T R E N T E - S I X [ PART 2, BONUS ]

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Alexie

La pièce est plongée dans une obscurité absolue, nos pas traînant contre le plancher et heurtant par moment quelques meubles. Je m'accroche à l'épaule d'Evan, mon visage écrasé contre son omoplate, pendant qu'il essaie de s'empêcher de rire.

— Arrête, on va réveiller mon frère...

J'éclate de rire, main sur la bouche. Voir Evan se soucier de quelqu'un, c'est nouveau pour moi.

J'essaie de garder mon calme et grogne contre son oreille quand mon coude s'écrase contre le dossier d'une chaise. Il se retourne brusquement vers moi, surpris.

— Tu peux allumer ton portable, s'il te plait?

Il hoche la tête et attrape le téléphone dans la poche de son jean. Après quelques secondes, nos pieds sont suffisamment éclairer pour que nous puissions nous diriger vers l'escalier sans casser quoi que ce soit.

Evan étant derrière moi, il en profite pour serrer ma taille avant même que j'ai pu mettre le pied sur une marche. Agacée, je me retourne vers lui, mais croise rapidement son regard turquoise et son sourire espiègle.

— Si tu continue, je vais hurler.

Evan sourit à nouveau.

— J'aimerais bien, murmure-t-il, le regard brûlant.

Choquée, je ne prends même pas la peine de répondre et me retourne brusquement pour l'éviter, un sourire apparaissant pourtant sur le coin de mes lèvres.

Arrivée en haut de l'escalier, j'entre dans l'ancienne chambre d'Evan et attend qu'il ait refermé la porte avant d'allumer la lumière. Lorsque je me retourne, il est déjà étendu sur le lit, torse nu, la tête écrasé dans l'oreiller en feignant de ronfler. Laissant échapper un faible rire nerveux, je traverse la pièce pour prendre des vêtements dans ma valise et entre dans la salle de bain. Après m'être habillé, brosser les dents et les cheveux, je lève les yeux et croise mon propre regard dans le miroir. Étonnée de voir, malgré moi, le sourire devenu inséparable à mon visage et l'étincelle électrique dans mes yeux, je me redresse et pose mes mains contre le comptoir.

Ce soir, j'ai eu une faiblesse. Je sais que malgré tout ce qu'il pourra me dire, ou tout ce qu'il pourra faire, le choix d'accepter Evan restera toujours l'une des pires décisions que j'ai pu prendre de ma vie. Il est un aimant à problème, mais je sais aussi que de toutes les relations que j'ai eu, Evan est le seul qui me fait sentir comme si je n'avais pas besoin d'être quelqu'un d'autre... Je me sens comme Elena, je me sens partagé entre la sécurité et la passion, je me sens à la fois libre et enfermé par mes sentiments... Je me sens comme si j'avais trouvé mon Damon.

En sortant de la salle de bain, je souris en voyant Evan, immobile. Sa tête retournée dans ma direction, les yeux fermés, la bouche entre-ouverte, tête contre l'oreiller... Lorsque je m'avance pour éteindre la lumière, mon regard est attiré par la tête de serpent dessinée sur sa hanche, dépassant à peine de son short. J'hésite un instant, calculant dans ma tête le pour et le contre d'une telle idée, et fini par laisser tomber le projet de voir entièrement son tatouage. Je lui demanderai simplement demain, ça m'évitera non seulement un malentendu si jamais il se réveille, mais aussi une terrible honte. Je retrace quelques pas et appuie sur l'interrupteur, avant de rejoindre Evan sur le lit. Pendant quelques instant, j'essaie de tirer sur la couette pour l'enlever de sous le corps d'Evan, mais abandonne après quelques minutes. Il est trop lourd. Je décide donc de prendre l'une des couvertures posées près de la fenêtre, celles qui avaient été prévu au cas où l'un de nous dormirait au sol. Me recouvrant le corps, je me décale doucement vers la droite et passe mes jambes par-dessus celle d'Evan, avant de mettre un bras contre son dos et poser ma tête contre son omoplate.

Après quelques minutes à essayer de m'endormir, il se met à bouger et relève doucement la tête, perdu. Je fais de même, m'éloignant légèrement de lui afin de le regarder, et il se retourne complètement vers moi.

— J'ai dormis combien de temps?

— Vingt minutes, au moins.

Les yeux petits, il sourit doucement et repose sa tête contre l'oreiller en continuant de me regarder.

— Tu ne m'as pas réveillé?

Je souris en entendant sa voix. Je me souviens lorsque j'ai fais un cauchemar alors qu'il dormait sur le plancher de ma chambre, à Philadelphie. Je me rappelle que la seule chose que j'ai entendu pendant ma crise, c'était sa voix rauque, endormie...

— Non, tu es trop mignon quand tu ronfles, dis-je, d'un sourire espiègle.

— Moi? Je ronfle?

Je souris à nouveau, nos regards ancrés l'un dans l'autre. Je hoche la tête, sans mot. Son air faussement vexé ne m'atteint pas, mais le bleu étincelant de ses yeux, par contre...

Après quelques secondes à se regarder sans rien dire, à sourire comme des cons en observant chacun des mouvements de l'autre, examiner ses traits, embrasser des yeux chaque parcelles de sa peau, Evan s'arrête de sourire. Légèrement inquiète, je fronce les sourcils.

— Qu'est-ce qu'il y a? Demandais-je, d'une faible voix.

Un court silence coupe la discussion, avant que son regard vienne une nouvelle fois caresser mes lèvres.

— Tu sais, commence-t-il. Avec tout ce que j'ai vécu dans ma vie, j'ai jamais réussi à être à mon meilleur pour personne. J'ai jamais pu être quelqu'un de vraiment entier.

Encore une fois, je fronce les sourcils. Je trouve triste le fait qu'Evan ressente le besoin de m'avouer tout ça, et surtout le fait qu'il le pense de lui-même. Je ne comprends même pas pourquoi il me dit ça... Tout ce que je peux faire, c'est d'écouter, et de le comprendre.

— Après tout ce que j'ai pu voir de l'humanité au travers des années, je me suis toujours dis que la vie était ridicule. Et puis... je sais pas ce que ça peux signifier, mais t'es entrée dans ma vie. Au départ, je me suis demandé quel genre de mec pouvait même essayer de te supporter. Je me suis dis que t'étais une égocentrique, trop effrayée de la vie... Puis, je t'ai vu avec Tyler.

— Pourquoi tu me dis ça, Evan? Demandais-je, un peu irritée par la description qu'il a fait de moi, à notre rencontre.

Un sourire moqueur apparaît sur ses lèvres quand il comprend combien ce qu'il vient de dire à pu être vexant, et il se rapproche de moi en riant, avant de croiser mon regard.

— Parce que je veux que tu saches que maintenant, t'es la meilleure partie de moi.

Après avoir entendue ses dernières paroles, je n'arrive plus à quitter mon regard de ses yeux. J'aimerais tellement sourire et pouvoir y croire, mais même si Evan m'a fait savoir que dans le passé il n'était pas le Dom Juan que je croyais, rien ne peux chasser l'image de mes draps vides d'il y a un mois.

— Evan, balbutiais-je.

— Je suis sérieux, Lex.

Mes pensées bloquent sur le surnom qu'il vientde me donner. C'était le surnom que les gens utilisaient avant. C'était lesurnom que mon frère utilisait... Après l'accident, je ne l'ai plus toléré.Pourtant, maintenant, alors que je l'entends de la bouche d'Evan, je ne leressens plus de la même façon. Je le ressens comme un soulagement, comme unpoids soulevé de mes épaules.

Broken - Tome 1 ( En réécriture )Où les histoires vivent. Découvrez maintenant