16

13 1 0
                                    



Samedi 4 juillet

Vers onze heures, Miquette sonne chez Florian. Celui-ci vient juste de se doucher ; vêtu seulement d'un jean blanc, frictionnant avec une serviette ses cheveux mouillés, il ouvre et ne la reconnaît pas, car elle est dans la pénombre du palier ; de plus, il ne l'a vue qu'une seule fois (la trouvant tout à fait insupportable), un soir où il dînait chez Lydiane.

Bonjour, minaude-t-elle, vous me remettez ?

...

Ne pouvant détacher son regard du torse nu et musclé de Florian, elle ajoute :

Miquette !... la cousine à Lydiane !

­ Ah, bonjour.

Je vous apporte une lettre de sa part ; elle était en train de l'écrire hier soir, quand je suis arrivée chez elle avant manger. Je peux entrer ?

Florian s'efface pour la laisser passer. Elle lui tend l'enveloppe cachetée qu'il met dans sa poche.

Si elle a quelque chose d'important à me dire, pourquoi ne m'a-t-elle pas téléphoné ? demande-t-il, tout en enfilant une chemise blanche.

Euh... je sais pas ; tout ce que je peux dire, c'est qu'elle avait pas l'air à l'aise...

Se plaignant d'avoir eu chaud à monter les quatre étages, elle s'installe alors dans l'un des deux fauteuils. Laura, qui sommeillait sur l'autre, s'enfuit en grondant et va se réfugier sous la bibliothèque.

Florian préférerait que cette fille déplaisante et sans-gêne s'en allât tout de suite, mais il se croit obligé de lui offrir un rafraîchissement, comme elle l'escomptait.

Il rapporte de la cuisine du jus de pamplemousse, une carafe d'eau, des glaçons et deux verres.

Vous avez pas de la bière, ou du whisky ?

Désolé, c'est tout ce que j'ai.

Ayant espéré qu'il lirait le message devant elle, puis qu'il essaierait de noyer son chagrin dans l'alcool, Miquette est déçue.

Tout en buvant, ils échangent quelques propos anodins concernant les prévisions météorologiques.

Elle commence à douter de l'efficacité de son plan car maintenant les verres sont vides, et la conversation se traîne... Florian, impassible, garde une attitude de froide courtoisie et ne prend toujours pas connaissance de la lettre. Un vague sentiment de culpabilité vient alors la troubler...

Finalement, elle se lève, assez décontenancée :

Eh ben, je m'en vais...

Merci de vous être dérangée pour venir ici.

Au moment d'ouvrir la porte, elle retrouve son aplomb et se décide à jouer le tout pour le tout :

Bah, c'était pas un grand détour ; j'habite pas loin : 6 rue Porte-aux-Lions, à côté de l'Hôtel de ville.

Ah, oui, une rue piétonne ; vous êtes au calme.

Au cas que je vous aurais apporté une mauvaise nouvelle, vous pourrez passer chez moi pour en parler ; vous serez toujours le bienvenu...

Pour mieux se faire comprendre, elle ajoute, avec quelques battements de ses faux cils et un sourire qui se veut enjôleur :

De jour comme de nuit... Faut pas hésiter !

PhalèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant