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Mardi 10 novembre

Florian a entrepris des travaux de rénovation à la galerie d'art. Sans en être officiellement propriétaire, il s'y sent déjà chez lui et lessive les murs avec entrain. La veille, Francis l'a aidé à entreposer, dans le local attenant, les tableaux et sculptures des artistes qui y exposent.

Ses gestes ralentissent à la perspective de toutes les contraintes administratives qui vont venir se greffer au côté enthousiasmant de l'entreprise. Il se sait trop novice en matière de gestion.

« Lydiane a proposé de m'aider. J'ai bien besoin de ses connaissances en droit, de son expérience professionnelle... Et pour l'inauguration prévue à la fin du mois, je compte aussi sur ses talents d'organisatrice. Elle m'est devenue indispensable... sur tous les plans. »

Loin de partager les soucis de son maître, Laura s'est hasardée ce matin dans le jardinet, partant à la découverte, assaillie de sensations inconnues qui l'ont d'abord effrayée. Une heure après, malgré le temps maussade, elle avait investi ce carré de verdure et s'y comportait en terrain conquis. Puis un crachin persistant l'a incitée à rentrer. A présent, montée sur un tabouret, la chatte fixe deux moineaux qui picorent derrière la porte-fenêtre, réveillant en elle un instinct prédateur.

Dans le coin salon resté sommairement aménagé, Florian s'accorde une pause, allongé sur le divan au tissu défraîchi. Les oiseaux s'étant envolés, Laura vient se mettre en boule contre lui. Un ronronnement prolongé se mêle alors au bruit régulier de la pluie sur les vitres...

La pièce, encombrée d'objets hétéroclites et qu'éclairait un jour grisâtre, connaît une embellie au moment où Phalène apparaît, telle une aurore d'été. Florian est particulièrement heureux de la retrouver en cet endroit qui, pense-t-il, sera le lieu privilégié de leurs prochaines rencontres. Ils se contemplent mutuellement, cherchant à s'imprégner de l'image de l'autre pour la garder présente lorsque viendra l'inévitable séparation.

La fusion de leurs êtres les plonge bientôt dans un état extatique, durant un temps qui leur semble infini...

Le soir, encore tout exalté, Laura nichée au creux de son bras, Florian retourne rue Verrerie. En montant les escaliers branlants, il se demande jusqu'à quand il va supporter de vivre dans un logement aussi délabré, alors qu'il pourrait habiter agréablement Cours du Parc, avecLydiane, dès son retour de Monaco.

PhalèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant