Vendredi 8 mai
Espérant calmer son stress, Florian est allé nager à la piscine de la Fontaine d'Ouche. Il vient de rentrer chez lui, toujours assez déprimé, quand on sonne à la porte. C'est son collègue et ami : Hubert L, un trentenaire plutôt replet, aux bons yeux bruns et au crâne déjà un peu dégarni. Habituellement jovial, il arbore, en cette fin d'après-midi, une mine grave.
− C'est haut chez toi ! se plaint-il, essoufflé.
− Un ascenseur serait impossible à installer ici ; il n'y a de la place que pour les escaliers. Et si c'était réalisable, les propriétaires n'en feraient rien puisqu'ils repoussent même des travaux urgents concernant la sécurité.
− Mais ton logement est bien situé, en plein centre piétonnier.
− Ça ne compense pas le fait qu'il manque de lumière. Je vis avec l'éclairage électrique.
Après s'être désaltérés, ils échangent quelques considérations sur ce printemps anormalement chaud. Hubert lui raconte ensuite ses déceptions sentimentales ; il est très épris de la pulpeuse Helena (depuis l'entrée de celle-ci dans l'entreprise en mars dernier), mais elle ne lui accorde qu'une attention amicale et feint de ne pas remarquer qu'il la courtise.
Florian ne sait que dire, gêné de se sentir plus ou moins impliqué, malgré lui, dans cette histoire. Par ailleurs, il a d'autres préoccupations, car il n'a pas revu Phalène...
Voyant qu'on ne lui prête qu'une écoute polie, Hubert en vient au véritable motif de sa visite :
− En fait, je suis surtout passé te voir car j'ai surpris une conversation entre le boss et le chef de service : ils ne seraient pas très satisfaits de tes dernières réalisations.
− En ce moment, je ne produis pas grand-chose de bien, c'est vrai. J'ai des soucis...
− Je m'en suis aperçu. Qu'est-ce qui t'arrive ?
− C'est difficile à raconter... et plutôt incroyable...
− Je ne voudrais pas être indiscret... Mais tu sais qu'avec la crise économique, on a perdu une partie des commandes publicitaires. Le chiffre d'affaires a chuté. Il commence à y avoir dans la boîte des rumeurs de licenciements. Il ne faudrait pas que tu sois un jour touché par le chômage.
− Oh, je finirais par retrouver un job, à Dijon ou à Marseille...
− Pourquoi Marseille ?
− J'aime le soleil, les activités nautiques... ; et j'y ai des amis qui vivent sur un bateau.
− Ton boulot te paraissait déjà contraignant ; maintenant, j'ai l'impression que tu ne le supportes plus.
− Tu vois juste. Les exigences professionnelles me pèsent, et je ne m'intéresse plus à ce que je fais.
− Ah !... Tu sais que pour se former à un autre métier, c'est une longue et coûteuse affaire.
− J'aurais toujours les revenus de mes tableaux, aléatoires et pas très élevés... mais en cas de chômage, avec les indemnités, ça me suffirait pour attendre une opportunité d'emploi qui me laisserait plus de liberté dans mes réalisations. Et je n'ai pas des goûts de luxe.
− Hum !... Cette super nana que tu fréquentes depuis quelques mois ne paraît pas vivre sur le même pied d'austérité. L'argent lui file entre les doigts, si j'en crois ce que tu m'as raconté dernièrement.
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Phalène
ParanormalVictime d'un grave accident de la route, Phalène est plongée dans un coma profond. Sortie de son corps, elle vient alors retrouver Florian, son grand amour d'adolescence, trop vite perdu de vue dix ans plus tôt. Ils renouent une relation hors du co...