29. Tomorrow is another day

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Le soleil frappait ma peau meurtrie, je n'entendais plus rien, l'onde de choc de la balle avait explosé à mes tempes. Je sentis le monde se noyait un peu plus, et quand Carl m'attrapa par la taille, je compris que je hurlais. Il y avait du sang de partout, mes mains ne cessaient de trembler.

Impuissante et désemparée, je refusais de laisser le corps qui gisait devant moi. Il était encore en vie ; du sang s'échappait abondament de son torse mais on perçevait encore un léger souffle au bout de ses lèvres. Tous les sons parvinrent enfin à moi; mes cris désespérés martelèrent mon crâne. Je savais que ça ne changerait rien, mais je continuais, encore et encore.
M'approchant d'avantage de lui, je retins d'une main sa tête. De l'autre, je recouvrai sa plaie dans l'espoir de stopper l'hémoragie, mais rien n'y faisait.
Les larmes roulaient sur mes joues et tombaient sur son visage pâle. Je ne laissais personne l'approcher, continuant de sangloter son nom dans un cri étranglé :

-Enzo ! Enzo...
-Ne... t'en fais pas... pas pour moi, il balbutia et du sang s'échappa de ses lèvres.
Je me sentis soudain partir en arrière, Carl m'avait tiré en arrière et me chuchota à l'oreille :

-Sarah, si tu ne le laisses pas, on ne pourra pas le soigner.
Je me laissai tomber dans les bras de Carl qui me serra du plus fort qu'il pu.

-En voilà de l'action ! S'extasia Negan.
Certains de ses hommes riaient aux éclats, tandis que d'autres baissaient la tête, ou m'adressaient le temps d'une seconde un regard désolé.
Rick et Daryl portèrent Enzo par les épaules, je les suivis tenant la main de Carl si fort que j'enfonçais mes ongles dans sa peau, lorsque j'entendis la menace de Negan derrière mon dos :

-J'espère que celà vous servira de leçon.
Carl dû aussi me soutenir par la taille au risque que je chute, une haine profonde envahit tout mon corps et me fit frissonner. On entra en trombe dans l'infirmerie, et tous les souvenirs de l'accident de Carl explosèrent dans ma tête, son visage se mélangeait avec celui d'Enzo, je m'arrêtai au pas de la porte pour reprendre mon inspiration.

Les yeux d'Enzo vrillaient de temps à autre vers le ciel et sa respiration se faisait de plus en plus saccadée. Je vins prendre sa main tout en faisant attention de ne pas gêner Denise qui commençait à desinfecter la plaie.

-Enzo... reste avec moi je t'en prie... Parle moi... je suis tellement désolée...
-Ce n'est pas de ta faute, souffla t-il les yeux fermés.
Il toussa et sa douleur se fit plus forte, il voulut passer sa main sur sa blessure par réflexe mais Denise la repoussa doucement.
-Negan... murmura t-il.
-Oui ?
-Il est avec un autre type... celui... celui qui t'avait séquestré...
-C'est pour ça que tu savais où j'étais ?
Il fit un hochement de tête presque imperceptible.
-Ce mec... il faisait des rondes dans la forêt, et rammenait les gens qu'il trouvait... à cette cabane... Quand Camille a dit qu'il y avait eu un problème dans la forêt... j'ai directement pensé à ça.. il toussa fortement. Ce n'était pas des rôdeurs qui allaient en venir à bout... d'une petite battante... comme toi...
Je lui rendis le sourire qu'il me donna et effleurai son visage du bout de mes doigts.

-Je te promets... que je n'ai rien fait.. je n'ai jamais fait du mal aux gens... Je suis parti quand il m'a demandé le service de trop....
Il marqua un temps d'arrêt pour reprendre son souffle.
-J'ai vu de... de ces choses... je te l'avais dit le jour où on s'est rencontré...
-Je l'oublierai pas Enzo. Mais s'il te plaît reste avec moi..
-Ça va aller, t'inquiètes pas...
-Sarah, il va falloir que tu sortes s'il te plaît. Tu peux attendre dehors si tu veux.
-D'accord, répondis-je à Denise sans grande conviction.

Enzo s'est assoupi, je quittais la pièce à la suite de Carl, jetant un dernier regard au visage d'Enzo, qui semblait dormir comme un ange. Mais un ange au corps ensanglanté.

Le temps parraissait interminable à attendre dans ce couloir morne. Carl était resté immobile les yeux rivés dans le vide et jetait quelques fois des regards vers moi pour tenter de me rassurer, mais je voyais bien qu'il n'était pas du tout serein.
Je posai ma tête sur son épaule, laissant libre court à mes larmes. Carl démêla mes cheveux puis m'embrassa sur le front. Je n'étais pas seule pour traverser cette épreuve, et ça faisait toute la différence. Je pris sa main et la posai sur mon genou. On resta ainsi quelques minutes, ou peut-être quelques heures : je n'avais plus aucune notion du temps.

Le stress montait au fil des secondes, de multiples sénarios fusaient dans mon esprit, du plus joyeux au pire, et je n'arrivais pas à calmer ma respiration.

Le bruit des outils qui s'entrechoquent, des voix qui crient des ordres avaient désormais cessé. C'était le calme total. Je resserrai d'avantage la main de Carl qui passa son bras derrière mon épaule.
Denise poussa la porte d'une main qui tenait encore un chiffon ensanglanté, et s'essuya le front en s'avançant vers moi.

-Alors ? Demandai-je en me relevant.
Ses yeux fixaient un point invisible sur le sol, elle prit une longue inspiration et releva enfin son regard vers moi :

-J'ai fait tout ce que j'ai pu mais...
-S'il te plaît épargne moi ce genre de condoléances, dit moi juste si il va bien ?
-Je...
-Est-ce qu'il va bien !? Denise je t'en supplie dis moi qu'il va bien..
-Sarah... Il n'a pas survécu. La balle a... perforée un poumon et on...

Je m'effrondrai sur le sol avant qu'elle n'ai pu continuer tant mon coeur se serra dans ma poitrine. J'ouvris la bouche et un son aigüe transpersa le silence, presque inaudible.
-Non ! Non...
Le sol commença à flotter, j'accrochai mes ongles sur le parquet pour garder l'équilibre. Je gardais les yeux fermés, comme pour me persuader que tout celà n'était qu'un vulgaire cauchemar, sauf que je ne me réveillais jamais.

Enzo ne se réveillera jamais.
Pas le Enzo que je connais.

Je voulais juste mourir.

La tension s'apaisa au fur et à mesure que des personnes quittaient la pièce, mais l'air me venait toujours plus etouffant. Il ne restait finalement que Denise, Rick et Carl dans la pièce. Je pleurais à présent en silence, je n'avais plus la force de me battre.

-Je vais le faire, me dit doucement Rick.
Comprenant de quoi il voulait parler, j'acquescai doucement de la tête; j'aurais été incapable de faire un mouvement.

Rick s'éclipsa dans l'autre pièce, dégainant son couteau avant de tourner la poignée.
Cette vision me brisa, je m'accroupissai et plongeai ma tête entre mes genoux, puis je me balançais d'avant en arrière.
Plus rien n'avait d'importance.

Je n'y arrive jamais Hayden, jamais...

▪ Fuir ne vous sauvera pas ▪ Carl GrimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant