Samedi 16 mai
Après avoir tergiversé, Florian appelle Lydiane, comme il l'avait promis.
Elle lui répond aussitôt, avec beaucoup de chaleur dans la voix, et lui confirme qu'elle se trouve à Antibes depuis déjà huit jours. Soulagé de la savoir au loin, il bavarde volontiers un moment :
− C'est ton médecin qui t'a conseillé de suivre cette cure ?
− Oui ; je lui avais demandé de me prescrire des patchs anti-tabac. Il m'a recommandé, en plus, un séjour d'au moins deux semaines dans ce Centre de thalassothérapie pour obtenir un résultat durable ; j'en ai donc pris trois.
− Tu peux laisser ton agence si longtemps ?
− Sans problème ; c'est l'avantage d'exercer une profession libérale.
− Mais tes clients, tes rendez-vous ?...
− Ce n'est pas la première fois que je m'absente pour une longue durée. Tout fonctionne normalement. Odile, la plus âgée de mes deux collaboratrices, a mon entière confiance, et une procuration pour signer à ma place ; elle me tient régulièrement au courant des affaires, par mail ou téléphone. Sylvie est super elle aussi. Je pourrais partir deux mois, si je le voulais.
− Ah, j'aimerais bien avoir une pareille liberté dans mon travail !
− Tu l'aurais si tu t'établissais à ton compte. Je pourrais te conseiller pour tout ce qui est administratif et réglementaire.
− Plus tard, peut-être ; je vais y réfléchir...
− Et même t'aider financièrement à tes débuts.
− Je te remercie, mais je ne voudrais pas abuser de ta générosité.
Florian préfère changer de sujet et s'enquiert de sa santé. Elle lui répond d'un ton calme :
− Ça va. Je ne bois que de l'eau ou du jus de fruits, et j'ai complètement arrêté de fumer (en grande partie grâce à toi).
− Félicitations !
− J'avais déjà commencé avant de venir ici... juste après notre week-end à Vougeot.
− Tu as de la volonté, Lydiane.
− Les premiers jours de sevrage total ont été difficiles, surtout pour le tabac ; c'était prévisible. Mais maintenant, les états de manque ont presque disparu. Je peux déjà constater des résultats positifs sur ma forme et mon humeur... Je crois qu'il ne me serait plus possible de vivre comme avant.
− J'imagine qu'on te propose aussi un régime alimentaire adapté...
− En effet : beaucoup de crudités et des cuissons à la vapeur... Je n'étais pas habituée à me nourrir de cette façon simple et saine.
− L'ambiance est bonne ?... Tu as peut-être fait la connaissance de personnes intéressantes ?
− J'ai sympathisé avec un couple de curistes, des gens qui te plairaient sûrement : écolos, amateurs d'archéologie, cultivés, pleins d'humour... Iris et John me font découvrir la région. Hier après-midi, nous sommes allés à Beaulieu visiter la villa Kerylos qui date de la Belle Epoque ; c'est la fidèle reconstitution d'une demeure aristocratique de la Grèce antique, meublée et décorée avec un grand souci du détail authentique. J'aurais aimé que tu sois là, Florian...
− J'en ai entendu parler et j'ai vu des photos. Il paraît que c'est remarquable.
− Demain, nous irons à Eze, un vieux village provençal perché...
La conversation se poursuit sans qu'ils abordent le thème de leur relation, chacun d'eux préférant éviter de s'y hasarder.
Florian se surprend à trouver un certain plaisir à cet entretien, étonné qu'elle s'intéresse ainsi à des sujets culturels. Au moment de la quitter, il perçoit une vive émotion dans la voix de Lydiane qui semble retenir ses larmes ; mais il ne se sent pas à l'unisson, malgré son sincère désir de lui être agréable.

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Phalène
ParanormalVictime d'un grave accident de la route, Phalène est plongée dans un coma profond. Sortie de son corps, elle vient alors retrouver Florian, son grand amour d'adolescence, trop vite perdu de vue dix ans plus tôt. Ils renouent une relation hors du co...