À 25 ans, Kate, jeune enseignante sans emploi, est menacée d'expulsion par le service de chômage. Alors que sa situation parait désespérée, elle se fait remarquer par une agence de mannequinat. Sans y croire, elle se rend sur place et découvre que l...
- Kate, vous m'entendez ? demanda la ronde et chaude voix du Directeur.
- Euh, oui oui, bien sûr ! Euh... Sam, c'est ça ? Enchantée ! reprit-elle comme si de rien n'était, un beau sourire flanqué sur son visage et la main droite tendue.
- Moi aussi ! enchaina Sam qui, plutôt que d'empoigner chaleureusement la main qu'elle lui tendait, préféra lui faire la bise. Ne sois pas surprise, autant briser la glace directement puisque nous allons bosser ensemble pendant un moment. D'ailleurs, tutoie-moi s'il-te-plait ! On doit avoir le même âge à peu près, ça facilite les choses ! continua-t-il, enjoué, en lui faisant un clin d'oeil.
Kate avait du mal à rester naturelle, aussi eut-elle toutes les difficultés du monde à déglutir pour poursuivre la conversation.
- Oui, bien sûr. Comme vous... non, TU veux.
- C'est vrai qu'elle est mignonne, dit Sam en s'adressant au Directeur, mais ça change des gabarits habituels. Ca va être un vrai challenge ! Ne te vexe pas pour ce que je viens de dire, Kate, s'empressa de dire le beau jeune homme à son attention. Mais bon, dans la mode, ce n'est pas courant ! Ca te dirait de faire un essais maintenant ? On profitera de ce décor comme les lumières sont encore en place. Qu'en dites-vous Monsieur ?
- Excellente idée ! Dans ce cas je vous laisse, amusez-vous bien ! Kate, je vous ferai parvenir le règlement ainsi que le contrat afin que vous puissiez y réfléchir à votre aise. A bientôt !
Sur ce, il repartit en direction du sixième étage où devait certainement l'attendre Cruella pour traiter de diverses affaires.
A part eux deux, il ne restait plus personne. Les autres avaient fini de ranger et étaient rentrés chez eux pour profiter du reste du weekend.
Sam était en train de changer la batterie de son appareil pendant que Kate l'observait silencieusement. Il avait changé en dix ans, mais il restait reconnaissable. Ses traits s'étaient affinés, il avait grandit, bref il faisait plus homme. Aujourd'hui, il portait les cheveux plus longs qu'avant, ceux-ci descendaient dans sa nuque et sur son front. Ses yeux couleur émeraude n'avaient pas perdu de leur malice. Mais ce qui le distinguait davantage du gamin qu'il avait été, c'étaient la petite barbe qu'il arborait et sa voix plus profonde. Bref, il faisait plus homme ! Un bel homme même, mais jamais elle ne le verrait ainsi. Quand il se tourna vers elle avec son beau sourire, ses yeux verts la transpercèrent tels deux poignards se logeant dans sa poitrine.
- Tu peux venir, ne sois pas gênée. Débarrasse-toi aussi. Tu peux déposer ton sac et ta veste sur la chaise derrière moi, avec mes affaires.
Kate s'exécuta, obéissante, espérant en finir au plus vite pour abréger ses souffrances. Sans crier gare, il la contourna et elle sentit son souffle chaud dans sa nuque. Les mains du beau blond passèrent sur ses épaules tandis que son sang se glaçait. Elle sentit quelque chose glisser sur elle.
- On retire aussi ton gilet, il n'apportera rien sur les photos ! précisa-t-il en emmenant le vêtement qu'il venait justement de lui subtiliser. Le reste est pas mal, on fera avec. Mais tu verras la prochaine fois, ce sera mieux avec des fringues appropriées. Tu te mets en piste Kate ?
Comme déconnectée, elle se plaça machinalement au coeur du plateau. Elle était paralysée, ne savait plus quoi faire. Son esprit l'avait quittée, elle ne ressentait plus qu'une impression de vide. Elle enchainait les clichés, suivant les indications que Sam lui donnait. Elle avait conscience qu'elle faisait n'importe quoi, qu'elle était en train de ruiner ses chances car Sam ne manquerait pas de signaler son incompétence au Directeur. Mais c'était plus fort qu'elle. Pourquoi lui ? Il y a des choses auxquelles on ne s'attend pas : des bonnes comme des mauvaises. Celle-là, elle ne s'y était pas préparée. Soudain, le sang recommença à affluer en elle et un peu de ses forces la regagnèrent. Elle réussit à articuler une phrase :
- Je vais prendre l'air.
Et elle quitta l'étage tel un automate, laissant Sam hébété. Seule dans l'ascenseur, elle appuya sur le chiffre le plus élevé. Le bip sonore familier retentit, la porte automatique grinça et s'ouvrit sur le septième étage. Celui-ci, le dernier de l'immeuble, devait servir de débarras. C'était ici que l'on stockait les affaires dont on n'avait pas ou plus l'utilité. Kate était heureuse de constater que personne n'oeuvrait dans cet étage. Elle avait trouvé un endroit désert de toute vie où elle pouvait s'abandonner à sa solitude. Au bout du long couloir qu'elle venait de parcourir, la petite brune se retrouva devant une porte en bois close qui ne l'était pas tant car elle n'eut qu'à abaisser la poignée pour que ladite porte s'ouvre sur quelques marches. Curieuse, elle les gravit une à une et ouvrit une autre porte, métallique cette fois, qui se trouvait au sommet de celles-ci. L'air frais la frappa de plein fouet et acheva de lui redonner vie. La vue qui s'offrait à elle était superbe, embellie par le coucher orangé du soleil d'automne qui projetait des ombres sombres étirées au sol. Kate marcha sur la plateforme du bâtiment, se dirigeant ainsi vers le garde-corps en inox. Peu à peu, elle retrouva ses esprits. Qu'elle avait été bête de venir ici ! Demain, elle reprendrait ses recherches d'emploi et tout redeviendrait normal. Tout ça serait oublié. Et Sam aussi, car il appartenait au passé. L'avait-il au moins reconnue ? Elle ne le pensait pas, sinon il n'aurait pas été aussi sympathique et naturel envers elle. Elle leva la main droite au-dessus de sa tête et défit l'élastique qui maintenait sa queue de cheval. Le vent balaya ses longues mèches qui dansaient au rythme de sa mélodie. Appuyée contre la barre de fer glacée, Kate se détendit et retrouva le sourire tout en contemplant la beauté de la nouvelle gare à quelques centaines de mètres plus loin.
Songeuse, elle n'entendit pas le bruit subtil des pas qui redescendaient les marches secrètement.
Lorsqu'elle rejoignit le troisième étage, Sam n'était plus là. Elle récupéra ses affaires, éteignit les lumières, salua la jeune Ingritte qui lui remit une enveloppe et s'échappa pour retrouver le confortable tumulte de son propre monde. Et, avec lui, les bus bondés du TEC.
Oups ! Cette image n'est pas conforme à nos directives de contenu. Afin de continuer la publication, veuillez la retirer ou télécharger une autre image.
------------------------
Hello chers lecteurs !
Suspense, suspense... Des révélations sont à venir. D'ici là, patience :)
En attendant, avez-vous apprécié la rencontre de Kate et Sam ? Que pensez-vous de tout ceci ?
