HEEL - Chapitre 39

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Il était difficile pour Sam d'oublier la femme qu'il avait aimée quand celle-ci apparaissait à tous les coins de rue sur des panneaux publicitaires, ou encore à la télévision dans diverses interviews. Pas de doute, elle était devenue célèbre depuis le défilé Versace. Même à l'autre bout de l'Europe, il ne lui était pas permis de se la sortir de la tête et il devait endurer son image. Ces derniers temps, il avait davantage l'impression de la voir partout. Hier, par exemple, il l'avait aperçue au milieu de la foule sur le marcher de la place Campo de' Fiori. Se croyant fou et voulant rompre le charme, il s'était alors approché mais elle s'était évanouie à quelques mètres de lui. Et, avant hier, c'était au pied de la Fontaine de Trevi qu'il avait vu son mirage. A chaque fois, les yeux gris de la jolie brune lui lacéraient le coeur. Et voilà qu'il y repensait encore, c'était plus fort que lui. Afin de balayer ses ressassements, le beau blond but d'une traite son gran caffè, assis à la terrasse du plus célèbre café de Rome. Aujourd'hui, son planning était chargé : il avait prévu de visiter le Panthéon et la Villa Borghese. En se levant précipitamment, le jeune homme bouscula une grande italienne qui s'était levée en même temps que lui.

     -   Mi scusi ! lui dit-elle, avant de se mêler aux passants et autres touristes.

Voulant faire de même, Sam avança entre les tables mais son pied heurta un objet de petite taille. A sa surprise, il s'agissait d'un vieux modèle de téléphone à clapet ouvert avec, en fond d'écran, la dame qui venait de partir. Alarmé, il s'empressa de le ramasser et de se lancer à la poursuite de l'inconnue qui, malheureusement, était déjà bien loin.

     -   Mince ! se dit-il à lui même. Qu'est-ce que je pourrais faire ?

Le photographe fut alors tenté de lire les messages pour y trouver des indices et retrouver la propriétaire de l'appareil. Par chance, le premier, envoyé par son compagnon ou son amant, mentionnait ses occupations pour la soirée. Sam se félicita pour ses notions d'italien : Elle avait un rendez-vous amoureux (Saint-Valentin oblige !) et l'homme en question l'attendrait devant le Forum d'Auguste pour ensuite l'emmener dans un restaurant surprise ! Sam devrait donc écourter sa visite au musée pour pouvoir y être dans les temps.

Le soleil déclinait dans le ciel parfaitement dégagé. Il faisait extraordinairement bon pour la saison. Parfois, le réchauffement climatique avait des points positifs ! C'était une soirée agréable pour venir admirer les monuments éclairés de la capitale italienne et profiter de la dolce vita ! Mais, avant de pouvoir se balader à son aise, Sam avait une mission à accomplir. Dans la grande artère pavée, le jeune homme chercha la silhouette élancée de ce matin. Il la vit assise sur un banc, face aux ruines du forum désigné par le sms. Il la reconnut grâce à ses cheveux bruns sombres et aux lunettes de soleil qu'elle portait, identiques à celles de tout à l'heure. Heureusement qu'elle avait mémorisé le contenu du message, pensa le bel homme en s'approchant d'elle.

     -   Il vostro telefono ! fit-il, hésitant, en lui tendant l'ancêtre.

     -  Oh Grazie ! Merci ! se corrigea-t-elle en français.

Voyant que son sauveur allait partir, elle le retint par la manche et lui demanda de s'asseoir pour attendre avec elle, dans un français parfait. Intimidé, Sam s'exécuta et posa son séant à ses cotés sur le banc froid. Il n'osait rien dire, ce qui amusait la jeune femme. Sentant le regard de celle-ci peser sur lui, il se tourna vers elle tandis qu'elle retirait simultanément sa paire de lunettes et sa perruque.

     -   Valentine ?! Mais... que fais-tu ici ? Comment m'as-tu retrouvé ?! s'exclama-t-il, manquant tomber de surprise.

     -   Disons que nous avons une amie commune qui partage ta passion pour la Rome Antique... sourit-elle en le fixant de ses yeux bleus pétillant de malice. Il n'y a pas à dire, la vue est magnifique ! s'extasia la superbe blonde.

     -   Arrête de te foutre de moi ! s'impatienta l'homme dont les muscles saillants se crispaient dans l'attente d'explications plus probantes.

     -   Chuuuuut ! lui intima-t-elle doucement. Ca va commencer.

Le soleil s'était couché, plongeant la cité éternelle dans les ténèbres. Aussitôt, les ruines alentours s'illuminèrent. Face à eux, le forum s'anima d'une vidéo documentaire expliquant le règne de l'empereur Auguste. La voix-off enrouée d'un vieil italien racontait ses grandes heures de gloire et sa déchéance. Brusquement, la bande son s'arrêta pour reprendre quelques secondes plus tard. En revanche, ce ne fut plus la voix rauque qui résonna dans l'enceinte. Le changement de narrateur et de langue désarçonna les touristes ainsi que Sam, hormis Valentine qui demeurait imperturbable. Et la voix, féminine et agréable, s'éleva entre les vestiges.

     -   Mais que... ?! voulut demander Sam à son ancienne collaboratrice. 

     -   Ecoute.

" Bonsoir Sam. Je te prie d'excuser toute cette mise en scène. Mais si je m'étais présentée à toi directement, je pense que tu te serais enfui... encore une fois. Avant toute chose, je veux te demander pardon pour ce que je t'ai fait subir. Comme une idiote, j'ai voulu me venger sans même essayer d'en discuter avec toi. Je voulais que tu me comprennes mais, moi, je refusais de me mettre à ta place alors que tu avais eu tes propres raisons... que je les considère bonnes ou non. Aveuglée par la haine et la rancoeur, je refusais d'admettre que tu avais changé... Finalement, je suis parvenue à mes fins : je t'ai brisé. Et je le regrette ! J'aimerais revenir en arrière, seulement c'est impossible. Tu me l'as dit toi-même... Toutefois, ici, nous sommes dans le ville éternelle. Et j'ai bon espoir que mes paroles y résonnent encore longtemps. Je souhaite que le monde se souvienne de notre histoire gâchée ! Que l'on se rappelle dans plusieurs années, plusieurs siècles, que le pardon est bien plus beau que la vengeance qui ruine tout sur son passage ! Qu'on se serve de nous auprès des générations futures comme exemple de ce qu'il ne faut pas faire ! Je veux que le monde entier se remémore la femme stupide qu'a été Kate Baudouin en s'interdisant d'aimer l'homme le plus merveilleux qu'il lui ait été donné de re-rencontrer. Et, par-dessus tout, je désire que tu saches combien je t'aime et t'aimerai toujours. C'est pourquoi je veux que tu vives heureux. Tout est arrangé... Je ne t'oublierai jamais, Sam Janssens. Adieu. "

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Hello chers lecteurs !

J'étais toute émue en rédigeant ce chapitre. Et vous, qu'en avez-vous pensé ?

A bientôt dans le chapitre 40 ! :)


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