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Mercredi 18 novembre

Au crématorium de Marseille, une cinquantaine de personnes assistent aux obsèques de Phalène.

Florian ne quitte pas des yeux le cercueil sur lequel s'épanouit une somptueuse gerbe de roses et de lys ; tout autour, d'autres fleurs ont été déposées. Il aurait souhaité offrir un simple bouquet de violettes ; mais, n'en ayant pas trouvé à cette saison, il a apporté un pot de fragiles orchidées blanches.

Dans la grande salle des cérémonies, Lydiane est assise à sa droite, et Zélie a pris place à sa gauche. Il croit reconnaître Mme R, vêtue de deuil, à la première rangée où une dizaine de personnes sont installées, sans doute des membres de la famille proche. L'un d'eux, un adolescent rougissant, vient réciter, devant l'assemblée attentive, un poème de Victor Hugo :

" Demain, dès l'aube, à l'heure où blanchit la campagne, je partirai. Vois-tu, je sais que tu m'attends..."

Mélodieux et poignant, l'andante d'une sonate pour violoncelle de Haydn incite chacun à la méditation, unissant les esprits dans un hommage à la disparue.

Non loin de Florian, une jeune femme brune se lève. Il suppose qu'il s'agit de Roxane, d'après la description que Phalène lui en avait faite. D'une voix grave et vibrante, elle lit un passage du " Prophète " de Khalil Gibran, finissant par ce propos qui le touche :

" Si dans le crépuscule du souvenir nous nous rencontrons à nouveau, vous me chanterez un hymne plus profond. "

Mme R se tourne vers l'assistance et annonce que la musique qu'ils vont entendre est celle d'un CD qui se trouvait dans la chaîne stéréo de Phalène, à Aix, donc le dernier qu'elle a écouté avant son accident.

L'auditoire se recueille alors aux notes du superbe adagio d'un concerto pour violon de Mozart.

Zélie, qui a été invitée à préparer la cérémonie avec la famille, a choisi de lire un extrait du "Petit Prince" de Saint-Exupéry. Regardant Florian, elle prononce avec conviction :

" Tu auras de la peine. J'aurai l'air d'être mort et ce ne sera pas vrai... "

Par dignité, celui-ci s'efforce de contenir son vif chagrin ; mais ses yeux s'embuent à la lecture de ce texte si émouvant dans sa simplicité. Alors, une sensation d'une ineffable douceur le parcourt, qui le bouleverse et le laisse étrangement apaisé – avec l'intime certitude que Phalène vient de se manifester, et qu'il la retrouvera.

A cet instant de grâce, la main chaude et vivante de Lydiane tressaille dans la sienne. Il la serre tendrement.

Deux mois auparavant, comme elle pressentait sa fin, Phalène avait demandé à sa mère que ses cendres fussent confiées au vent et aux vagues, depuis les hautes falaises de la côte sud-est, à Porquerolles.

Mme R a l'intention de respecter scrupuleusement les volontés ultimes de sa fille.

PhalèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant