Victime d'un grave accident de la route, Phalène est plongée dans un coma profond. Sortie de son corps, elle vient alors retrouver Florian, son grand amour d'adolescence, trop vite perdu de vue dix ans plus tôt. Ils renouent une relation hors du co...
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Le 24 décembre de l'année suivante...
Florian et Lydiane entretiennent une relation suivie avec Jean-Luc et Marie-Aude. Il est journaliste à la rubrique culturelle du " Bien Public " et historien orientaliste, auteur de plusieurs ouvrages remarqués par les spécialistes. Elle, est sage-femme et écrivaine, ayant déjà publié quelques romans d'inspiration ésotérique.
Ils se reçoivent fréquemment, prenant plaisir à échanger leurs opinions. Calmes, érudits et éclairés sur le plan des traditions occultes, ces nouveaux amis savent réconforter Florian, parfois dépressif depuis la mort de Phalène. Mais c'est surtout la présence attentionnée et l'amour de Lydiane qui l'aident à surmonter sa peine.
En cette festive veille de Noël, le centre ville, splendidement illuminé, revêt un aspect irréel – magnifié par l'épais manteau de neige qui, hier, a tout recouvert. Sur les principaux bâtiments historiques, des images projetées, vivement colorées, dessinent de fabuleuses fresques, créant un décor onirique.
A dix-neuf heures, la galerie d'art de la rue Vauban ferme ses portes. Lydiane y vient souvent seconder Florian. Lors de chaque vernissage, ses qualités d'hôtesse sont fort appréciées.
Au lieu de retourner Cours du Parc, ils se dirigent vers la rue Verrerie, car ils ont promis de venir garder Kevin durant la nuit ; en effet, leurs amis sont invités à réveillonner chez le directeur du journal et ne rentreront qu'à deux ou trois heures du matin.
Quand ils arrivent, le petit est à table, dans la cuisine, et sa mère l'aide patiemment à finir son dessert. Il semble tout content de cette soirée qui sort de l'ordinaire. Après son repas, il les conduit vers le sapin joliment décoré, et montre ses chaussures au pied de l'arbre, leur faisant un discours naïf et compassionnel sur la grande fatigue du Père Noël qui aura tant de travail pour distribuer des jouets à tous les enfants de la Terre. Lydiane lui assure que ce vieil homme à barbe blanche est infatigable et qu'il est aidé par une foule de gentils lutins très astucieux.
Leurs hôtes étant partis, elle baigne Kevin puis, maternelle, le porte dans son lit. Affectueux et rieur, le garçonnet la cajole et réclame qu'on lui raconte une histoire, comme tous les soirs ; Florian s'en charge, se souvenant fort à propos des " Trois ours ".
Pendant qu'ils dînent, soucieux de bien remplir leur rôle, les parents occasionnels vont voir de temps à autre le bel enfant qui s'est endormi avec sa peluche.
Après avoir suivi un spectacle télévisé de danse artistique où plusieurs couples évoluent élégamment, ils font ensemble un tour de valse durant le générique musical, puis retournent une dernière fois vers Kevin, le regardant avec émotion à la lueur de sa veilleuse rose.
Lydiane pense aux joies que lui apporterait un bébé né de leur union. Florian envisage aussi cette éventualité, mais hésite beaucoup... Il suppose qu'elle en serait comblée (se souvenant qu'elle avait évoqué, au " Clos Vignot ", la décoration d'une chambre d'enfant). Toutefois, devant une telle responsabilité, il tergiverse :
« Est-ce queje saurais me montrer à la hauteur de la situation ?... protéger ce petit être de la dureté du monde ?... Et je me demande quelles en seraient les répercussions sur notre vie de couple... »
Il préfère ne pas aborder le sujet dans l'immédiat, et s'étonne qu'elle n'en ait jamais parlé ouvertement.
Chaudement couverts, ils sortent sur la terrasse où Florian est arrivé après l'incendie qui a ravagé son immeuble, il y a plus d'un an. Blottie contre lui, frissonnante, Lydiane contemple longuement les toits enneigés qui se détachent sur la profondeur du ciel constellé, et murmure :
− Une vraie nuit de Noël.
− Oui. Hors de tout esprit religieux, cette fête reste toujours pour moi un symbole d'espérance et de paix.
Il demeure un instant silencieux avant de citer deux vers de Voltaire qui font écho à ses réflexions :
− "L'Univers m'interroge et je ne puis songer que cette horloge existe et n'ait point d'horloger. "
− Tu crois que Dieu existe ?
− La réponse se trouve en chacun, dans l'intimité de sa conscience.
Lydiane médite un moment, essayant d'imaginer l'inimaginable, puis reprend :
− Que pensait Phalène à ce sujet ?
− Je le lui avais demandé ; elle m'avait répondu : " Une pâquerette, fleurie entre les pierres du chemin, me parle mieux de Dieu qu'on ne le fait dans les livres. "
− L'image est belle, et l'idée intéressante...
Soudain inspiré, il serre étroitement sa compagne et lui chuchote :
− On pourrait participer à l'Œuvre créatrice divine, donner la vie, nous aussi...
− J'en serais tellement heureuse, Florian !
− Avant de prendre une décision si importante, il faudrait y réfléchir...
− En ce qui me concerne, il y a longtemps que je désire un enfant. Je vais avoir trente ans en avril prochain et je me sens prête maintenant. Je ne t'en ai encore jamais parlé, car j'attendais que la proposition vienne de toi.
− Eh bien, c'est fait, Lydi.
− Mais non, l'essentiel reste à faire, dit-elle, se pressant contre lui d'une façon sensuelle, plus éloquente que tout ce qu'elle aurait pu ajouter.
Ils déposent trois cadeaux sous le sapin scintillant : un jeu de construction à côté des petites chaussures et, pour les parents, un livre d'art tibétain, ainsi qu'un portrait de Kevin à l'aquarelle, réalisé d'après une photo prise lors d'une sortie récente.
Marie-Aude et Jean-Luc leur ont préparé le canapé convertible du bureau (où Florian se souvient être entré à travers la porte fermée, lors de son étrange " voyage ").
Ils se couchent, frileusement. Sous la couette en plume qui sent la lavande, ils ont vite fait de se réchauffer. Bientôt, dans l'enclos de la nuit, une houle de volupté les emporte... Au moment ultime, une onde puissante, issue de leurs corps intimement unis, atteint une ampleur cosmique.
Durant son sommeil, Florian fait un rêve : Lydiane et lui se tiennent enlacés. Au loin, dans une apaisante lumière blanche, Phalène resplendit. Elle se rapproche d'eux mais, paradoxalement, devient de plus en plus petite, jusqu'à n'avoir plus, quand elle les rejoint, que la dimension d'une minuscule poupée.
Au matin, à son réveil, il cherche à comprendre la signification, à découvrir le contenu symbolique de ce rêve qui reste très présent à son esprit...
Il regarde amoureusement Lydiane qui finit par ouvrir les yeux. Ils échangent un long sourire plein de promesses, puis Florian lui demande de l'épouser.
Rayonnante, elle accepte et lui dit en confidence :
« Ce jour de Noël exauce l'un de mes vœux les plus chers ».