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Samedi  9  mai

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Samedi 9 mai

Installé dans le TGV qui relie Dijon à Marseille, Florian regarde défiler le paysage. Un peu avant Beaune, il distingue au loin, sur la Côte réputée pour ses vins prestigieux, l'important domaine viticole de ses parents qu'il n'a pas revus depuis Noël.

« J'irais les voir plus souvent si mon père n'en profitait pas pour me faire toujours des scènes ; rentrer au bercail et filer doux comme autrefois, très peu pour moi !... »

Il met à ses oreilles les écouteurs de son iPod. La musique relaxante finit par le plonger dans un état proche du sommeil.

A son étonnement et pour sa plus grande joie, il voit apparaître une clarté blanche sur le siège vacant en face du sien. Les autres voyageurs ne s'aperçoivent de rien, sauf peut-être un bébé qui s'agitait en pleurnichant dans les bras de sa mère et s'est arrêté soudain, fixant maintenant la place où se tient Phalène, elle-même étonnée de se trouver dans un train.

Trois jours sans pouvoir te rejoindre m'ont paru une éternité, Florian. J'attendais ce moment avec impatience.

Moi aussi. J'étais très inquiet. Tu es donc retombée dans le coma ?

Oui, ce matin, malgré une opération crânienne en urgence. Le chirurgien n'a pas réussi à réduire suffisamment la pression qui comprime mon cerveau. Pour lui, c'est plutôt un échec ; pour moi, c'est la libération que j'espérais tant ! Quel soulagement d'avoir pu quitter cette terrible prison qu'est mon corps, dans l'état lamentable où je l'ai laissé !

L'infirmière à qui j'ai téléphoné hier soir m'a assuré qu'on parvenait à calmer tes souffrances avec des perfusions de morphine.

C'est en partie vrai ; mais cette immobilité forcée, la perte d'autonomie et ce sentiment de déchéance m'étaient insupportables.

Je vais à Marseille ; j'avais projeté de te rendre visite à l'hôpital, cet après-midi.

J'en suis très touchée ; pourtant, je préfèrerais que tu n'y ailles pas...

Ah ?...

Un corps dont l'esprit est sorti n'est qu'une coquille vide. Si tu venais et me voyais, inanimée, la tête bandée, reliée à tous ces appareils médicaux, tu reviendrais avec un souvenir déprimant ; et je ne souhaite pas que tu gardes de moi une telle image.

Je te comprends... Je vais donc aller seulement chez mon ami Eric ; il se fait un plaisir de me recevoir sur son voilier, au Vieux Port...

Ne regrette rien ; on pourra sans doute se retrouver sur son bateau, plus agréablement qu'à l'hôpital.

Ce voyage avec toi est déjà un bonheur inespéré...

PhalèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant