6. Destination

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Daryl tua le premier rôdeur, et Sasha le libéra du deuxième qui s'était jeté sur lui. La bataille continuait, j'enchaînais les coups de couteau, mais un rôdeur me supris par derrière et me fit tomber en avant.
Je roulais sur le dos pour me retrouver face à lui, et le repoussais de mes deux mains en espérant que sa machoîre claquante n'atterisse pas sur ma chair.
Mais quelle importance puisque....
Daryl lança une flèche dans la tête du marcheur, qui s'écroula sur moi.
Heureusement qu'il vise comme un dieu.
Rick m'aida à me relever et j'essuyais mes mains ensanglantées sur mon pantalon.
Rosita tenait d'une main un rôdeur et poussait du pied un autre, Abraham se chargeant de celui qu'elle avait repoussé.
Maggie mettait ses dernières force en oeuvre et enfonça son couteau dans un rôdeur qui se rapprochait dangereusement d'elle. Gabriel et Eugène, trop apeurés par le spectacle, s'étaient éloignés en tibutant.

Ils formaient sûrement un beau couple : deux adultes qui se comportaient comme des enfants ; ils avaient peur de tout et mentaient constament. Mais je n'arrivais pas encore à détester Eugène, je repensais souvent à la lueur qu'il avait dans les yeux lorsqu'il m'expliquait le fonctionnement d'une hydrolyse, même si je n'étais pas apte à le suivre là dedans. Je savais qu'il y avait encore du bon en lui ; tout le monde réagit différement au stress et à la peur.

Un marcheur sortit de derrière un arbre et se jeta sur Eugène. Avant que j'eu fait un mouvement, Tara tira la chemise du monstre et le jeta à terre, puis en finit avec lui.
La bataille était terminée, Glenn et Abraham faisaient le tour des rôdeurs couchés sur le sol et assénaient quelques derniers coups à ceux qui bougeaient encore, Maggie reprenait son souffle tandis que Rick allait voir comment se portaient Carl et Judith.

-Je ne vois pas comment ça ne pourrait pas aller, répliqua t-il séchement, tu devrais peut-être demander à ceux qui viennent de se battre.
-Je m'inquiétais juste pour toi Carl.
-Je sais papa, je sais, souffla t-il entre ses dents.

Le groupe au complet se dirigea vers la cabane. Je tentais de rattraper Carl qui marchait à toute vitesse vers celle-ci, lui tentant cette fois de me semer moi.
-Hé ! Lançai-je à son égard.
Il ne prit pas la peine de se retourner et marcha comme si il n'avait rien entendu.
J'arrivai à sa hauteur et saisis l'arrière de son sac à dos.
-Quoi ? Il souffla presque embêtée que je sois là.
-Ça va ?
-Tout va très bien. Les deux bébés qui ne savent pas se défendre on était mis hors de danger, donc tout est super, aucun problème.
-Carl ça n'a pas de...
-Laisse tomber. Personne ne me laissera un jour conduire une troupe c'est tout, j'ai compris. Il me lança un regard dépourvu d'émotions puis me laissa seule, et rentra dans la cabane.

Le terme cabane était trop luxieux pour décrire cet endroit, quatre murs et un toit s'y accordaient mieux, parce qu'il n'y avait même pas de plancher; la terre brute faisait office de sol.
Il y avait trois "pièces" ou plutôt trois espaces séparés par une cloison.
Mais la grange était vide, et c'était le principal.
Je m'adossais contre un mur à côté du groupe, entre Glenn et Rosita, et Carl s'assit totalement à l'opposé.
Il leva vaguement les yeux vers moi, et je crus voir une once de tristesse traverser son regard.
On parla beaucoup cette soirée là, chacun racontant des moments durs qu'il l'avait vécu mais qui l'avait rendu plus fort, j'écoutais mais je n'avais vraiment pas envie d'intervenir.
Le passé de chacun était douleureux, et je ne pouvais même pas penser au mien sans laisser s'échapper une petite larme, alors en parler.. et puis je ne l'avais jamais fait.
Pas une seule fois, puisqu'après j'avais été seule...
Heureusement, tous tombèrent de fatigue avant que Tara et moi n'ayons eu à parler, ça ne la dérangeait pas plus que ça et moi, j'étais aux anges.

La nuit se déroulait bien, mais je n'arrivais toujours pas à trouver le sommeil. J'étais extrêmement fatiguée et il manquait à mon corps trois mois de nuits complètes.
Je me tournais et retournais, puis m'installai sur le dos. J'observais quelques instants le plafond : de vieilles planches entreposées les unes à côté des autres. Je finis par jeter un regard à Carl : celui-ci était allongé sur le côté les yeux clos. Il tenait dans ses bras Judith, qui elle aussi dormait à poings fermés. Toute la colère qui le caractérisait cette après-midi avait totalement quitté son corps pour la nuit. Il semblait fragile et vulnérable lorsqu'il dormait.
Soudain il émit un grognement et fronça les sourcils, je détournai rapidement les yeux de peur qu'il n'ouvre les siens.

