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Mardi  23  juin

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Mardi 23 juin

Après trois heures de bureau fastidieuses, Florian fait quelques provisions sur le marché où il a sympathisé avec deux agriculteurs de la région qui le fournissent en fruits et légumes bio.

Passant rue Musette, devant la façade de l'église Notre-Dame hérissée de gargouilles impressionnantes, il lève les yeux vers la tourelle où le Jacquemart frappe les douze coups de midi. Cet automate (un trophée de guerre rapporté des Flandres au XIVe siècle par Philippe le Hardi, duc de Bourgogne) est aussi célèbre à Dijon que sa voisine, la chouette.

Dès que son maître ouvre la porte, Laura accourt vers lui. Pendant qu'il range le contenu de son sac à dos, curieuse et gourmande, elle fait tomber un paquet de levure maltée puis le déchire avec ses griffes et ses dents ; elle en répand une partie et commence à lécher cet aliment dont elle est friande. Voyant cette gabegie, Florian la houspille un peu. Vexée, la chatte va bouder sous un fauteuil ; mais, sans rancune, elle revient un moment après, quémandant quelque marque d'affection.

Il allume son téléviseur pour écouter le journal de treize heures, zappe sur plusieurs chaînes d'information, puis l'éteint au bout de quelques minutes, tant les évènements et les images de violence qui défilent à l'écran lui paraissent insoutenables.

« On ne parle pas assez de la pollution psychique ; elle est pourtant redoutable », déplore-t-il.

Avant de déjeuner, il place dans sa radio-CD l'un de ses disques préférés. Un air majestueux de Haendel s'élève, porté par la voix de Cécilia Bartoli.

« Phalène aime ces accents chauds et vibrants.

Son coma se prolonge depuis bientôt deux mois, et on se retrouve toujours avec le même bonheur... mais pour combien de temps ?...

Sans elle, ma vie n'aurait vraiment plus aucun sens... »

Tout à ses préoccupations, Florian en oublie le repas de la chatte. De plaintifs miaulements impatients viennent alors accompagner les envolées de la cantatrice et le ramènent à la réalité.

Il sert à Laura une bonne portion de steak haché. Tandis qu'elle se régale de son plat préféré, il l'observe un moment et lui dit, apitoyé :

« Ton univers se limite à mon logement et à celui des retraités du premier. J'espère que tu ne souffres pas trop de vivre dans ce confinement et cette solitude... C'est vrai que tu n'es jamais sortie de l'immeuble : tu ne dois pas te sentir privée de liberté...

Quand même, ce n'est pas le genre de vie qu'il te faudrait. Je pourrais bien sûr te laisser chez mes parents, à la campagne. Mais tu me manquerais... Toi, tu ne me verrais que très rarement et tu en serais peut-être malheureuse ?... »

Elle mâche avidement sa viande, et paraît hocher affirmativement la tête tout en le regardant, entre deux coups de langue dans son assiette, comme si elle avait compris ce discours.

PhalèneOù les histoires vivent. Découvrez maintenant