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Vendredi 13 novembre

En début d'après-midi, Laura, qui a déjà pris ses habitudes, s'est installée sur les genoux de Lydiane. Après avoir baillé, puis étiré une longue patte, la chatte entreprend de faire sa toilette en léchant soigneusement sa fourrure luisante.

La sonnerie du portable de Florian retentit...

Depuis l'hôpital de la Timone, Zélie l'appelle, la voix pleine de tristesse. Elle commence par l'informer, avec précaution, qu'elle n'est pas porteuse de bonnes nouvelles, puis ajoute :

« ... Une infirmière, avec qui j'avais sympathisé, m'a téléphoné tout à l'heure, me disant que Phalène était sortie du coma avant-hier, mais que son cœur paraissait maintenant sur le point de lâcher... »

Florian ressent un choc au plexus solaire ; il était déjà inquiet, celle-ci n'étant pas venue le rejoindre après la nuit de l'incendie, ainsi qu'il l'espérait.

Zélie reprend :

« Le fil qui la retient à la vie semble de plus en plus ténu. Un médecin ne m'a pas caché que Phalène n'avait sans doute plus que quelques heures à vivre. J'ai l'impression qu'elle en a conscience. Elle n'arrive à prononcer que ton prénom, et c'est comme un appel... On lit une telle détresse dans ses yeux... Je crois que tu devrais venir, si tu le peux ; il y a un train direct pour Marseille, qui part de Dijon à 16 h 15. »

Florian lui répond aussitôt qu'il va le prendre, et la remercie de l'avoir averti de cette situation – sans pouvoir s'exprimer davantage, tant il est oppressé.

« Je vais prévenir Phalène de ta venue, dit Zélie. J'espère qu'elle pourra tenir jusqu'à ce soir, et que vous vous reverrez une dernière fois... Je retourne tout de suite dans sa chambre pour la magnétiser. »

Lydiane a entendu la conversation et constate à quel point il semble en être affecté. Elle ne lui pose aucune question, lui disant seulement :

Prépare-toi, Florian ; je te conduirai à la gare.

Eric pourra sûrement m'héberger... Je ne sais pas combien de temps il me faudra rester là-bas... Je reviendrai dès que possible.

Ne te fais pas de souci pour moi. Quand je pense à toi en ton absence, c'est un peu comme si tu étais là... Et Laura sera de bonne compagnie.

D'une voix légèrement altérée, elle poursuit :

J'aurai plein d'occupations... Demain, je vais passer la matinée à l'agence avec Leslie, ma nouvelle collaboratrice, pour la mettre au courant des affaires. L'après-midi, j'irai chercher des livres à la médiathèque. Puis j'achèterai un panier de couchage pour la chatte...

Florian se rend bien compte qu'elle parle ainsi (de sujets anodins, avec une volubilité inhabituelle) afin de dissimuler son trouble et retenir ses interrogations.

Il estime que le temps du non-dit est terminé, qu'il lui doit des explications.

D'un ton mal assuré, il lui relate succinctement sa relation singulière avec Phalène depuis leur adolescence.

Un peu pâle, Lydiane écoute ces révélations qui, à une autre époque ou dans d'autres circonstances, lui auraient paru incroyables.

Quand elle réalise que l'apparition, à l'auditorium, n'était pas due à un déraillement de son cerveau, elle en est soulagée, et le lui dit. Il se culpabilise alors de l'avoir tenue si longtemps dans l'ignorance de ce qui se passait, et voudrait se justifier :

PhalèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant