Alexie
Je sors de mon cours de natation hebdomadaire, les cheveux trempés et l'odeur de chlore collée à ma peau. C'était exactement ce dont j'avais besoin. J'adore nager, et la coach est tellement gentille. Même si je ne suis dans l'équipe que depuis quelques mois, elle m'a rapidement intégrée et a remarqué ma vitesse d'apprentissage. Cela n'a pas empêché les filles de l'équipe d'être perplexes quant à mon arrivée, mais je comprends leur réaction.
Enfin, j'arrive à l'entrée des vestiaires, où je place ma serviette sur le banc et essaye d'ouvrir mon casier. Mon cadenas m'embête encore une fois, et je dois saisir le bon code une seconde fois pour pouvoir récupérer mes affaires. Alors que je récupère une deuxième serviette, mes vêtements et mes chaussures, je remarque que toutes les cabines sont occupées.
Poussant un profond soupir, je me rends compte que je suis à nouveau coincée ici, en attendant mon tour. Tout ce que je veux, c'est rentrer chez moi, m'allonger dans mon lit et regarder ma série préférée. Mais je suis toujours là, coincée à attendre que les autres filles aient fini. C'est le seul point négatif de notre équipe de natation. Nous sommes sept, mais il n'y a que six cabines. Je ne suis généralement pas quelqu'un de stressé, mais je n'aime pas être seule dans des endroits reculés du lycée, surtout le mardi soir après l'entraînement.
Finalement, je réussis à libérer une cabine et peux enfin me changer, saluant rapidement Leila, un autre membre de l'équipe, au passage. L'eau chaude de la douche coule sur mon corps fatigué, et malgré l'odeur persistante de chlore, je me sens détendue. Mais, trop occupée à rêvasser, j'ai oublié mon savon dans mon sac.
— Les filles? Tenté-je, en fermant l'eau de la douche.
Sans réponse.
— Lola? Anna? Appelé-je, espérant que l'une des filles soit toujours là.
Encore une fois, elles sont toutes parties, et moi, je suis seule. Si je n'étais pas aussi tête en l'air... Je sors rapidement de la douche, enroule négligemment une serviette autour de ma poitrine et avance vers mon casier, le long des petits couloirs de douches. Mes pieds claquent contre le carrelage humide et le froid m'envahit malgré la chaleur de l'eau. Le bruit m'énerve et me stresse, mais je continue à avancer pour récupérer mes affaires.
Mon cœur rate un battement en passant devant la première rangée de casiers, car je remarque du coin de l'œil une grande silhouette noire. Je crispe la mâchoire et ma serviette me glisse des mains, mais je la rattrape juste à temps. Je suis pétrifiée, car je suis seule, toute nue et ici, c'est le vestiaire des filles.
— Bon sang! Que faites-vous ici? hurlé-je.
Le jeune homme tourne la tête, et je reconnais son visage. C'est ce mec grossier qui m'a manqué de respect l'autre jour. Il porte un coton ouaté noir remonté sur sa tête. Je frissonne en croisant son regard bleu turquoise, trop clair, mais surtout très sombre. Je ne sais pas ce qu'il est venu faire ici, mais je suis sûre que ce n'est pas pour me rappeler que je suis en sécurité.
— C'est pas vrai, encore toi? compris-je, effarée. T'as une langue ou pas?
Je n'aime pas la manière dont il me regarde, et je fais un pas en arrière, mais il avance vers moi. Mon angoisse grandit en voyant son sourire se dessiner. J'ai l'impression qu'il est encore plus pervers qu'avant.
— T'es la nana de l'autre jour, pas vrai? dit-il, d'une voix grave.
Je ressens le froid de la pièce, et je serre la serviette contre ma poitrine. J'essaie de garder mon sang-froid, mais il m'intimide.
Il a l'air sûr de lui, comme s'il était tout à fait à l'aise.
— Ouais, dis-je, d'une petite voix. Et toi, tu es le mec grossier qui m'a manqué de respect. Je te remercie pour ça, en passant.
Il sourit en lâchant un rire que je ne suis pas certaine de comprendre. Je n'essayais pas d'être drôle. Il relève les yeux vers moi et continue d'avancer. Je recule.
— Tu n'as pas répondu à ma question, insistais-je. Qu'est-ce que tu fais là?
Il me fait peur. Je déglutis alors qu'il s'approche de moi trop doucement, comme s'il cherchait à m'effrayer encore plus.
Des voix résonnent dans le couloir, et je profite de l'opportunité pour m'éclipser en serrant ma serviette contre ma poitrine Je cours vers la sortie et m'apprête à demander de l'aide aux passants, mais soudain, deux mains me retournent et me plaquent violemment contre le mur. L'homme pose alors sa main contre ma bouche pour m'empêcher de hurler. Je le regarde avec des yeux grands comme des ballons. Ma main droite tente désespérément de maintenir la serviette en place, mais elle m'échappe et tombe au sol. L'homme est près de moi, son corps me maintenant prisonnière entre lui et le mur. Mon cœur s'emballe et des pensées terrifiantes me traversent l'esprit. Ma poitrine nue est collée contre son torse, mais il ne semble pas y prêter attention. Que va-t-il me faire ? Il pose un doigt sur ses lèvres pour m'indiquer de me taire. Je sens les larmes qui commencent à glisser sur mes joues. Son regard me transperce et me trouble.
— Je vais retirer ma main maintenant, et tu ne vas pas crier, compris? dit-il, d'un ton autoritaire.
J'essaie de lui mordre la main, mais il me serre si fort que mon geste ne fait qu'accentuer ma douleur.
— Ça ne sert à rien, grogne-t-il.
Je remue pour essayer de m'échapper, mais sans succès. Je finis par hocher la tête lentement. De toute façon, je n'ai pas d'autre choix. Comme promis, il retire doucement sa main, mais la laisse tout de même près de ma bouche au cas où je tenterais de crier. Après de longues secondes, il la laisse retomber contre son corps en soupirant. Son torse est toujours aussi proche du mien, mais au moins, il n'a plus sa main appuyée contre mes lèvres. Même s'il est là, près de moi, je sais au moins qu'il ne peut pas voir mon corps nu.
— Je vais être clair, annonce-t-il. Je n'ai jamais mis les pieds ici. Tu ne m'as jamais vu et aussitôt que je serai parti, tu reprendras ta vie là où tu l'as laissée comme si rien ne s'était passé. Tu m'entends ? déclare-t-il d'un ton dur.
Mes larmes menacent toujours de couler, alors je hoche la tête rapidement. Je n'ai pas envie de le mettre en colère, ce serait dangereux. Et inutile. Je relâche enfin mon corps lorsque l'homme s'éloigne lentement. Même s'il est près de moi, tendu et prêt à réagir, je sais qu'il ne peut plus rien me faire. Je cache rapidement mes parties intimes en croisant les bras sur ma poitrine, mais son regard glissant sur moi me prouve que c'est futile. Il a tout vu, tout ressenti et son sourire sinistre me fait froid dans le dos. Ma respiration est toujours saccadée lorsque je le vois quitter la pièce, me laissant seule avec moi-même dans cet énorme vestiaire. La panique m'envahit, et je décide finalement de ne pas me doucher. Je terminerai chez moi. Je me glisse dans une autre cabine pour m'habiller, tentant d'oublier ce qui vient d'arriver.
Je suis certaine que ce soir, j'ai vécu le moment le plus angoissant de ma vie. Il m'a intimé de garder le silence sur sa présence dans les vestiaires et je ne suis pas sûre de vouloir savoir les conséquences si je décide de lui désobéir. Cet homme m'effraie, et le dénoncer ne fera que rendre son image plus terrifiante dans ma tête, avec ses yeux perçants qui me fixent intensément.
Je suis apeurée, mais je secoue vivement la tête, résolue à ne pas me torturer l'esprit davantage. Je prends mon sac dans ma case et je pars en courant, pressée de quitter l'établissement.
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Broken - Tome 1 ( En réécriture )
RomanceAlexie a passé sa vie à se demander ce qu'était l'amour... Tout bascule quand elle rencontre Evan, un homme mystérieux qui l'attire autant qu'il l'effraie. Malgré son côté sombre et ses secrets, elle se laisse prendre au jeu et tombe amoureuse. Mai...