HEEL

HEEL - Chapitre 26

Dans le taxi qui les ramenait à l'hôtel Molière, Kate s'était empressée de rédiger un message à Esteban : Nous sommes parvenus à quitter discrètement le restaurant par la sortie arrière. Pas de panique, personne ne nous a vus. Rassure la direction : la réputation de l'agence est sauve ! Nous rentrons à l'hôtel. Pourras-tu ramener le sac de Sam avec ses affaires ?  Merci ! A tout à l'heure. Et hop ! Elle l'envoya et reçut directement un accusé de réception. Bien que Sam refusait toujours de lui parler, elle le prévint que tout était arrangé, qu'il ne devait pas s'inquiéter pour ses affaires et son travail. Mais cela ne parut pas l'apaiser. Une fois devant l'hôtel, le jeune homme retira son veston pour l'attacher autour de sa taille. Son accoutrement était étrange pour le standing du luxueux l'établissement, mais c'était tout de même mieux que de dévoiler son fessier taché. Aussi le maitre d'hôtel, l'ayant reconnu comme étant un client, ne lui fit pas la moindre remarque. A contrecoeur, Sam suivit docilement Kate jusqu'à sa chambre puisqu'il n'avait pas sa clé magnétique sur lui. La petite mannequin le pria de ne pas faire attention au désordre : elle n'avait pas eu le temps de ranger avant de partir. En effet, il y en avait partout ! Des robes étalées sur le lit, des chaussures éparpillées devant le grand miroir en pied, des bijoux sur le meuble télé, du maquillage et des crèmes sur les rebords de l'évier dans la salle-de-bain. Pour Sam, il ne faisait aucun doute qu'il se trouvait bien dans une chambre de fille. Son regard se porta sur le lit qu'elle avait partagé la nuit précédente avec le bel hispanique. 

     -   Je vais prendre une douche, lança-t-il, écoeuré.

     -   Bien, je vais téléphoner à la réception pour demander s'il est possible de faire nettoyer tes affaires. Laisse-les à l'entrée de la pièce.

Sam n'avait pas d'autre choix que d'obéir à la jeune fille. Il ne pouvait pas se balader nu dans l'hôtel. De plus, si quelqu'un le surprenait en train de sortir en tenue d'Adam de la chambre de Kate, il pourrait compromettre leurs deux carrières. Ce n'était pas le moment de risquer un scandale. Aussi s'exécuta-t-il. De son côté, la brunette avait obtenu qu'on lui envoie quelqu'un. Elle ramassa les vêtements sales du photographe en dirigeant son attention ailleurs que sur la cabine de douche. La tentation d'y jeter un oeil était grande, mais Kate ne voulait pas qu'il la prenne pour une perverse lubrique ! Déjà qu'il la prenait pour une espèce de nymphomane prête à se jeter sur le premier venu ! Il était hors de question pour elle d'aggraver son propre cas. Tout à coup, on frappa à la porte. Elle s'empressa de fourrer les habits dans un sachet vide, d'aller ouvrir et de le tendre à l'employé qui s'était déplacé exprès. Elle en profita pour obtenir de plus amples informations sur le service de teinturerie. Apparemment, on ne les lui ramènerait pas avait sept heures du matin. C'était le plus tôt que pouvait offrir le teinturier, s'était excusé l'homme serviable. Kate le remercia et lui dit que ce n'était pas grave. Comme ça, il sera obligé de rester avec moi cette nuit et de m'écouter, se réjouit-elle. Au moment de fermer la porte, Sam, encore humide, réapparut dans la chambre, une serviette sur les hanches. L'apprentie mannequin déglutit, espérant que son malaise ne se lirait pas dans son attitude. Il lui était impossible de ne pas être troublée. Par tous les saints, aidez-moi ! pria Kate en se mordant la lèvre inférieure. Sauf Marie ! On voit ce que ça a donné avec Dieu ! Elle fit alors mine de ranger le capharnaüm, évitant à tous prix de zieuter le corps de rêve dénudé à quelques mètres d'elle.

     -   On nous ramènera tes affaires nettoyées demain matin. Tu vas devoir rester ici, expliqua-t-elle la voix légèrement chevrotante.

     -   J'irai sur le canapé, fit-il pour unique réponse.

Et l'Apollon s'y installa, s'emparant du jeté de lit frangé duquel il se recouvrit avant de tourner le dos à son hôtesse restée coite.

     -   Non mais tu te fiches de moi là ?! explosa Kate, rendue folle de rage par l'attitude juvénile du garçon. Maintenant, on va parler !

Et elle lui arracha la fine couverture, le forçant à se rasseoir pour cacher ses parties intimes.

     -   Si tu ne veux pas parler, tant pis ! Mais écoute au moins ce que j'ai à te dire avant de me juger coupable d'un crime que je n'ai pas commis !

Se plantant devant lui, elle lui expliqua tout. De l'attitude étrange de Valentine au diner avec Esteban, en passant par son état d'ébriété avancé et les fausses idées qu'elle s'était faites de la nuit passée avec le jeune espagnol qu'elle avait découvert, en même temps que lui, en sa compagnie. Vint enfin le dénouement avec la partie moins glamour du vomi dans la cuvette.

     -   Il ne s'est donc rien passé ! En plus, Esteban est homosexuel. Tu conviendras qu'il me manque quand même certaines choses pour pouvoir le satisfaire ! acheva-t-elle, contente de son plaidoyer.

Sam, qui s'était retenu jusque là, éclata de rire.

     -   C'est vrai que, vu comme ça, il ne pouvait rien t'arriver ! se marrait-il.

     -   Je suis heureuse que tu me reparles normalement... confia Kate, soulagée, qui se laissa tomber sur le bord du lit. 

Les péripéties de la journée l'avaient épuisée ! Sam se posa à côté d'elle. Il lui prit les mains et lui demanda pardon pour son attitude. Il n'avait pas supporté de l'imaginer dans les bras d'un autre. La jeune femme le trouvait terriblement craquant avec son côté jaloux et possessif, mais elle lui fit promettre que, dorénavant, il devrait au moins lui laisser le bénéfice du doute et en discuter avec elle. Sinon, un jour, il risquerait de tout gâcher pour rien. La malentendu dissipé, le couple se retrouva plus soudé qu'avant. Le grand blond, qui sentait bon le gel douche pour femme, la bascula. La surplombant, il plongea ses yeux émeraudes dans ceux de Kate pour y trouver un consentement. Cette dernière chercha en elle la force et la volonté de lui résister, mais elle ne les trouva nulle part. C'était plus fort que tout et elle n'avait jamais ressenti ça : elle était attirée par lui comme par un aimant puissant. Afin de le lui signifier, la jeune fille s'appuya sur ses coudes pour s'emparer des lèvres rosées qui s'offraient à elle et les mordiller. De son bras tatoué, il défit le laçage noir sur la poitrine de la jolie brune, laissant juste entrevoir la forme de ses seins. Tout en l'embrassant, sa main remontait le long de sa cuisse, créant sur son passage une multitude de frissons sous la robe blanche délicate aux motifs de bambous. Alors que les deux amants savouraient ces premières étreintes maladroites, un bruit les interrompit. On frappait de nouveau à la porte ! Sur-le-champ, Sam s'écarta sur le côté tandis que Kate se rasseyait, remettant fébrilement le lacet de son décolleté en place. Sa compagne se battant toujours avec sa robe, il se dépêcha d'entrouvrir la porte. Peut-être le teinturier avait-il fait des miracles ? Au lieu de cela, il se trouva nez à nez avec Esteban qui le fusillait de ses yeux noirs. 

     -   Voilà tes affaires ! dit sombrement le latino en les lui fourrant violemment dans les bras. Je t'ai mis des vêtements à moi dans ton sac. Maintenant, tu peux regagner ta chambre ! Alors dépêche-toi de te changer ! Je t'attends, je vais monter la garde et m'assurer que personne ne te verra sortir de là.

Sur ces injonctions, Sam n'osa pas contrarier l'ami de Kate. Rhabillé, il embrassa la jeune femme sur la joue en prenant un air désolé et, contris, il la laissa seule.

Ce soir-là, sous sa lourde couette, Kate s'endormit avec un désagréable gout âcre de trop peu, d'inachevé et de faiblesse.

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Bonjour chers lecteurs ! 

Kate semble se radoucir un peu... Y aurait-il du changement dans l'air ? Ou bien cela fait-il partie de son plan ?

Pour le savoir, rendez-vous dans les prochains chapitres ;)