B o n u s # 2 - Le journal de l'inconnu

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« La réussite à un prix. Si c'était facile tout le monde nagerait dans le bonheur. »
Les Frères Scott

Comment commence-t-on un journal? Dois-je te donner un nom ou Journal te convient? En fait, c'est très bizarre de parler à un tas de feuille. Au moins, tu ne me jugeras pas. C'est pas mal ta principale qualité et tu ne coûte pas aussi cher qu'un psy. Heureusement. Pas que j'aie des problèmes d'argent. Ne t'en fais pas j'en ai même trop que je ne sais même plus quoi en faire.

J'ai décidé de ne pas me confier aux autres, parce que j'ai peur qu'ils ne comprennent pas. J'ai peur qu'on me juge. On me juge toujours parce que je suis différent. Je pense différemment. Peut-être qu'un jour je te publierai. Qui sait? Ça pourrait valoir une fortune les pensées d'une star malheureuse et dépressive.

Je ne sais pas par où commencer. Je sais décrire des sentiments quand vient le temps d'écrire une chanson. Mais quand il s'agit de parler de moi-même, de me confier, je bloque. Je sais que je suis malheureux. C'est un bon point. Je sais aussi que je m'en vais vers une dépression. Mais personne ne semble le remarquer. De toute façon, j'ai été bien averti par le management. Je ne dois rien dire. Ne rien laissé paraître. Sinon, ils vont briser ma carrière et la leur. Nos contrats, foutu contrats de merde, le stipulent très clairement d'ailleurs.

Alors je t'ai choisi toi, un livre vert émeraude, rempli de page blanche pour me confier. Parce que sincèrement, je suis au bout du rouleau. Je ne sais pas comment ça va se terminer et c'est très mal parti, pour que cela finisse bien. Je n'ai plus envie de me battre. Je n'ai plus aucun espoir. Que reste-t-il de la vie quand on a perdu tout espoir... Rien. Il ne reste strictement rien. Je sens les murs se refermer autour de moi. Je suis en train d'étouffer tranquillement.

Je ne comprends pas comment ça se fait que j'en sois arrivé là. Avoir su que c'était autant de sacrifice, je serais resté chez moi. Je ne me serais pas lancé là-dedans.

J'en reviens toujours pas que l'amour de ma vie m'ait quitté de cette façon là. On aurait pu trouver une façon de s'en sortir. En fait, je ne sais même pas pourquoi la seule personne qui comptait à mes yeux, soit partie sans un mot. Je ne comprends toujours pas après cinq ans. Et j'ai toujours aussi mal. Je pensais que la douleur finirait par s'estomper, mais c'est comme si à chaque jour, j'avais un couteau planté en plein milieu du cœur et qu'il tournait, sans cesse pour être sur que je n'oublie pas la douleur. La douleur est aussi vive que le premier jour que j'ai eu à vivre sans elle. J'ai toujours sa photo dans ma valise. Je m'endors avec elle chaque soir.

Pense-t-elle encore à moi? A-t-elle réussi à m'oublier, à tourner la page complètement? Je ne m'en suis jamais remis et honnêtement, je ne sais pas si un jour j'y arriverai. J'étais convaincu que c'était la femme de ma vie, qu'on allait vieillir ensemble.

Il m'arrive de pleurer encore. Sans arrêt. Il n'y a personne qui arrive à me consoler, même pas mon meilleur ami. Personne ne sait pour elle. Même pas lui. Je fais de moins en moins de crise de panique, c'est au moins ça. Mais le sentiment de vide à l'intérieur de moi, se fait toujours sentir et c'est pire que tout.

Si on m'avait dit que ça se déroulerait de cette façon, que je me sentirais aussi misérable, j'aurais dit non. Je donnerais tout ce que j'ai au monde pour pouvoir revoir mon amour au moins 10 minutes. Pour qu'on s'explique après toutes ces années, lui dire que je ne l'ai pas oublié, que je l'aime encore et que surtout personne ne lui arrive à la cheville.

Si je pouvais au moins sentir une dernière fois le goût de ses lèvres sur les miennes, ressentir une dernière fois la douceur de ses caresses. J'aimerais savoir comment elle a réussi à m'oublier. Connaitre son truc, comment elle a fait, combien ça lui a pris de temps. Je suffoque tellement la douleur est intense.

Suis-je destiné à être une personne heureuse ou je fais parti de ces êtres qui seront éternellement malheureux?

Je rêve souvent d'elle et je souhaite ne jamais me réveiller pour pouvoir être plus longtemps à ces côtés.

Pour échapper un peu à la douleur et à toute cette souffrance, j'ai commencé à me mutiler. Le soulagement que la lame sur ma peau me procure me fait oublier un peu mon mal-être. Mais c'est de courte durée. J'aimerais tellement arrêter de souffrir, s'il-vous-plait, mon Dieu, venez me chercher, je n'ai rien fait pour mériter cela. Souffrir n'est pas une vie.

Je vais essayer d'aller dormir quelques heures.

Bonne nuit cher journal,

X

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Et voilà les premières pages du journal intime de l'inconnu.

Qui pensez-vous qui tient ce journal?

Que lui conseilleriez-vous pour tenter de s'en sortir?

All The Love,

A.

Infinity | Tome 1 |Où les histoires vivent. Découvrez maintenant