Dimanche 10 mai
Le Vieux Port n'est pas idéalement orienté par rapport au vent dominant de nord-ouest ; et malgré les amarres, une légère oscillation permanente du bateau, à laquelle Florian n'est pas accoutumé, le réveille à demi, dès l'aube. Comme la veille avant qu'il ne s'endorme, la silhouette diaphane de Phalène lui apparaît dans sa cabine ; dès qu'elle se précise, la même indicible émotion les étreint tous deux. Avec ravissement, ils s'y abandonnent jusqu'au moment où tinte la cloche du petit déjeuner.
La météo annonçant, pour toute la journée, une température clémente et un ciel dégagé par un mistral modéré, Eric propose d'aller pique-niquer à l'Ile Verte, au large de La Ciotat.
Il est à peine huit heures quand on largue les amarres pour éloigner le bateau du ponton. Passant devant l'Hôtel de ville, Céline montre à leur invité un cotre aurique, beau spécimen de navire ancien classé monument historique. Un peu plus loin, Florian admire en connaisseur l'imposante architecture des deux forts, Saint-Jean et Saint-Nicolas, qui défendaient l'accès du port, au XVIIe siècle.
Dès qu'ils sont en pleine mer, les deux hommes hissent les voiles tandis que Céline tient la barre. A l'intérieur, Maminette s'affaire à quelques rangements et nettoyages, aidée par Elisa qui lui est très attachée.
Le deux-mâts est poussé à bonne allure par un vent arrière assez soutenu. Trois-quarts d'heure plus tard, ils passent dans l'étroit chenal entre le cap Croisette et l'île Maire. Le bateau longe ensuite la pittoresque île de Riou sur laquelle nichent de nombreux oiseaux de mer.
En fin de matinée, ils doublent la baie de Cassis, continuent en direction du Bec de l'Aigle, et arrivent à destination vers midi.
L'Ile Verte, de taille réduite, porte bien son nom en raison de la végétation qui la couvre. C'est un espace naturel protégé, au contour rocheux tourmenté. Eric jette l'ancre à quelque distance et tous se rendent au débarcadère dans le canot pneumatique.
Ils s'engagent sur l'agréable chemin sinueux qui fait le tour de l'île, et atteignent ainsi la jolie calanque de Seynerolles, bien à l'abri du vent ; là, ils s'installent sur le sable fin. Au-dessus d'eux, quelques grands cormorans planent dans l'espace où s'effilochent de longs lambeaux de nuages. La fillette, qui ne peut pas tenir en place, court sans cesse à la rencontre des vagues et s'enfuit à leur approche, poussant des cris de joie quand les franges d'écume viennent lui lécher les pieds.
Le pique-nique se déroule dans la bonne humeur et en toute simplicité ; chacun choisit ce qui lui convient parmi un assortiment de viande séchée, olives, tomates, carottes, graines germées, amandes, pommes et bananes où mordre à belles dents... Pour terminer, Céline sort un thermos de tisane sucrée au miel, dont Elisa raffole.
« C'est excellent, mais un petit café ne m'aurait pas déplu », chuchote Maminette à Florian, en aparté.
Il y a entre eux une complicité qui les incite à se faire des confidences. La veille au soir, dans sa cabine, il a parcouru le livre qu'elle lui a offert ; et maintenant, sur le chemin du retour où ils se sont un peu isolés des trois autres en ralentissant le pas, il n'hésite pas à lui raconter toute son idylle avec Phalène.
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Phalène
ParanormalVictime d'un grave accident de la route, Phalène est plongée dans un coma profond. Sortie de son corps, elle vient alors retrouver Florian, son grand amour d'adolescence, trop vite perdu de vue dix ans plus tôt. Ils renouent une relation hors du co...