9. Et en un instant, tout peut basculer

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3 semaines s'étaient écoulées...

-Carl ?
Aucun signal.
-Carl tu me reçois ?
-Ou..ais..
Sa voix grésillait à travers le talki walky.
-Tu es prêt ?
-5/5, péri..mètre sé..curisé.
-Ça marche.

J'entrai dans le petit hangar, n'allumai pas la lumière pour éviter d'attirer l'attention.
Marchant dans la pénombre, je m'avançai jusqu'à un petit placard, et l'ouvrant je trouvai ce que je cherchais.
-Carly, je l'ai.
-Super, je te rejoins.

Une porte s'ouvrit brusquement.
Merde !
Mais c'était Carl qui s'avançait le souffle court.
- Pile à l'heure ! M'exclamai-je.
- Je gère toujours tu le sais !
La porte s'ouvrit une nouvelle fois.
Une ombre s'avança vers le fond de la pièce, et j'entraînai Carl derrière un vieux plan de cuisine. On s'accroupit et lorsque Daryl ouvrit le placard, on retint tous les deux un énorme fou rire.

-C'est pas vrai !! J'avais prévenu tout le monde de ne pas la toucher ! Qui la prise ?!
Je tenais toujours fermement la part de gâteau que j'avais subtilisé quelques minutes plus tôt. Carl avait passé un bras derrière mes épaules et couvrait ma bouche de sa main, comme je n'arrivais pas à stopper mes rires.
Puis inexplicablement, l'atmosphère se chargea d'une électricité lourde, qui etouffa tout mon espace vitale. Je mis quelques secondes à comprendre qu'elle était dû à la proximité de Carl contre mon dos.
Mon rire s'estompa en une fraction de seconde, et je tournai lentement la tête vers le visage de Carl, que l'obscurité de la pièce m'empêcher de bien apercevoir. Les râlements de Daryl dans la pièce n'étaient plus qu'un lointain bruit de fond.
Les yeux calmes de Carl étaient posés sur moi, puis son regard dériva doucement vers mes lèvres. Un courant électrique traversa ma poitrine. Je posai la part de gâteau sans réelle attention, trop absorbée par le regard de Carl.
Son visage s'approcha doucement de moi, mais je restai immobile, comme paralysée.

Daryl souffla entre ses dents, repartant d'où il était arrivé. J'entendais à peine ses pas sur le béton du petit entrepôt. Mais lorsqu'il se trouva à l'encadrement de la porte, il s'arrêta et dit :
-J'espère que vous n'avez pas tout fini les enfants. Vous pouvez sortir de votre cachette.
Carl releva la tête vers la porte et la bulle d'électricité qui nous enveloppait vola en éclats.

Je soupira en le regardant une nouvelle fois :
-On est repéré Carl.

On sortit de notre cachette et je tendai la part de gâteau à Daryl, un sourire dansant sur les lèvres.
Tous les trois dehors, on mangeait chacun une part de notre butin.

Les temps avaient tant changé...

On faisait maintenant parti de la communauté, on s'était tous plus ou moins bien intégré.
Le quotidien était devenu morne, presque mortel : on sortait aussi quelques fois avec Carl, mais pour occuper le reste de notre temps, il ne nous restait plus qu'une seule activité digne de nous : emmerder le monde.

Depuis maintenant deux jours, Rick et Michonne étaient partis en reconnaissance pour trouver des rations et des vivres. Ils devraient revenir d'ici deux ou trois jours.
Les jeunes d'Alexandria étaient sympathiques, mais n'avaient visiblement jamais jeté un oeil dehors, à l'exception d'Enid, qui refusait toujours de parler depuis son arrivée, trois mois avant nous.
Je la voyais parfois sortir dehors en cachette, mais je ne la retenais pas : elle savait ce qu'elle faisait.

On avait fini par dire la vérité aux jeunes, principalement pour les protéger en cas de danger, et l'on en était venu à la même routine tous les soirs : tous assis dans le salon de Ron, parlant à voix basse, on racontait à tour de rôle Carl et moi le monde extérieur, la survie et quelqu'unes de nos expériences ensembles, mais jamais notre passé tous les deux avant de se connaître.

▪ Fuir ne vous sauvera pas ▪ Carl GrimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant