Victime d'un grave accident de la route, Phalène est plongée dans un coma profond. Sortie de son corps, elle vient alors retrouver Florian, son grand amour d'adolescence, trop vite perdu de vue dix ans plus tôt. Ils renouent une relation hors du co...
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Jeudi 28 mai
Sur la grande plage d'Antibes, non loin du château Grimaldi dont la haute tour médiévale domine la ville, Lydiane et sa nouvelle amie sont étendues à l'ombre légère d'une pergola en bambou. Iris suit des yeux son mari qui, au large, file avec aisance sur sa planche à voile.
− Si j'étais aussi sportive que lui, je ne serais pas en surpoids. J'ai heureusement perdu quelques kilos depuis le début de ma thalasso, dit-elle avec un demi-sourire, son beau visage un peu fané, qui accuse une quarantaine d'années, gardant une expression sereine.
C'est avec bienveillance qu'elle a accueilli Lydiane à leur table, deux semaines plus tôt. Son sens aigu de l'observation et sa nature altruiste avaient vite décelé le désarroi de celle-ci – que la frustration liée à la défection de Florian (alors qu'elle était fragilisée physiquement) laissait déprimée depuis son arrivée. Leurs rapports sont vite devenus amicaux et ont largement contribué à aider Lydiane à surmonter un cap difficile.
− Mon ami, Florian, est aussi un sportif assidu. Pour lui plaire et garder la forme, il faudrait que je fasse plus d'exercice.
− Eh bien, allons nager !
Iris serre ses cheveux blond vénitien dans un petit foulard aux vives couleurs, tandis que Lydiane attache les siens au sommet de sa tête, avec une large barrette incrustée de nacre.
Elles vont se tremper, un peu frileusement, puis parcourent une assez longue distance parallèlement à la plage, encouragées par John qui leur fait un grand signe en les croisant.
Après ce bain revigorant, elles retrouvent avec satisfaction leurs matelas, tirés au soleil par le plagiste qui, récompensé d'un généreux pourboire, a veillé sur leurs affaires.
− Vous paraissez vous entendre au mieux avec John, dit Lydiane, rêveuse.
− Oui ; et nous nous connaissons depuis vingt ans.
− J'ai rencontré Florian à l'automne dernier, et notre liaison est plutôt chaotique. Je crois qu'il me désire plus qu'il ne m'aime... Si je pouvais connaître le secret d'une relation réussie, dans la durée...
Iris reste un moment méditative, puis répond :
− Saint-Exupéry a écrit, pertinemment : " Aimer, ce n'est pas se regarder l'un l'autre, c'est regarder ensemble dans la même direction. "
− John vous regarde pourtant souvent et avec un plaisir évident... mais j'ai aussi remarqué que vous aviez beaucoup d'intérêts communs.
− Oui, c'est important de pouvoir faire ensemble des projets, de partager des idées sur divers sujets, intellectuels, artistiques ou autres... Sinon, les aléas de la vie quotidienne ont vite fait d'enrayer la fragile et subtile mécanique du cheminement d'un couple.
− L'entente sur le plan physique compte aussi, il me semble.
− Certes ; mais c'est insuffisant.
− Quand il n'y a pas de point commun au départ, un couple est condamné à l'échec ?...
Comprenant bien que Lydiane évoque sa propre situation, Iris, un peu gênée, hésite un instant avant de répondre, s'appuyant sur son expérience personnelle :
− Non... pas forcément... Les sentiments et les goûts évoluent généralement avec le temps. Si on sait s'ouvrir aux différences de l'autre, elles peuvent même devenir constructives pour chacun.
« Jamais Florian ne partagera mes intérêts pour la finance, les objets de valeur... », regrette Lydiane, tout en s'enduisant de crème solaire.
Comme si Iris avait deviné ces pensées, celle-ci lui fait remarquer qu'il est plus facile de se changer soi-même que de changer les autres. Prête à se remettre en cause, Lydiane cherche alors, parmi les activités favorites de Florian, celles qu'elle pourrait pratiquer et qui seraient susceptibles de les rapprocher. Elle réalise qu'Iris vient de lui donner des clés fort utiles qui lui ouvriront peut-être plus largement le cœur de son ami.
A ce moment, John, un athlète roux de type nordique, sort de l'eau en traînant sa planche à voile. Sa femme se lève aussitôt et court vers lui pour l'aider à ramener son matériel, tandis que Lydiane les observe avec aménité, quoique un peu envieuse de l'heureuse intimité qui émane de leur couple.