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Jeudi 2 juillet

Ce soir, Miquette s'est invitée à l'improviste chez sa cousine Lydiane qui n'est pas du tout ravie de cette intrusion, mais la supporte par esprit de famille et par pitié – cette parente (fille d'une sœur de Mme d'H) ayant eu une enfance difficile dans un foyer maltraitant. Elle n'avait que quelques mois quand sa mère était décédée ; son père (un homme aux mœurs douteuses, que la petite embarrassait) s'était vite remarié avec une femme fruste qui avait pris l'enfant en grippe.

Au chômage depuis plus de deux ans, Miquette ne recherche que mollement un nouveau travail. Après avoir perdu son emploi de caissière dans une grande surface de la banlieue parisienne, elle s'est installée à Dijon, sachant qu'elle pouvait compter sur la générosité de sa riche cousine, ce qui s'est vérifié chaque fois qu'elle lui a "emprunté" de l'argent.

Sur Internet, elle espère toujours trouver l'homme fortuné, au physique de play-boy, qui l'épousera... En attendant la réalisation de son beau rêve, elle multiplie les aventures sans lendemain.

Immature, elle continue à se faire appeler par le surnom qu'on lui donnait à l'école. C'est une petite rousse du même âge que Lydiane mais paraissant nettement plus, à la bouche pulpeuse violemment maquillée, aux paupières fardées d'un vert destiné à mettre en valeur celui de ses yeux. Son visage aux traits fatigués trahit des excès en tous genres et un manque de sommeil lié à sa vie dissolue. Sans être une beauté, elle parvient pourtant à séduire la plupart des hommes sur lesquels elle jette son dévolu, par ses formes rebondies, ses regards enjôleurs et ses manières prometteuses.

Pourquoi que tu t'es fait couper les cheveux ? s'exclame-t-elle de sa voix éraillée. T'étais mieux avant !

J'avais trop chaud.

Ah bon !... Moi, je trouve que les cheveux longs, et pis d'autres choses aussi évidemment, c'est ce qui faut pour attirer les hommes.

Je ne tiens pas du tout à les attirer...

Avec Florian, ça va ?... Tu le vois souvent ?

... « Qu'elle est pénible ! », pense Lydiane.

N'obtenant aucune réponse, l'indiscrète n'insiste pas et réclame :

T'as une cigarette ?

Je ne fume plus.

Ben ça alors, c'est nouveau !... Et tu mets tout le monde au jus d'orange, maintenant ?

Mais Miquette ne fait pas d'autres commentaires sur cette sobriété qui la surprend, car ce qui l'intéresse surtout, c'est Florian.

Elle ne cesse de poser des questions au sujet de celui-ci, d'une façon soûlante ; malgré des réponses très évasives, visant à la décourager, elle continue :

Vous allez sûrement partir ensemble au mois d'août ?

Je viens déjà de passer six semaines à Antibes, c'est suffisant.

Oui, mais lui ?

Il a horreur de la foule des vacanciers ; et moi, je préfère aussi rester au calme.

Ah ?... T'as pas toujours dit ça !

J'ai changé d'avis.

Moi, c'est justement ça que j'adore : les gens, la fiesta, la rigolade... la grande vie, quoi !... Ah, si j'avais, comme toi, les moyens de me payer des vacances de rêve sur la Côte d'Azur, ou à Tahiti...

PhalèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant