C h a p i t r e 8

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Dans la vie, fais confiance à ceux
qui peuvent voir ces trois choses :
Ta peine derrière ton sourire,
Ton amour malgré ta colère et
la raison de ton silence


1er décembre
J-53

Ça faisait plus de 2 h qu'on était arrivé à la maison de campagne des Tomlinson et il n'avait toujours pas prononcé un mot. Louis m'avait appelé hier en panique parce qu'il avait fait une tentative de suicide. Il était arrivé juste à temps pour l'empêcher de commettre l'irréparable.

Il avait avalé des cachets de médicaments et était en train de s'ouvrir le deuxième poignet. Il s'est précipité sur son ami pour lui faire pression sur son poignet blessé et il lui a mis deux doigts dans la gorge pour le faire vomir. Parait qu'il n'a pas eu aucune émotion et n'a pas dit un seul mot à Louis. Il avait le regard vide. Et c'est à ce moment là qu'il m'avait appelé.

Il m'avait demandé si je pouvais veiller sur lui pendant tout le reste de la semaine et essayer de le faire parler, d'où le prêt de la maison familiale dans le fond des bois. Suite à son appel, je n'avais pas réussi à dormir. Cela me faisait remonter des mauvais souvenirs. Et il y a une partie de moi qui m'en voulait de n'avoir rien vu venir. Bien sûr nous n'étions pas si proche que cela mais quand même.

La semaine allait être longue si personne de nous deux parlaient. Surtout que nous n'avions ni réseau cellulaire, ni wi-fi. Deux choses que je ne m'étais jamais privée dans toute ma vie. Mais je crois fermement que cette coupure avec le monde extérieur allait nous être bénéfique à tous les deux.

J'étais assis en face d'Harry et il était toujours silencieux. Il fixait ses pieds et moi je le détaillais. Ses boucles retombaient sur son front, ses yeux verts d'ordinaire pétillants de malice étaient éteints. Son teint blême et ses cernes sous ses yeux trahissaient son manque de sommeil. Je me demandais ce qui avait bien pu se passer dans la vie du bouclé pour qu'il essaie de mettre fin à ses jours. J'espérais le découvrir et pouvoir l'aider d'ici la fin de la semaine. Mais je me questionnais : pourquoi Louis avait autant insisté pour que ça soit moi qui s'occupe et veille sur lui pendant toute cette semaine. Nous étions loin d'être proche lui et moi et j'avais bien peur qu'il ne veuille pas se confier à moi.

J'ai été tirée de mes pensées par son estomac qui criait famine. Il a levé les yeux vers moi et il m'a lancé un regard gêné. Je lui ai fait un sourire en me levant pour me rendre à la cuisine. J'ai regardé dans les placards et j'ai décidé de nous faire de la salade de poulet. Notre plat favori. Nous avions au moins cela en commun. Il s'est assis derrière le comptoir sans un bruit, me regardant couper la salade. Face à lui et sans lui lancer un regard, j'ai pris la parole et je me suis décidée de lui parler de quelque chose que personne ne savait sur moi. En espérant que cela le décide de me parler cette semaine.

- J'ai essayé de me suicider, il y a un an de ça, ai-je commencé doucement. Le 2 mai 2015. J'ai voulu me pendre, mais la corde n'était pas assez robuste et elle s'est brisée sous mon poids. Je suis tombée sur le sol de ma chambre d'hôtel et j'ai pleuré toutes les larmes de mon corps pendant des heures et des heures.

Je sentais son regard sur moi. J'ai mis la salade dans un bol tout en continuant mon récit, sans lever mes yeux vers lui. Je ne pouvais tout simplement pas affronter son regard. Pas que j'avais peur de sa réaction mais je ne voulais pas de pitié.

-  Personne ne l'a jamais su. Personne sauf toi aujourd'hui. J'ai caché les marques avec différents foulards, je ne m'en départissais jamais. À cette époque, c'est la seule solution que je voyais. La seule solution que j'envisageais. Encore aujourd'hui, j'y pense. Tout le monde croit que ma vie est belle, tout le monde m'envie pour la vie que je mène, on croit que je l'ai vraiment facile. Mais c'est tellement faux. Je déteste ma vie à un point tel que je ne saurais trouver les mots exacts pour bien te décrire ce que je ressens. Je déteste le fait de ne pas avoir vu que Tom me trompait depuis longtemps. Je déteste le fait que ma vie soit déjà tracée d'avance. Si ça n'avait été que de ma mère, j'aurais été enfermée dans une tour au château afin d'apprendre une treizième langue, totalement inutile soit dit en passant, ou j'aurais appris la médecine ou n'importe quel autre cours qui ne m'intéresse tout simplement pas. Je devrai gouverner un pays avant l'âge de 30 ans. Sais-tu tout ce que je donnerais pour avoir la vie normale d'une fille de 25 ans? Pour avoir une relation bien simple avec mon petit ami, ne pas avoir de millions de caméras pointés sur moi 24 h sur 24, 7 jours sur 7. Tu le sais, tu mènes sensiblement la même vie que moi. J'ai craqué. Le 2 mai 2015 à 18 h précise, j'ai craqué. Je croyais être forte. Mais non. Comment veux-tu que je dirige un pays à l'âge que j'ai? Alors qu'à la moindre petite difficulté, je ne veuille même plus me battre? J'en ai autant marre que toi, Harry, ai-je murmuré en mettant le poulet dans le plat.

Infinity | Tome 1 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant