26. Limits

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La vie est un long chemin dont on ne connaît pas le bout. J'en ai fait les frais parfois, en me trompant de route.
Je me suis retournée quelques fois, pour observer mon avancé, mais il n'y avait rien, juste une brume épaisse et froide. Car il est tout simplement impossible de faire demi tour. On avance, on rencontre, on vit, on découvre, tout sur le moment, car la vie est faite ainsi, on pense la maîtriser alors que l'on est un des pions de son échiquier.

*

Un souffle chaud au creux de ma nuque. J'émanai du sommeil en reprenant peu à peu possession de mes sens, sentant une main me tenir tendrement par le ventre.
Je n'avais aucune envie de bouger, je sentais le besoin d'étirer mes muscles engroudis mais j'avais peur que Carl ne se réveille et que l'on mette court à ce moment.
Je décidai alors de ne pas bouger, jouant du bout des doigts avec la main qui me tenait, passant de ses phalanges à sa paume, de sa paume au bout de ses doigts.
Ma caresse lui fit ouvrir un oeil, je le compris lorsque je le sentis sourire contre mon cou.
-Salut, chuchota t-il finalement, la voix encore un peu rauque.
-Hey, souris-je.

Je pus enfin m'étirer mais le léger drap glissa le long de ma peau, laissant ma blessure par balle apparente. Carl soupira et s'allongea sur le dos.
Je tortillai nerveusement le drap, je savais que lorsqu'il était comme ça, quelque chose n'allait pas.
-Il t'as fait du mal ? Demanda Carl sur un ton glacial.
Je me retournai vers lui, m'appuyant sur un coude :

-Pas comme tu le crois, précisai-je.

Il se mordit les lèvres en secouant la tête, pas totalement convaincu.
-Pas comme tu le crois, je te le promets, répétai-je.

Il soupira plusieurs fois, immobile, puis son visage s'éclaira enfin. Il continua de fixer le plafond, la paume de sa main sur le front, un léger sourire au coin des lèvres.
-Tu crois... qu'on nous a entendu ?
Je me laissai tomber sur le lit, laissant échapper un petit rire que j'etouffai rapidement avec ma main.
-Je ne sais pas, dis-je en hoquetant. Enfin, je n'espère pas.
Carl me prit la main lorsque je tentais d'attraper mon tee-shirt pour m'habiller. On rit une deuxième fois puis il me délivra enfin.

-Je vais aller voir Judith, tu as quelque chose à faire ? Me demanda t-il.
-Je vais essayer de trouver Enzo, je ne l'ai même pas encore remercié.
Il haussa les sourcils, faisant la moue.
-Quoi ? Prononcai-je en m'éternisant sur ce petit mot.
-Ça marche, soupira t-il.
Il me sourit une nouvelle fois et mon coeur gonfla dans ma poitrine, si fort qu'un sourire apparut également sur mon visage.
Ce regard n'était que pour moi.

La journée s'annonçait belle, mais je savais que tôt ou tard le nuage Camille Mélina et Mathieu referait bientôt surface.
Et bien plus tôt que je ne le pensais.

Alors que j'érrais dans les rues désertes et illuminées du quartier à la recherche d'Enzo, une figure noire, semblant porter les remords du monde sur les épaules se balançait sur ses deux pieds, frappant un gravier de temps à autre.
L'ombre leva les yeux vers moi, fourrant ses mains dans les poches de son pantalon.

J'enjambai rapidement les parterres de fleurs pour la rejoindre, mais à chaque pas de plus une rancoeur sourde emplissait mes poumons.
Ils t'ont abandonné, ils t'ont abandonné...
J'avançais encore, ralentissant cette fois.
Et même quand ils sont rentrés, ils n'auraient pas dit où tu étais...
Je m'immobilisai complètement, le dégoût prenant entièrement contrôle de mon corps.

Je détournai les talons dans l'espoir de repartir au plus vite, mais sa voix désespérée prononca mon nom, si doucement d'abord que je crus l'avoir rêvé.
Puis elle le répéta, elle le cria.

-Attends s'il te plaît ! Supplia Mathieu en se rapprochant un peu plus de moi.
Il arriva à ma hauteur et prit position devant moi, mais ne put me regarder dans les yeux.
-Je suis... Je suis sincèrement désolé. On a tous merdé je le reconnais. Je voulais juste nous sortir de là.
-Si tu n'avais rien fait j'aurais pu très bien réussir, rétorquai-je.
-Mais tu es une fil...
Il dû comprendre que je lui jetai un regard noir puisqu'il releva rapidement les yeux vers moi, rebaissant la tête ensuite.
-Mathieu, ce n'est pas parce que tu avais dans l'idée de me draguer au début, ni que tu voulais montrer ta force surhumaine à tout le monde que mon avis va changer. Tu n'avais aucune capacité de défense et tu t'es jeté sur le danger sans réfléchir, tu n'as pas hésité à m'abandonner alors qu'on t'avait aidé quand toi tu étais mal. Et même quand tu étais en sécurité à la ville, quand tout ce que tu avais à faire c'était dire ce qu'il s'était passé et où j'étais, là encore tu n'as rien dit. Si Enzo n'avait pas été là pour te soutirer les informations, je serai morte à l'heure qu'il est, terminai-je sèchement.
Voilà, c'était dit. Je ne pouvais garder plus longtemps le mépris que je lui portais, et l'accumulation qui s'en était suivi au vue de la procession d'événements.
-Comment ça Enzo ? questionna t-il une expression incrédule collé sur le visage.
Cette question n'aurait pas dû m'interpeller, il essayait seulement de se défiler face à tout ce que je lui avais dit, pourtant une petite voix au coin de ma tête me conseilla de ne pas la laisser fuir.

-Quoi ? Demandai-je sur un ton qui se voulait neutre.
-Pourquoi tu dis qu'Enzo m'as soutiré des informations ?
-Parce que c'est ce qu'il a fait la dernière fois, pour me retrouver ensuite, m'énervai-je.
-Quand on rentré à Alexandria ?
-Oui, le coupai-je.
-Je ne lui ai même pas parlé.
-Qu'est-ce que tu racontes !
-On est arrivé en courant, Deanna et Rick sont venus à nous. J'étais un peu chamboulé pour répondre à leurs questions. Mélina pleurait, et après plusieurs minutes, Camille a commencé à s'effondrer en larmes, ne faisant que répéter "Sarah est en danger, on l'a laissé. Mon dieu on l'a laissé. La forêt... dans la forêt. On l'a laissé."
Elle n'a eu qu'à le dire une fois pour qu'Enzo sorte un flingue et se barre en courant de la ville.
Rick et Daryl se sont regardés puis ils l'ont suivi. Je n'en sais pas plus.
-Tu n'as pas parlé à Enzo ?
-Non, et personne ne l'a fait.
Me voyant perdue, un rictus fendit son visage, si bien que mon envie de lui mettre mon poing dans la figure refit rapidement surface.
-On te cache des choses à ce que je vois, mais je peux te l'assurer, je serai toujours sincère avec toi, déclara t-il sur un ton mielleux.
-Non toi tu es un lâche.
Je me dégageai de la main qu'il avait posé sur mon épaule et repartis en courant, n'ayant aucune idée de où aller, ou de quoi faire.
Comment Enzo a t-il pu savoir où j'étais ?....

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Que pensez-vous de ce qu'a dit Mathieu ? Vous le croyez ?
Et Enzo ment-il ?

▪ Fuir ne vous sauvera pas ▪ Carl GrimesOù les histoires vivent. Découvrez maintenant