HEEL - Chapitre 14

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La semaine à l'agence s'était achevée sans encombre. Kate était parvenue à endormir la curiosité de Valentine et d'Esteban au sujet de sa relation avec Sam. Elle leur avait confié qu'il n'y avait strictement rien entre eux, qu'elle l'avait simplement rencontré samedi et que le courant était bien passé. Que c'était normal puisqu'ils étaient amenés à travailler ensemble, que cela valait mieux pour sa carrière. Bien sûr, elle s'était gardée de confesser leur fâcheux passé commun ainsi que ses desseins personnels, le baiser échangé jeudi et, plus encore, le rendez-vous de ce soir. Elle avait hâte de revoir le beau blond car elle ne l'avait pas croisé hier. Or, elle avait promis à Alexandra de lui envoyer des photos croustillantes et elle comptait bien tenir sa promesse. L'honneur des B.F.F. en dépendait !

Sam lui avait donné son adresse jeudi avant qu'ils ne se quittent. Il lui avait tendu maladroitement le bout de papier sur lequel il l'avait inscrite à la va-vite, devenu timide suite à leur subit rapprochement intime. En temps normal, Kate aurait trouvé ce changement d'attitude mignon. Mais le fait que ce soit précisément Sam l'obligeait à conserver la tête froide et les idées claires. Elle ne voulait pas se laisser duper et attendrir, la douleur était encore trop vive. Et puis, elle avait d'autres projets. Ce soir, elle désirait ardemment lui en faire voir de toutes les couleurs ! C'est pourquoi elle s'était faite si séduisante. En effet, la petite star montante du mannequinat avait mis en pratique les quelques conseils prodigués par Carole. Elle avait donc opté pour un side hair wavy afin de dégager son cou fin et délicat. Elle avait également coiffé sa mèche frontale sur le côté pour ne pas entraver ses yeux. Ces derniers étaient finement mis en valeur par un discret maquillage brun survolé par un trait d'eyeliner charbonneux tandis que sa bouche, teintée d'un superbe rouge à lèvres mat couleur prune, trônait en reine sur son visage de porcelaine. Sa tenue, elle, consistait en une mini-jupe patineuse bordeaux portée taille haute où elle avait rentré un pull fin gris clair à col bateau et manches longues. Puis, pour accentuer le galbe de ses jambes, elle avait enfilé une paire de boots marron à talon carré par dessus son collant noir quarante deniers. Enfin, elle n'avait pas omis de se couvrir : en cette fin d'octobre, le climat avait perdu quelques degrés. C'est pourquoi elle avait ressorti son trench coat beige. Un foulard, des boucles d'oreilles dorées, un collier pendant ethnic, un sac, une touche de parfum vanillé et hop ! L'affaire était pesée ! En chemin pour se rendre chez son hôte, Kate avait fait chavirer bien des coeurs : celui des hommes au désir fiévreux, mais aussi celui des femmes envieuses. Loin d'en être flattée, la jeune femme était dégoutée par tant de regards insistants et par trop souvent lourds de sens. Décidément, l'Homme s'avérait bien superficiel ! Si, actuellement, elle était au centre des convoitises, c'était uniquement pour son aspect extérieur. Nul ne s'intéressait à sa personnalité, qui s'en souciait ? En l'espace d'un trajet, elle était rabaissée à l'état d'objet sexuel sur patte. Aussi accéléra-t-elle le pas et fut soulagée d'arriver au pied de l'adresse indiquée.

Le jeune homme habitait à vingt minutes de marche de chez elle, à l'étage d'une petite maisonnette située dans l'une des impasses de la très prisée rue Hors-Château, superbe artère touristique aux bâtiments classés. Ce qui troubla Kate fut le manque de bruit alentours alors que, quelques secondes auparavant, le brouhaha de la rue principale avec son afflux constant de véhicules en tous genres lui avait rappelé que le centre ville n'était qu'à deux pas de là. Dans sa précipitation, elle était arrivée avec dix minutes d'avance. La politesse aurait voulu que la demoiselle attende cinq minutes supplémentaires avant d'annoncer sa présence pour laisser le temps au talentueux photographe de terminer ses préparatifs. Mais c'était sans oublier qu'il n'était pas dans l'optique de la belle brune de lui faciliter la tâche. Ni une, ni deux, Kate inspira un grand coup pour se revigorer et planta son doigt sur le bouton positionné juste à gauche d'un certain Janssens S. L'interphone grésilla et la voix de Sam s'éleva, plutôt calme.

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