Mardi 8 septembre
Ne trouvant pas le sommeil, Florian relit avec une poignante nostalgie certains passages des trois dernières lettres que Phalène a dictées pour lui à Zélie. Comme dans les précédentes, elle prend soin de ne jamais se plaindre, préférant le plus souvent évoquer leurs moments de bonheur passés :
Aujourd'hui encore, je pense à nos inoubliables vacances, il y a dix ans, et en particulier au jour où on avait fait le tour de l'île. Je crois entendre le chant des cigales, et revois ce chemin escarpé, dans les pins et les eucalyptus. Là, après ma chute de vélo, tu m'avais prise dans tes bras pour la première fois. Quel éblouissement ! Je n'aurais jamais imaginé qu'un genou endolori me rendrait si heureuse.
...
Chaviré à ce souvenir, Florian ferme les yeux pour mieux revivre cette parcelle d'éternité. Il se rappelle l'émail bleu du regard de Phalène... son visage d'ange qui paraissait éclairé de l'intérieur, tandis que le vent marin soulevait ses boucles blondes...
Sur la lettre suivante, il poursuit sa lecture :
Un grand merci, mon cher Florian, pour le petit lecteur MP3 que tu m'as envoyé. Quelle joie de pouvoir écouter l'enregistrement des airs que nous aimons ! Notre amie Zélie, si dévouée, m'en a expliqué le fonctionnement, assez simple pour que je puisse l'utiliser sans aide quand les écouteurs sont mis en place. La musique m'apporte tellement de réconfort ; les murs et l'odeur de l'hôpital disparaissent, j'en oublie mon état...
J'ai reconnu avec beaucoup d'émotion le slow que nous avons dansé ensemble à Porquerolles, le soir du 14 juillet sur la place du village en fête. Je revois les vieux platanes illuminés de girandoles multicolores, et l'orchestre sympathique qui jouait " Petite fleur ".
Comme j'étais heureuse, dans l'enclos de tes bras ! Je sens encore tes lèvres sur mon front, et j'entends aussi tes paroles, douces à mon oreille (tu disais que je sentais la violette)... Ma mère était venue me chercher à la fin de cette danse, et m'avait ordonné de rentrer avec elle. La voyant arriver, je n'avais eu que le temps de te murmurer : " Je vais essayer de revenir ici quand mes parents dormiront. A tout à l'heure, peut-être..."
Vers la fin du bal, j'avais réussi à te rejoindre (en sortant par la fenêtre de ma chambre). Jamais je n'oublierai ces moments merveilleux, le bain de minuit sur la plage...
Je n'échangerais pas ces quelques heures passées avec toi contre toute une vie sans toi.
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La troisième lettre relate un épisode pathétique :
Tu te souviens, Florian, du soir où nous nous sommes quittés ?... Nous marchions lentement, enlacés, dans les allées du port. Nous devions partir le lendemain (pas sur le même bateau, hélas). J'avais le pressentiment qu'on ne se reverrait plus... ou pas avant très, très longtemps. Je t'avais avoué mes appréhensions, et tu cherchais à me rassurer – mais je voyais bien que tu étais anxieux, toi aussi... En échangeant nos adresses, je n'avais pas pu retenir mes larmes. Pour essayer de me consoler, tu m'avais embrassée tendrement, puis promis : " Je t'écrirai tous les jours en disant combien je t'aime." Ces mots : " en disant " m'avaient alors frappée au cœur et je n'arrêtais pas de me répéter : " en dix ans... dans dix ans ?..."
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Phalène
ParanormalVictime d'un grave accident de la route, Phalène est plongée dans un coma profond. Sortie de son corps, elle vient alors retrouver Florian, son grand amour d'adolescence, trop vite perdu de vue dix ans plus tôt. Ils renouent une relation hors du co...