Elle ne ressentait rien, ni même la douleur qui l'avait un instant si fortement animé. Son coeur battait doucement, comme si à chaque instant il pouvait chuter en un rictus de mort. Mais elle se raccrochait à cette infime lueur de vie qui la submergeait...
Oui, elle était vivante. Dans un grand lit, les draps épousant son corps tremblant, le souffle coupé... Jeanne ouvrit les yeux.
Tout lui revînt en mémoire, son visage se fit alors violence pour ne pas grimacer d'effroi. Dans son esprit, une question persistait : Qui avait donc voulu sa mort ?
Elle sentit ses membres l'abandonner, son regard s'assombrir tandis qu'un bruit de porte retentit. Elle leva la tête afin d'apercevoir le visiteur.
Robert se tenait face à elle, accaparant une expression de mépris. Elle se sentit chuter dans un néant en illusion, encouragée par un nouveau savoir... Ces yeux masculins qui la fixait avaient des sources meurtrières. Elle déglutit avec difficulté. Le silence des plus pesant la fit frissonner d'angoisse. Elle osa d'une faible voix à prendre la parole :
- Est ce que... Votre voyage a été agréable ?
Il serra les poings. La colère paraissait prendre le dessus sur sa gentillesse habituelle.
- Ne vous méprenez pas, je sais tout ma Jeanne.
Ma Jeanne... Ce petit article possessif qui regroupait normalement de la tendresse et de l'affection venait à devenir une misérable haine. Jeanne le ressentit comme un couteau en plein coeur. Il savait... Il le savait, tout !
Alors en elle tout explosa, s'entre-choqua et se mêla à une honte dévorante. Elle devrai se lamenter sur son sort et ainsi finir par supplier Robert de finaliser leur union, de ne pas rompre le mariage. Pourtant, autre chose la faisait terriblement souffrir... Le Duc de Guise... Allait-il bien ? Elle avait à présent si peur... Aucunement pour elle mais... Pour lui.
Comme si il avait lu dans ses pensées, Robert ajouta :
- le Duc de Guise est vivant. ( Elle se sentit soulagée, même si tout cela paraissait bien trop beau. ) Mais... Je n'en dirai pas autant de son fils.
La fissure dans son coeur se fit si profonde qu'elle ne put réagir sur le moment. Les larmes coulèrent d'elles mêmes, comme si elle ressentait la propre souffrance d'Arthur. Elle avait... Terriblement mal. Et Robert le remarqua... En fin de compte, elle ne put que balbutier :
- Vous mentez...
- Ho seigneur... Je vous promets que non.
Alors elle cessa de respirer. Elle le comprenait à présent, ce sentiment envers le Duc... Il ne pouvait s'agir que de l'amour. Et cette tristesse dorénavant... Elle ne pourra jamais se le pardonner, toute la souffrance qu'elle apportait à la parfaite vie du Duc. Tout était de sa faute... Robert dit d'un ton formelle avant de disparaître de la pièce :
- Vous serez ma femme dans huit jours, Jeanne, que vous le vouliez ou non. Nous partirons dans cinque jours. Soyez donc reconnaissante envers ma bienveillance. J'aurai du refuser ce mariage inconcevable par le biais... ( il se stoppa un instant pour reprendre les dents serrées. ) de l'union physique de deux êtres pures.
Quand la solitude la submergea, elle fut envahie d'horribles pensées qui la blessèrent aussitôt : le Duc devait la détester, la haire... À vrai dire elle n'osera plus jamais plonger son regard dans celui impénétrable d'Arthur... Ho bon Dieu... Agnès, elle avait si besoin d'Agnès !
**
Lorsque le soleil se coucha, Louis se sentit mal à l'aise. Il ne parvenait plus à dormir correctement ces temps ci. Et il ne savait toujours quoi penser de ces petites voix en lui récitant les mêmes et uniques paroles de mort : Tue-le et il n'arrivera rien à ta belle.

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Agnès Sorel
Fiksi SejarahEn l'an 1563, tandis que les guerres de religion éclatent et bouleversent le pays, Agnès Sorel, fille d'un riche peintre français et ami de la couronne se trouve en sûreté dans le palais royale. Les protestants et les catholiques cherchent le pouvoi...