phalène disparaissaient dans ces montagnes. Elle songea également à la chance qu'elle avait d'être tombé sur lui plutôt que sur un de ces sinistres Malkois que l'on lui décrivait par chez elle. Reven n'avait rien à voir avec ces individus.

- Tiens, mets ça sur ta jambe, lui dit-il en lui tendant un pot de crème qu'il avait sortie de sa calle secrète. Il parait que ça soulage les brûlures.

- Il parait ? répliquait-elle septique en inspectant le produit.

- Disons, que je n'ai pas vraiment l'occasion de pouvoir le vérifier par moi-même, avait-il répondu sous le ton de l'ironie.

Victorine acquiesça d'un signe de tête armé d'une grimace. Sa remarque n'avait pas été très maligne, certes. Et malgré ses résistances, elle finit par timidement appliquer la lotion sur sa blessure avant de la badigeonner tant l'apaisement lui fut soudainement agréable.

- Ca à l'air de marcher, constata Reven amusé en retournant surveiller la cuisson de son lapin.

- Tu habites ici ? l'interrogeait-elle sur la réserve par peur de se montrer trop intrusive.

- On peut dire ça.

- Ce n'est pas trop dur de vivre ici tout seul ?

Car ici, il n'y avait décidément rien. Depuis des jours que Victorine arpentait les montagnes, elle avait depuis longtemps perdus de vue la rivière qui l'avait conduit jusqu'aux Piques d'Argents. Les changements climatiques brutaux, l'avaient surpris plus d'une fois et malgré tout, c'était la solitude dont elle avait le plus souffert.

- Tu as déjà vécue à Malko ? Quand tu as vécue là-bas, tu peux vivre n'importe où.

- Tu viens de Malko alors, murmura-t-elle en faisant mine de ne pas s'en être douté.

Ils restèrent tout deux silencieux, un temps. Son savoir-faire en terme de relationnel, disait à Victorine de ne pas aller plus loin dans son interrogatoire. Mais d'un autre côté, son hôte se montrait peu révélateur et ce n'était pas ainsi qu'elle allait finir par en apprendre plus sur ce qu'elle cherchait.

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