HEEL - Chapitre 36

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Vide. C'était ainsi que se sentait Kate depuis qu'elle avait sauté dans un taxi pour rentrer chez elle. Elle n'avait ni eu la force de se changer, ni de se débarbouiller. Elle avait mollement cherché Alexandra puis s'était souvenue qu'elle était partie pour le weekend chez ses parents. Son amie ne reviendrait pas avant lundi. Seule et sans sa bouée de secours, elle s'empara d'une bouteille de vin rouge au hasard, qu'elle déboucha pour l'emmener avec elle au salon. Ce serait sa nouvelle compagne, celle à qui elle confierait ses nouveaux exploits. Ce serait leur petit secret, Alex n'en saurait jamais rien sinon elle l'engueulerait. Après tout, la petite brune lui avait menti. Si elle avait été au courant de ses plans, la rouquine l'en aurait empêché. Mais qu'aurait-elle pu faire d'autre ? Elle avait joué la carte de l'honnêteté, persuadée qu'elle s'en sortirait plus forte. Au lieu de cela, rien. Du vide. Un gouffre immense qu'elle comblait à grosse gorgée de vinasse bon marché. Le néant. Le noir complet.

Boum boum boum !

      -   Kate ! C'est moi, ouvre !

      -   Alex ? Tu as oublié quelque chose ? J'arrive ! Bon sang, t'as chopé la crève ou quoi ? La voix de camionneur que tu te payes ! se pliait de rire la brunette qui s'était assoupie.

En se levant, elle se prit les pieds dans la bouteille de vin vide qui roula sur le parquet.

     -   Traitresse, tu essayes de me tuer maintenant ? la gronda-t-elle, attendant une réaction de sa confidente de verre muette.

Les meubles tournoyaient, dansant joyeusement pour célébrer son réveil. Dans le couloir de l'entrée, son reflet dans le miroir accroché au mur la fit sursauter. Elle mit trois secondes à comprendre qu'il s'agissait d'elle, avec des yeux de panda et des cheveux en bataille. Pour se remettre les idées en place, elle se gifla violemment des deux mains. Le choc eut l'effet escompté, avec pour bonus deux joues bien rouges. La petite mannequin put enfin déverrouiller la porte et ouvrir à son amie. Quand elle la vit, elle la referma précipitamment. Du moins c'est ce qu'elle aurait souhaité, mais un pied glissé dans l'embrasure l'en empêcha.

     -   Kate, s'il te plait, il faut qu'on parle.

Merde ! C'est Sam ! Qu'est-ce qu'il fiche ici ?

     -   On n'a plus rien à se dire, va-t-en ! ordonna la jeune femme en continuant de pousser de tout son poids. Retourne à ta petite fête entre snobinards !

     -   On est dimanche matin, la fête est finie depuis longtemps. Oh et puis on s'en fout ! Je tiens à m'excuser... Tu entends, Kate ? Je suis sincèrement désolé ! dit-il impatiemment de sa voix grave.

La prononciation des mots magiques lui fit relâcher sa pression. Ses bras se laissèrent tomber le long de sa robe froissée. Et la porte s'écarta. Les yeux émeraudes la transpercèrent, criblant son coeur de milliers d'éclats rouvrant à leur tour les plaies encore fraiches.

     -   Je t'écoute, eut à peine la force de souffler la frêle jeune fille.

     -   A l'époque, je m'en suis pris à toi comme j'aurais pu m'en prendre à n'importe qui d'autre. Je venais de débarquer dans cette école où je ne connaissais personne. Quand j'ai vu que les autres t'avaient prise pour cible, j'en ai profité. Comprends-moi, Kate ! Si ça n'avait pas été toi, ça aurait pu être moi ! se justifia le beau photographe.

     -   Attends... C'est ça ton excuse ? Alors comme ça je t'ai servi de bouclier ? Ravie d'avoir enduré tout ça pour toi, tu ne peux pas savoir à quel point ça me réjouit ! s'énerva Kate qui ne décolérait pas. Et c'était une raison suffisante pour me rabaisser constamment, me dire ô combien j'étais laide ?

     -   On était des enfants ! Il n'y a pas plus cruels que des gosses ! Et il est dans la nature humaine de juger, encore plus sur le physique. Toi aussi tu as dû entendre le célèbre podcast d'une petite radio étrangère : le discours de leur nouvelle chroniqueuse sur ce sujet avait fait couler beaucoup d'encre ! On juge d'abord ce qu'on voit chez les autres, leur apparence, c'est ce qui s'est passé à l'époque, argumenta le grand blond.

     -   Si je comprends bien, aujourd'hui, c'est pour mon aspect extérieur que tu m'apprécies et non pas pour qui je suis vraiment, conclut-elle sèchement, les bras croisés sur sa poitrine.

     -   Dans un premier temps, oui ! s'exclama-t-il, perdant patience. Mais au fur et à mesure j'ai appris à te connaitre et c'est aussi pour ce que tu es que je t'ai choisie.

Ses yeux piquaient. Toutes les émotions qu'elle avait refoulées refluaient. Un noeud s'était formé dans sa gorge, lui rappelant la première fois où elle l'avait revu, à l'agence.

     -   Si seulement tu avais pris la peine d'essayer de me connaitre à l'époque, tout serait différent... murmura-t-elle d'une voix tremblante, en regardant ses pieds.

Elle ne voulait pas que le jeune homme puisse voir les coulures de mascara, espèces de petites racines noires formées par les larmes débordant des yeux charbonneux, telles deux rivières quittant leurs lits. Tout à coup, de sa vision brouillée, elle vit une chaussure marron entrer dans son champ, avant de se sentir soulevée du sol. Sam s'était jeté sur elle, lui enserrant les poignets et la plaquant contre le mur de son entrée. Il lui faisait un peu mal, mais elle continuait d'éviter son regard, lui préférant le parquet sinueux.

     -   On ne peut pas remonter le temps ! cria Sam, emporté par ses sentiments. Mais... Mais je t'aime ! Je t'aime et je ferai tout ce que tu voudras pourvu que tu me pardonnes un jour ! Je te jure que je suis désolé et je suis tout aussi sincère quand je te dis combien je t'aime ! Je...

Elle n'entendait plus. Ca lui faisait pareil quand elle plongeait complètement la tête dans la baignoire. Se noyait-elle ? Non, impossible, elle n'était pas dans de l'eau. Alors comme ça il l'aimait vraiment ? Pendant qu'il continuait ses supplications, Kate se balada dans les méandres de son esprit embrumé. Reprenons les comptes, pensa-t-elle : 1) son physique ; 2) son travail ; 3) sa vie sociale ; 4) sa confiance en lui ; 5) son amour propre ; et...

     -   Arrête. Je ne t'aime pas et je ne t'ai jamais aimé, déclara-t-elle, implacable, en levant sur lui ses yeux gris éteints avant de poursuivre la mise à mort. Tout ça n'était qu'une comédie, depuis le début je savais qui tu étais. Et, depuis ce jour, j'ai tout mis en oeuvre pour foutre ta vie en l'air, pour te briser autant que tu m'avais détruite. Les noix, les chewing-gums, les fichiers effacés, le laxatif,... Non, jamais je ne t'aimerai.

Les paroles venimeuses s'étaient insinuées en lui, le glaçant tout entier. Dépité, il la lâcha et, sans un mot, partit. Epuisée, Kate se laissa glisser contre le mur comme une vulgaire poupée de chiffon désarticulée.

...6) son coeur.

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Hello chers lecteurs !

Ouftiiiii ! (il fallait que je le dise une fois, sorry lol) Ca tourne au vinaigre !

Petit jeu du jour les Sherlock : Avez-vous remarqué le clin d'oeil à un autre récit wattpadien que j'affectionne beaucoup ? Si oui, lequel ? Si son auteure passe par ici, j'espère qu'elle-même l'aura noté (et qu'elle ne m'en voudra pas)^^

Sinon, rassurez-vous, ça ne se termine pas comme ça. Il reste encore quelques chapitres. Mais est-ce que ce sera mieux ? Mystère et boule de cochon (un de ceux du pyjama d'Alex).

A bientôt dans le chapitre 37 ! Merci à vous de me suivre et pour vos votes ! <3

HEELOù les histoires vivent. Découvrez maintenant