Mercredi 15 juillet
Après avoir veillé tard pour terminer le portrait de Lydiane (pas assez ressemblant, juge-t-il), Florian se couche, fatigué, aux sons de la " Petite musique de nuit ". Il aime particulièrement Mozart, le compositeur préféré de Phalène, et a remarqué avec satisfaction que Lydiane, elle aussi, était de plus en plus sensible au génie de ce musicien.
Peu à peu, une agréable somnolence le gagne. Laura, boule de fourrure noire et soyeuse, est endormie près de lui. Bientôt, il perçoit les prémices lumineuses habituelles et craint un instant que le phénomène ne s'inverse. Mais Phalène apparaît. Il s'émerveille :
« Elle est solaire... et d'une telle perfection ! »
Le regardant malicieusement, elle lui dit :
− Ah, tu as cru que j'allais disparaître avant que tu ne m'aies vue, comme hier au bord du lac...
− C'était plutôt frustrant !
− Je n'ai plus aucune raison de vouloir m'éclipser.
− Quand tu t'es aperçue que j'étais avec Lydiane, tu es partie discrètement ; mais elle a quand même remarqué quelque chose d'anormal qui l'a rendue anxieuse.
− Je m'en voudrais de l'avoir à nouveau perturbée ; j'espère que tu as pu la rassurer ?
− Je m'y suis efforcé. Le soir, au restaurant, elle semblait avoir retrouvé sa sérénité, voyant que mes sentiments avaient un peu changé à son égard.
− Un peu changé ?... Ce n'est pas tout à fait exact. Tu es vraiment épris d'elle à présent, même si tu hésites encore à te l'avouer. Tu aimes deux femmes ; ça n'a rien de choquant en soi, vu le contexte. Mon bonheur s'accroît de vous savoir heureux tous les deux. Lydiane m'est sympathique, et depuis cette soirée à l'auditorium, j'ai pu aider sensiblement à l'évolution de sa personnalité ; elle est réceptive et il est facile d'élargir l'horizon de sa conscience.
− Elle s'en rend compte ?
− Oui et non ; elle entend parfois une voix intérieure qu'elle prend pour sa propre intuition, et ressent une influence bénéfique dont elle ignore la provenance.
− J'ai constaté beaucoup d'améliorations dans ses réactions, ses opinions, sa façon d'être. Maintenant, Lydiane est nettement plus agréable à vivre ; et c'est vrai que mes sentiments pour elle ont bien changé... mais cela ne diminue en rien la passion que j'éprouve pour toi.
− Je le sais, puisqu'il nous est impossible de nous cacher quoi que ce soit l'un à l'autre. De ton côté, tu connais mon amour, Florian ; c'est le même qu'à Porquerolles, en ce matin d'été où, sur ton vélo, tu t'étais arrêté à ma hauteur. Je me reposais près du phare et contemplais la mer. Tu m'avais dit, d'une voix un peu timide : " Quel paysage magnifique ! "
− Je m'en souviens... Je tremblais de mon audace. Tu m'avais souri et longuement regardé, puis répondu : " Un enchantement..." C'était la première fois qu'on se parlait.
− En fait, ce qui m'enchantait surtout, c'était que tu m'adresses la parole, alors que justement je pensais à toi. La veille, on s'était croisés, et je mourais d'envie de te revoir...
− A la fin des vacances, je t'aimais follement, mais avec l'anxiété d'être séparé de toi. Aujourd'hui, ma crainte est de te perdre à jamais, tant ta condition physique me semble précaire...

VOUS LISEZ
Phalène
ParanormalVictime d'un grave accident de la route, Phalène est plongée dans un coma profond. Sortie de son corps, elle vient alors retrouver Florian, son grand amour d'adolescence, trop vite perdu de vue dix ans plus tôt. Ils renouent une relation hors du co...