Victime d'un grave accident de la route, Phalène est plongée dans un coma profond. Sortie de son corps, elle vient alors retrouver Florian, son grand amour d'adolescence, trop vite perdu de vue dix ans plus tôt. Ils renouent une relation hors du co...
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Samedi 24 octobre
Le défunt était très connu et l'assistance est importante, ce matin, dans la cathédrale de Beaune où ont lieu les obsèques. De nombreux viticulteurs de la région sont venus rendre hommage à l'un des leurs.
La cérémonie religieuse est longue et pompeuse, tout le décorum traditionnel ayant été mis en place, selon le désir de Mme S. Malgré la présence de Lydiane à son côté, Florian supporte difficilement cette ambiance qu'il ressent froide et artificielle.
« Pourquoi célébrer une telle messe, avec des oripeaux liturgiques d'un autre âge ?... et obliger les gens qui sont ici à la subir, quelles que soient leurs croyances ?...
C'est vrai que mon père allait à l'église le dimanche, et l'aurait sûrement souhaitée ; il aurait peut-être même été satisfait de cet éloge funèbre déclamatoire, digne de Bossuet. »
Maintenant, sous les voûtes romanes du XIIe siècle, une puissante musique d'orgue de Jean-Sébastien Bach éclate : la " Toccata et fugue en ré mineur ". Incommodé par cette sonorité excessive, Florian admire cependant la virtuosité de l'exécutant.
Au cimetière, bien qu'il fasse assez froid et qu'à l'ouest l'horizon se couvre de nuages sombres annonçant du mauvais temps, l'atmosphère lui semble plus sereine. Un vigneron, ami de Mr S, prononce un discours simple et chaleureux que Florian apprécie. Celui-ci regarde sa mère, vêtue de noir et impassible, se demandant si elle a du chagrin. Lui-même n'en éprouve guère ; pourtant, il essaie de se remémorer certains épisodes positifs vécus avec son père et, après un effort de mémoire, parvient à en retrouver, datant de son enfance :
« Je me souviens d'une promenade en montagne. Comme j'avais mal aux jambes, il m'avait pris sur ses épaules ; j'étais ravi et j'avais entonné une chanson des louveteaux : " La fatigue me gagne, mais mon coeur est content... " On s'était arrêtés près d'un torrent. Il m'avait fabriqué un petit bateau avec son couteau dans une écorce de mélèze, pendant que ma mère jouait avec moi au bord de l'eau... »
Durant ce temps, on a descendu le lourd cercueil en bois verni dans le caveau familial surmonté d'un édifice de style baroque.
Maintenant, l'interminable défilé de l'assistance, venue présenter ses condoléances à la famille, met la patience de Florian à rude épreuve. Néanmoins, par égard pour sa mère, il s'efforce de se montrer conforme à ce que la société attend de lui. Il aperçoit sa compagne qui marche, méditative, à l'écart de la foule – et des pensées ambiguës lui viennent :
« Si elle était mon épouse, elle serait près de moi en ce moment. Nous marier prochainement ?... Elle doit y songer aussi. Mais si elle m'en parle, je serai bien embarrassé : envers Phalène, il y a là une étape que je ne peux pas franchir... »
Lydiane n'est pas mécontente d'échapper à cette corvée des condoléances. Tout en avançant à pas lents entre les rangées de tombes, elle rêve justement à ce projet matrimonial tant désiré, espérant qu'il pourra se concrétiser du fait de la nouvelle situation familiale de Florian.