-Tu dors ? Une voix chuchota sur ma gauche.
Carl avait désormais les yeux entre-ouverts, et regardait dans ma direction.
Je secouai simplement la tête, il s'assit, Judith allongée à ses côtés.

-Je suis désolé, il murmura, carressant du bout des doigts les cheveux de sa petite soeur.
-Heu... t'inquiètes pas, c'est rien, je me redressai moi aussi, et commençai à tripoter la couverture étendue sur mes genoux.
-Je tenais à te le dire, j'ai pas été très sympa alors que tu ne m'avais rien fait, il répondit, ne quittant pas des yeux Judith.
-Tu sais... si ton père réagit comme ça c'est qu'il veut te protéger. C'est pour toi qu'il fait ça.
-J'en ai bien conscience, mais je voudrais pouvoir lui prouver que j'en suis capable. Je sais me défendre maintenant, et il va bien falloir que je commence à être utile.
-On est pas utile juste parce qu'on sait se battre, on a tous quelque chose à apporter, tous à notre manière.
-J'aurais juste aimé être un peu plus utile, il me rendit un sourire triste, observant toujours le sol.

Je posai ma main sur son avant bras, et pour la première fois depuis le début de notre conversation il releva complètement les yeux vers moi :

-Tu en fais déjà beaucoup. Je t'assure. Il regarda ensuite ma main que je retirai rapidement.
-Heu... Tu devrais dormir, on a encore de la route à faire demain, je bafouillai, replaçant ma couverture.
-On en aura toujours, il soupira.
-Ouais, je soupirai à mon tour, ouais.
-Toi aussi tu devrais te reposer.
-J'y cours. Bonne nuit Carl.
-Bonne nuit Sarah. Il me sourit un moment, avant de secouer la tête et de s'allonger.

J'allais replonger ma vue dans le noir lorsque j'entendis des cris plaintifs venant de l'extérieur : encore des rôdeurs.
Nous avions tous l'habitude de ça, et je commençais à me laisser porter dans les bras de morphée...

Mais, après ce qu'il me sembla être une fraction de seconde, un bruit sourd éclata, je me levai brusquement, couteau en main.
Cette habitude de dormir avec était présente pour chaque personne du groupe, sauf bien entendu Gabriel et Eugène, et peut-être encore heureusement Judith. Les réflexes faisaient désormais partie de notre quotidien, et comme l'agilité n'était pas mon point fort j'avais dû me faire à cette habitude, comme à beaucoup d'autres.
Mais les réflexes de Rick restaient les meilleures, les plus rapides, précis et impressionants, mais celà n'était pas inné : il avait été flic dans le passé.

En bref, j'étais maintenant accroupie au sol, attendant que mes yeux s'acoutument à l'obscurité, quand je vis daryl retenir des deux bras les portes de la grange. Les mordeurs s'entassaient sur elles, tentant de rentrer pour obtenir leurs repas tant convoités : nous.
Je courus jusqu'à lui, et rajoutai mon poids à sa force déjà présente pour retenir les portes.
Je ne laisserai personne mourir ce soir.

Le bruit réveilla Maggie, qui après avoir eu le même réflexe que moi, accourut nous soutenir. Au fil des minutes tous les membres du groupe se réveillèrent, et de Sasha à Eugène en passant par Gabriel, tous étions contre la porte, d'un côté les morts, de l'autre nous.
Nous restâmes ainsi jusqu'à ce que les rôdeurs soit attirés par un autre but, s'en allant les uns après les autres dans une autre direction.
Ouf..
Cette scène m'avait beaucoup touchée : les uns étaient tous là pour les autres, et même si certaines personnes du groupe ne se parlaient pas, tous ensemble formaient une force, chacun aidant l'autre.

Je me rendormis sur cette belle pensée.

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Je fus réveillée le matin par des cris de surprise :

-Rick, quand je te disais que ce mec n'était pas net, je ne voulais pas dire par là frappe-le, réprima Michonne.

Je frottais mes yeux et observai la scène qui s'offrait à moi : tout le monde était penché sur un homme, jeune d'une trentaine d'années, insconcient au sol et si j'avais bien compris, par un coup droit de Rick.
Je m'avançais vers Maggie, l'interrogeant sur l'identité de cet homme.
-Il nous a trouvé dehors Sasha et moi et est venu à notre rencontre. Il prétend venir d'une ville et vouloir nous y emmener. A mon avis...
Mais je ne l'écoutais déjà plus.

Une ville..

▪ Fuir ne vous sauvera pas ▪ Carl GrimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant