▪ Fuir ne vous sauvera pas ▪ Carl Grimes

33. Borders

Des cris. C'est la première chose que je pus distinguer, malgré le bourdonnement croissant dans oreilles.

Je t'aime.
Ces mots planaient encore en suspension au milieu de l'air froid qui emplissait peu à peu la pièce.
Je restais un moment à comtempler le ciel étoilé, subjuguée par la beauté de ce doux septacle. J'avais souvent observer les étoiles quand j'étais seule, et je les redécouvrais tous les soirs d'une nouvelle manière.
Je ne pus m'empêcher de penser que ma famille était là, quelque part. Peut-être sur terre, peut-être dans les étoiles. Cette idée me pinça le coeur; je préférais garder la vision de la mort plus enfantine certes, mais beaucoup plus rassurante, d'Hayden. Alors je me contentai de regarder les étoiles, encore et encore, pour peut-être y voir un jour son visage.
Comme il me l'avait promis, la fois où il pensait que j'allais mourir. Peut-être qu'il était là, en train de briller dans le ciel. Comme j'aurais brillé moi si j'avais dû le rejoindre.

Le parquet de bois craqua soudain derrière moi ; Camille venait de passer un pied hors de l'encadrement de la porte.

-Ça va ? Demanda t-elle doucement.
-Oui, tout se passe bien. Ils n'ont rencontré aucun pro...
-Mais pour toi ? Je veux dire, c'est super, mais est-ce que toi ça va ?

Je fus surprise de sa question et marquai un temps d'arrêt. En dehors de mon groupe, les habitants d'Alexandria ne s'étaient jamais réellement interressés à moi. Ils étaient gentils, mais pas protecteurs, et encore moins soucieux des autres. Mon coeur se gonfla de reconnaissance et je dus me forcer à ne pas élargir plus le sourire qui s'installait sur mon visage.

-Ça va. Merci beaucoup.
Camille me sourit et se balança sur ses deux pieds, une main posé sur le mur peint de blanc.
-Tu veux peut-être que je te laisse ?
-Non, répondis-je sûrement un peu trop rapidement. Non, tu peux rester.

Elle recula machinalement d'un pas puis vint s'adosser au mur près de moi. Elle regarda elle aussi le ciel qui s'étendait derrière la vitre.

-Tes parents acceptent que tu sortes à toute heure comme ça ? Demandai-je en tournant mon regard vers elle.
-Ceux avec qui j'habite.. Ce ne sont pas mes parents. Quand on nous a emmené ici, on a mis en place un système de famille d'accueil pour les enfants sans famille.
-Oh... je suis désolée.

Je voulais lui poser la question mais elle n'arrivait pas à franchir mes lèvres :
-Comment... Comment ça s'est passé lorsque tout a commencé ?

Elle eut un sourire sans joie, ses yeux s'emplissèrent d'une tristesse profonde et je regrettai instantanément ma question.
Elle soupira un instant et continua d'observer le ciel, comme pour se donner du courage.

-On avait été dans les premiers à être évacués. On m'a fait monter dans un hélicoptère militaire en nous indiquant que l'on nous déplaçait dans une ville sécurisée... Alexandria.
Elle ne détacha pas son regard du ciel et joint ses deux mains entre elles, tortillant nerveusement ses doigts.
-Dans la panique qui régnait, j'ai perdu mes parents dans la foule. Lorsque l'on m'a fait monter je les ai vu eux aussi attendre pour le suivant hélicoptère qui se posait. Et le militaire m'avait assuré que celui-ci irait aussi à Alexandria, et que je me séparais d'eux juste pour le temps du trajet, et qu'ensuite tout serait terminé.
Sauf que...
Sa voix se brisa et elle baissa la voix, comme pour retenir ses larmes.
-Alors que l'on volait, j'ai d'abord entendu un vacarme, puis des cris. C'était.. effrayant. J'ai regardé par la fenêtre du hublot et... le deuxième hélicoptère était en train de s'écraser.
Ils avaient emmenés un malade à bord, et... il s'était transformé. Il a attaqué le pilote et personne n'a rien pu faire. Mes parents n'ont pas été mordus, mais ils n'ont pas survécu au crash.
-Et tu avais seulement 11 ans... pensai-je tout haut, ces mots me procurant un désagréable goût d'horreur lorsqu'il franchirent ma bouche.
-Exact.. j'ai un an de plus que toi, donc 11... Mais je ne veux pas que tu t'appitoies sur mon sort, je me sens ridicule de te raconter ça alors que je ne sais qu'une partie de ce qu'il t'est arrivé. Et quelque chose me dit que ce n'est que le début d'un long engrenage de crainte, de tristesse et de peur.