En pénétrant dans son appartement, Kate n'eut qu'une hâte : fermer la porte pour se débarrasser au plus vite des vêtements qu'elle portait. Ceux-ci l'avaient étouffée car ce côté stricte ne lui correspondait pas. Comme une armure trop lourde à porter après un combat, elle laissa tomber chaque partie sur le parquet de chêne brun en gardant le meilleur pour la fin : les escarpins. En avançant, elle laissa derrière elle les vestiges d'une guerre perdue qu'elle allait s'empresser d'oublier pour continuer de l'avant. Pour guérir ses blessures, elle alla dans la cuisine et fouilla dans le tiroir central à la recherche du remède miracle qu'elle ne manqua pas de trouver. Chocolat noir soixante-dix pour cent. Pour compléter son gouter, elle fit chauffer de l'eau dans une tasse au micro-ondes pour y plonger un sachet d'infusion aux accents de fruits rouges. Elle disposa le tout sur un petit plateau et se traina jusqu'au salon, la pièce voisine. L'avantage d'un petit appartement était le peu de pas qui séparaient chaque partie. Elle posa le plateau sur la table basse blanche et alluma la télévision. L'après-midi, il y avait toujours des téléfilms. Elle mit donc une chaine au hasard, plus intéressée par les douceurs qu'elle s'était préparée que par le programme télévisé en cours. Celles-ci lui firent du bien mais ne parvinrent pas à chasser ses tracas. " Dix jours, ça passe très vite ", se dit-elle. Elle se pencha en avant et saisit son ordinateur portable sous la table du salon qu'elle disposa sur ses cuisses nues. Le froid du plastique la fit frissonner. Elle accéda rapidement à la page des propositions d'emplois mais ne fut pas surprise de ne pas y trouver son bonheur. Elle s'apprêtait à laisser tomber pour aujourd'hui et à perdre un peu de temps sur les réseaux sociaux quand elle se souvint des évènements du matin. Elle se leva subitement et couru vers l'entrée où gisait son sac à main parmi ses habits. Elle le récupéra et y chercha la carte de l'homme au costume. Elle retira sa main, heureuse de l'avoir récupérée. Elle rejeta le sac sur le sol et retourna dans son canapé d'angle. Face à son ordinateur, elle tapa le nom de l'agence écrit sur la petite carte de visite. Très vite, des dizaines de résultats apparurent. Elle cliqua sur le premier d'entre eux et tomba sur un site sobre où trônait en grandes lettres blanches le logo de « S-Agency ». Elle survola la présentation de l'agence et s'attarda sur les diverses photographies en ligne. Parmi celles-ci, Kate reconnut deux couvertures de magazines de mode réputés qu'elle avait feuilletés au magasin au début du mois. Elle était sidérée. Comment avait-on pu lui proposer, à « elle », de faire partie de cette agence apparemment si prestigieuse ? « Au moins, murmura-t-elle, ce n'est pas une agence louche. » Elle referma l'ordinateur et le mit à côté d'elle. Elle termina d'une traite son infusion devenue froide et, en quelques enjambées, fut dans sa chambre. Elle se planta face à son grand miroir sur pied et regarda longuement son reflet. Sa peau était restée légèrement halée suite à son retour d'Espagne, au mois d'aout. On y devinait les traits subtils d'un bikini grâce aux deux zones d'un blanc de porcelaine. Sa taille était fine et soulignait ses hanches un peu plus larges, typiques de ses racines méditerranéennes. Ses jambes, quant à elles, étaient en effet grandes pour son mètre soixante-cinq. En remontant les lignes de ses courbes, elle détailla sa poitrine avec un léger sourire de satisfaction : « Ni trop, ni trop peu » se dit-elle. Ses seins étaient bien ronds, fermes et, surtout, tenaient en place. Sans oublier ses fesses qui faisaient pâlir de jalousie Alexandra depuis leur rencontre. Kate le savait, son corps était « beau ». Ce n'était pas ça qui l'inquiétait. Ce qui la préoccupait, c'était son visage, perché sur son cou fin et délicat. Son visage qu'elle avait toujours détesté, qui lui avait valu tant de brimades au collège et au lycée. Un visage qui lui avait enlevé l'amour de sa personne. A présent, elle le fixait. Il lui semblait ne jamais reconnaitre ces grands yeux gris, ce nez fin, ces pommettes bombées, ces lèvres rouges légèrement pulpeuses, ces petites oreilles, ces longs cheveux bruns qu'avant elle ne savait pas dompter. Bien qu'aujourd'hui il lui valait de nombreux compliments, Kate ne parvenait toujours pas à l'apprécier, à s'aimer. Nonchalamment, elle alla se faire couler un bain parfumé à la framboise. Elle s'immergea dans l'eau rosée bien chaude et se laissa transporter par les vapeurs sucrées.
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Hello chers lecteurs !
On entre un peu plus dans l'univers de Kate avec ce troisième chapitre. Les choses vont s'accélérer dans le chapitre 4, donc n'en ratez pas une miette ;)
À très bientôt ! :)
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HEEL
ChickLitÀ 25 ans, Kate, jeune enseignante sans emploi, est menacée d'expulsion par le service de chômage. Alors que sa situation parait désespérée, elle se fait remarquer par une agence de mannequinat. Sans y croire, elle se rend sur place et découvre que l...