HEEL - Chapitre 2

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   -   Katie, mais dans quel état es-tu ?! s'exclama Alexandra.

   -   Ne dis rien s'il-te-plait, c'est déjà assez humiliant comme ça.

   -   Comment est-ce arrivé ? la questionna-t-elle

Tout en posant son blazer sur le dos de la chaise, Kate jeta un rapide regard autour d'elle. A son grand soulagement, à part le barman et une vieille dame attablée dans le coin opposé, nul ne semblait l'avoir remarquée. Elle poussa un soupir discret et s'assit en face de son amie qui continuait à la reluquer avec des yeux de merlan frit. Enfin, elle en profita pour retirer ses chaussures : marcher avec une paire d'escarpins dont l'un des talons s'était fait la belle s'était avéré beaucoup plus laborieux qu'elle ne l'aurait cru. Toutefois, elle fit mine de ne pas souffrir et entreprit de répondre à Alexandra :

   -   En chemin pour te rejoindre, je n'avais pas vu un pavé manquant et tadaaaaa ! Un talon en moins, une jupe déchirée et pas moins de deux genoux contusionnés ! Alors, jalouse ?

   -  Non, pas vraiment ! dit Alexandra en éclatant de rire. C'est bien le genre de choses qui n'arrivent qu'à toi. Et finalement, cet entretien ?

   -   Ne m'en parle pas, souffla Kate, lassée. Je me suis encore déplacée pour rien et, en plus, il m'a énervée comme rarement ça m'arrive ! Figure-toi qu'il était en retard de trente minutes et, qu'en arrivant, il m'est passé devant pour filer d'un bureau à l'autre sans même se donner la peine de s'excuser ou de me saluer. Bref, j'ai pris sur moi et suis restée souriante, comme toujours. Au bout de vingt minutes supplémentaires, le voilà qui vient vers moi, me salue enfin et m'invite à entrer dans son bureau. On s'installe, il survole mon CV et me pose quelques questions sur mes expériences passées. Quand il aborde enfin le sujet de la discipline – et tu sais à quel point c'est important dans l'enseignement – j'ai à peine le temps d'ouvrir la bouche que la sonnerie de son téléphone retentit. Je me dis qu'il ne va pas répondre , par politesse. Et devine ce qu'il fait ?

   -   Il décroche, enchaina laconiquement Alexandra.

   -   Oui !!! Alors j'attends qu'il termine tout en comprenant que la personne avec qui il converse est un autre candidat au poste à qui il accorde un rendez-vous plus tard dans la matinée... Au bout de trois minutes interminables, il repose le combiné et, sans reprendre la conversation là où il l'a laissée, il me demande si je connais l'école. Alex ! Il avait mon CV sous les yeux, il l'avait lu et il savait pertinemment que NON, je ne connaissais pas plus que ça son établissement puisque j'y avais effectué mon tout premier stage d'une semaine il y a de ça six ans !

   -   Quel con ! s'exclama la rouquine tout en faisant signe au serveur.

   -   Oui, un abruti fini ! acquiesça vivement Kate. Sans oublier la cerise sur la gâteau, le fameux « On vous recontactera » !

   -   Bon allez, ça va passer ma belle. Dis-toi que c'est derrière toi et que ça ira mieux la prochaine fois. Tu finiras bien par trouver quelque chose. On n'est qu'en octobre, d'ici le mois prochain plusieurs professeurs tomberont malades et là on t'appellera.

   -   Oui je sais, tu as raison Alex...

Alexandra n'aimait pas voir son amie comme ça. Elle savait à quel point elle se donnait du mal pour décrocher un poste et aussi à quel point cela la minait. Elle lui tendit la carte et appela le serveur pour la deuxième fois, plus impatiemment. Quand il vint près d'elles, elles commandèrent chacune un chocolat chaud et une crêpe mikado qu'elles se partageraient. Avant de s'éloigner, il ne manqua pas de jeter un oeil à Kate. Non pas parce qu'elle lui plaisait comme elle l'aurait préféré, mais parce qu'il avait repéré ses pieds nus sous la table. Elle recroquevilla alors ses orteils le plus possible, en souhaitant au fond d'elle-même qu'ils disparaissent. Malheureusement, la magie n'existait pas et ça, elle ne le savait que trop bien. Tout à coup, elle repensa à la commande qu'elles venaient de passer et observa Alexandra qui cherchait son téléphone dans son sac en s'énervant.

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